diamons are girl's best friends ❞ (aeliger)

The Bitch Queen & the Fairy.

Ce jour-ci, Ginger Rëd Topaz fit la promesse de ne jamais devenir maman.
Bon en soit, il fallait déjà trouver un papa, mais avec les prouesses technologiques de nos jours, il était assez facile de pondre un gosse en se faisant simplement injecter « la petite graine » par le biais d’une seringue (et ne parlons même pas de la procréation divine, Zeus avait tout de même fécondé Danaé, la mère de Persée, sous la forme d’une pluie d’or !). Mais même ça, la petite fée se jura de ne jamais essayer, que ce soit maintenant ou dans trente ans, ou à n’importe quel autre moment de sa vie.

Pourquoi une telle décision, aussi soudaine que surprenante de la part de Ginger qui ne pensait habituellement pas à ces choses là ? Pour la simple et bonne raison qu’elle rentrait de la plus longue séance de baby-sitting de sa vie.
Que les choses soient claires : Gin adorait Wendy, la petite dont elle s’occupait à l’occasion. Cette gamine était à la fois hilarante et adorable, au point d’avoir réussi à fendiller le cœur de pierre de la petite fée. D’ailleurs, cette dernière n’aurait jamais proposé à Orion de garder sa petite sœur si cela n’avait pas été le cas.
Oui mais voilà, Wendy était aussi une gosse assez remuante. Et si s’occuper d’elle pendant deux ou trois heures était largement faisable, il n’en allait pas de même quand il fallait la garder le temps d’une journée. Or, c’était ce qui était arrivé ce jour là.

Il était dix-sept heures, et Ginger venait de confier la petite à Vénus, l’aînée de la fratrie Firewind qui était enfin rentrée. Elle était assez fatiguée et ne se sentait vraiment pas d’attaque à affronter l’humeur changeante d’Elliot une fois à la maison. C’est pourquoi, alors qu’elle rentrait en traînant la patte, un large sourire amusé se dessina sur son visage lorsqu’elle reçut le sms d’Aelicya.
Aelicya. Si on avait dit un jour à Ginger qu’elle se lierait d’amitié avec une fille pareille, la fée aurait très probablement éclaté de rire au nez de son interlocuteur. Tout semblait opposer les deux jeunes filles : l’une était une grande et belle vampire, dont le goût pour les jolies choses n’était inconnu de personne, tandis que la seconde était… ben c’était Ginger quoi. Et pourtant, elle l’aimait bien la Pouffe Ière du nom, comme elle aimait l’appeler. Qu’on ne lui demande pas pourquoi elle l’aimait bien d’ailleurs, Ginger faisait partie de cette catégorie de personnes qui ne se posent pas de questions, et qui agissent, tout simplement.

Le choix qui s’imposait alors à elle avait été assez simple : rentrer à la maison et s’engueuler -encore et toujours- avec le fils d’Hermès, ou s’organiser une pyjama-party à l’arrache chez son amie. Est-il vraiment nécessaire de préciser quelle fut la décision de la brunette ?
Ginger fit donc volte-face afin de se diriger vers la résidence de la vampire. Elle tapa le code d’entrée à l’interphone -code qu’elle avait fini par connaître par cœur- et grimpa les escaliers jusqu’au dernier étage -en volant please. Oui c’était débile de sa part de ne pas prendre l’ascenseur alors qu’elle était déjà crevée, mais il faut savoir que la dernière fois qu’elle l’avait utilisé, elle s’était retrouvée coincée entre quatre murs en compagnie d’un résident accompagné d’un chien presque aussi grand qu’elle qui lui avait bavé sur l’épaule, et elle préférait nettement se taper tous les étages à pied -ou à ailes- plutôt que de risquer de se retrouver à nouveau dans un situation pareille.
Une fois arrivée à destination, elle tourna la poignée de la porte massive -celle-ci était n’était pas fermée à clé- et entra.

« C’est moi ! »

Elle s’avança dans l’appartement en remarquant au passage les énormes paquets qui jonchaient le sol et qui annonçaient d’ors et déjà la couleur concernant l’activité qui les occuperait le reste de la journée. Puis elle s’arrêta dans le salon et posa son regard sur Aelicya qui venait d’éteindre la télé et qui quittait la terrasse pour la rejoindre à l’intérieur.

« -Je pensais pas que tu rappliquerais si tôt.

-Ouais, prends ça comme un honneur, c’est très rare que je me bouge autant pour quelqu’un, répliqua la brunette avec un sourire moqueur.

-J'espère que t'es en forme. J'ai pas mal de vêtements à te faire essayer, pour que tu vois. Ils sont à moi, j'espère qu'ils ne seront pas trop... serrés.

