Troubles à Paris [Message Unique]

Samedi, 22h49. Paris, 12ème arrondissement.

Ils étaient prêts. Ils n'avaient plus qu'à attendre. A attendre qu'il se montre, et à l'attraper. Cette fois, il ne s'échapperait pas. Qui, il ? Celui qui se prenait pour un vampire pour attaquer des personnes sans défenses !

Comme chaque samedi, Céleste sortit de chez elle habillée tout en noir. Un legging, un sous-pull, des gants, des baskets noires, ainsi qu'un bonnet caché dans sa poche. Ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval. Ses yeux brillaient, ils viraient peu à peu au rouge, depuis ce matin. Une semaine. Ses yeux restaient gris une semaine. Toutes les semaines, elle devait boire. Si elle ne le faisait pas, elle aurait beaucoup de mal à se contrôler face à la table d'opération. Et ce n'était pas le moment de perdre contrôle. Elle savait qu'en ce moment même, la police la pourchassait. Mais elle était obligée de le faire.

Céleste regarda l'heure sur sa nouvelle montre. En argent, elle lui avait coûté cher. Mais elle pouvait se le permettre, avec son salaire qui lui permettait une vie tranquille. Encore quelques années, et elle deviendrait chirurgienne, et mènerait une vie aisée. Avec qui ? Ca, elle se le demandait vraiment. Il n'y avait personne dans sa vie. Elle vivait seule dans un grand appartement de Paris. Et c'était tant mieux. Comment pourrait-elle supporter de vivre avec quelqu'un qu'elle aime et qui à tout moment pouvait se couper ne serait-ce qu'avec une feuille ? Impossible. Pas maintenant.

Maintenant, là, tout de suite, ce qu'elle devait faire, c'était chasser. Traquer. Manger ? Elle n'aimait aucun de ces verbes, mais c'était la réalité. Elle se nourrissait d'autres humains. A force, elle s'y était faite, mais bon. Des animaux, elle n'avait jamais tenté, et il y en a moins que les humains, par ici. Et puis, ça serrait pire, avec les associations de protections des animaux. Autant chasser l'Homme. La police est moins chiante.

La vampire s'engouffra dans sa nouvelle voiture, une Sirocco. Elle démara le moteur, puis prit quelques ruelles sombres. A un moment, elle se garra, et mit son bonnet noir sur sa tête, pour cacher ses cheveux. Elle utilisa sa rapidité pour sillonner les environs, et trouver l'endroit où guetter. Finalement, elle trouva l'endroit parfait. Enfin, elle avait trouvé mieux, mais c'était très bien. Il fallait maintenant attendre, malgré la fraîcheur du soir.

Céleste observait la rue depuis sa cachette. Elle s'était tout simplement réfugiée dans le hall d'un immeuble sombre, attendant une victime. Au début, il y avait plusieurs personnes, ce n'était pas vraiment pratique. Il fallait attendre plus tard. Elle ne cessait d'expier sa montre. Mais elle était patiente. Le moment viendra. Elle le savait. Inévitable.

Minuit approché, il faisait sombre. Céleste gardait son tissu dans sa main. Le même que pour tous les autres. Finalement, une ombre à peine perceptible se détacha du reste du décor. C'était une femme, apparemment pressée. Elle ne cessait de regarder derrière elle, soucieuse. Peut-être qu'à cet instant songeait-elle "Je risque de tomber sur ce vampire !". Elle n'avait pas tord de penser ceci. Car elle s'approchait de sa peur. Même malgré cela, la vampire était obligée d'attaquer. Obligée. C'était une question de vie, ou de mort. Pour ses patients, bien sûr.
Elle approchait.

Alors, Céleste fit ce qu'elle devait faire.
D'une rapidité inhumaine, elle sortit de sa cachette.
Elle fonça sur sa proie
La femme ne la vit pas venir.
Sa main se posa sur sa bouche.
Ses canines enfoncées dans sa chair.
Le liquide coulant dans sa bouche.
Le sang.

Et puis, tout s’enchaîna très vite. Céleste s'abreuvait en empêchant la femme de crier, alors qu'elle entendait des bruits de pas précipités. Un piège !
"Relâchez la, et rendez vous. Il ne vous sera fait aucun mal."

La police, bien sûr. Elle aurait dû s'en douter. Leurs armes étaient pointées vers elle. Elle but une dernière gorgée du sang qui n'était pas si formidable, et lécha le cou, empêchant le sang de tâcher les vêtements de la femme. De ce contact, elle referma la morsure, et garda la tête cachée. Doucement, elle enleva sa main de la bouche de la femme, et la relâcha. Celle-ci s'enfuit vers les policiers, tandis que Céleste gardait la tête baissée. Il ne fallait pas découvrir son visage. Du coin de l'oeil, elle observait son échappatoire. Alors que les hommes s'approchaient, elle prit la fuite. Bien sûr, ils ne la virent pas courir. Les deux hommes à côté desquelles elle passa virent un bref mouvement vers eux, mais impossible d'agir. Elle courrut à en perdre haleine loin d'eux.

La police avait perdu sa trace. Et c'était mieux ainsi. La vampire rentra chez elle avec sa nouvelle voiture, secouée. Si ça continuait ainsi, elle finirait par se faire attraper. Ils découvriront l'existence des vampires, et peut-être feront-ils des recherches sur elle. Rien que d'y penser, Céleste ravala difficilement. Bien qu'ils la surnommaient ainsi, dans les médias -"Le vampire du Soir"-, il ne fallait pas qu'ils découvrent sa nature. Elle était persuadée qu'ailleurs, il y en avait d'autres comme elle. Mais elle, elle était jeune, impulsive, pour un vampire. Elle avait besoin de ce sang toutes les semaines.
Même si cela devait vouloir dire de certifier l'existence des vampires au monde entier.

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