-HAHAHA, fit Ginger en détachant lentement chaque syllabe afin de bien faire ressortir tout le sarcasme dont elle voulait faire preuve, c’que j’me marre sérieux, j’en ai mal au ventre, t’es une vraie comique toi ! »

Entre les deux jeunes filles, c’était toujours comme ça. Des piques, des petites insultes, mais jamais vraiment pensées et toujours dites sur le ton de l’humour et de la bonne entente. C’est bien à ça que l’on reconnait les gens proches d’ailleurs non ?

« Bon, soupira la fée, je suppose que le programme de la soirée ne va pas être film à l’eau de rose + gâteaux au chocolat, alors je te propose de vite choisir à quelle sauce tu veux me cuisiner -elle désigna alors les sacs de shopping d’un geste vague- et on s’y met vite, ok ? »

Ginger avait bien remarqué le regard qu’avait posé son amie sur elle, celui qui signifiait « toi cocotte, tu vas pas rester très longtemps dans ces fringues là. »
Mais en soi, même si elle n'avait pas l'air ultra ravie, la brunette n’avait rien contre l’idée d’une bonne vieille séance d’essayage. Sauf si Aelicya avait dans l’idée d’utiliser un recourbe-cil sur elle. Si c’est le cas, il y aura des morts…

The Bitch Queen & the Fairy.

Ginger avait été bien naïve de s’imaginer qu’Aelicya commencerait cette séance relooking de façon plus ou moins modérée. Tellement naïve…
Pourtant, connaissant le caractère volcanique de la vampire, la fée aurait du se méfier et se préparer psychologiquement. Mais voilà, ce n’était pas le cas…

« Eh ben. Y a du boulot » fit Aelicya en examinant Ginger sous toutes les coutures avant de partir en exploration de son dressing.

Il est vrai que la brunette ne faisait jamais spécialement attention à ses vêtements. Elle ne portait que des fringues qu’elle aimait, certes, mais l’association des couleurs et des motifs, tout ce bordel lui passait un peu au-dessus des antennes. M’enfin, dans l’ensemble, ses tenues collaient bien au reste de son corps : colorées, dépareillées et improbables.
Aelicya revint avec les bras chargés de vêtements dont Ginger ne voulait pas savoir le coût au risque de frôler l’infarctus.

« -Bon. Déjà tu vas commencer par m'enlever ces espèces de trucs dégueu' que t'oses appeler "vêtements".

-Qu’est-ce qu’il y a Bubblegum ? T’as un problème avec les tee-shirts avec des canards imprimés ? » rétorqua Ginger avec un sourire éminemment provocateur destiné à exaspérer un peu plus la fashionista.

Elle se déshabilla sans le moindre soupçon de gêne et attendit en sous-vêtement qu’Aelicya se décide. Celle-ci lui tendit une poignée de fringue, et fit un commentaire sur les cheveux de Ginger (cheveux que cette dernière songeait sérieusement à couper de moitié au moins, tant leur longueur devenait difficilement vivable pour la demoiselle qui se les coinçait trop souvent).
Ginger regarda alors les vêtements qu’elle tenait en main et mit plusieurs secondes à réaliser qu’Aelicya voulait la voir porter un tee-shirt laissant voir son nombril. SON NOMBRIL.
Mais était-elle seulement au courant que c’est la meilleure façon de se choper la crève du siècle ? Apparemment, tomber malade n’était pas le souci le plus important d’Aelicya.

Ginger soupira et enfila ses fringues comme on passe une corde au coup d’un condamné à mort. Le tee-shirt lui allait plutôt bien -le petit 85A de la fée ne comblant pas suffisamment le vêtement, celui-ci couvrait plus de ventre qu’elle ne l’aurait cru. La jupe aussi lui allait bien. Ginger s’était presque surprise à apprécier la forme du vêtement qui n’était pas trop serré, ni trop long. Mais elle faillit s’étrangler quand elle vit Aelicya revenir avec une paire d’échasse rouge pétant. Elle jeta un regard paniqué à la vampire, celui qui voulait dire « omg non pitié pas ça » mais celle-ci avait toujours été intransigeante sur le sujet et Ginger du se résoudre à essayer ce qu’elle avait surnommé Les instruments de torture de Satan.

Aelicya s’en alla s’installer sur le canapé, laissant la fée dans son désarroi. Précautionneusement, elle mit un pied dans une chaussure, et faillit se vautrer en enfilant la deuxième. Elle n’avait pas fait un pas qu’elle manquait déjà de tomber. Ginger restait donc là, à demi courbée pour être moins éloignée du sol en cas de chute, et se tourna très lentement devant sa mentor de féminité imposée.

Elle voulait du rêve, elle était servie. Si la fée était mieux habillée que d’habitude, elle se tenait tellement mal sur ses talons que le tout était assez risible. Toujours aussi mal à l’aise, elle jeta un regard suppliant à Aelicya.

« Pitié, fais moi descendre de ces trucs. »

The Bitch Queen & the Fairy.

Ginger n’aimait pas qu’on lui fasse des remarques sur sa taille car elle n’aimait pas qu’on lui fasse des remarques tout court -son mètre cinquante-six, elle l’assumait totalement (oui, elle avait grandi de trois centimètres depuis son arrivée sur l’île !) Mais tout de suite, elle aurait tout fait pour qu’on l’attrape sous les bras comme on fait pour soulever un enfant et qu’on la débarrasse de ces échasses qui la menaçaient de se dérober à chaque pas. Aussi, elle eu un faux espoir en voyant Aelicya s’approcher pour finalement se contenter de réajuster ses vêtements mal mis et lui faire la morale sur l’utilité de ces petits bijoux. Urg.

« -Ça ne se porte pas comme ça, déjà. Si tu savais t’habiller correctement t’aurais sûrement trouvé un mec.

-Pff, n’importe quoi ! Fit Ginger en soufflant sur sa mèche. Pour que j’ai un copain, faudrait d’abord que je rencontre des gars sympa, pas des psychopathes chelous. »

Genre Abiel. Et Heylin. Et Amelëyr. Et Hydra. Sans parler d’Elliot (bah ouais, dans l’hypothèse où le fils d’Hermès n’avait pas été un gros crevard, il aurait fallut qu’il ne soit pas gay pour qu’une quelconque relation puisse démarrer donc il était hors-course).
Bon, la fée devait quand même avouer que sur tous les mecs qu’elle avait rencontré jusqu’alors, elle n’était pas tombée que sur des mauvais gars. Il y avait Coban par exemple, son compagnon de galère et de beuverie d’un jour. Mais Coban, c’était son larbin, et on ne se met pas en couple avec son larbin sinon on perd toute autorité. Et pour Ginger qui se fait persécuter non-stop, avoir un larbin, c’est ultra important. Donc voilà, pas de Cobinger.
Ensuite il y avait Orion, qui devait être son seul vrai ami masculin du moment. Premièrement, Ginger ne se sentait pas de sortir avec lui car ça lui paraissait vraiment trop bizarre vu qu’Orion, ben c’était son pote, mais aussi parce qu’elle était la baby-sitter de sa sœur. Et c’est grave cliché de sortir avec la baby-sitter de sa sœur. Donc pas de OriGin non plus.

Enfin, revenons-en aux faits. Aelicya entreprit donc de réajuster les vêtement de Ginger. La brunette n’avait pas l’œil assez expérimenté pour voir la différence, mais elle faisait confiance aux goûts de la vampire et se laissa faire sans trop opposer de résistance. Après tout, au point où elle en était, elle pouvait bien la laisser s’amuser à la pouponner comme une poupée si cela lui chantait. Dans un sens, Aelicya était plutôt chanceuse d’être l’une des seules -voire LA seule- à pouvoir faire autant de choses à Ginger avec son accord. Généralement, la fée n’était d’accord avec rien ni personne, et ne se laissait pas faire -enfin, physiquement si vu que Gin a autant de force qu’un moucheron malade, mais elle ne se privait jamais de faire entendre à quiconque avait des oreilles qu’elle n’approuvait rien. D’ailleurs, elle était aussi la seule à avoir le privilège de voir Ginger habillée de façon glamour pour reprendre les termes de la vampire. Les autres avaient généralement droit à ses tee-shirts trop grands et ses shorts usés jusqu’à la corde.

Aelicya recula et jugea son œuvre du regard. Elle sembla satisfaite du travail effectué car elle n’insista pas plus. Très profondément, Ginger l’en remercia beaucoup.

« Au fait, je t’ai pas demandé, mais tu veux peut-être quelque chose à boire ? Un truc fort ? Du vin ? un soda ? »

Ginger qui savait parfaitement reconnaître la moindre trace d’ironie dans une phrase sentit bien que son amie ne s’attendait pas à ce qu’elle ne prenne pas d’alcool. Et elle avait bien raison.
La fée haussa les épaules et afficha un petit air espiègle qui lui était familier.

« Pourquoi pas les deux ? Je sais pas pour toi, mais j’adore le whiskey-coca. Et si t’as de quoi grignoter je t’embrasse. »

Sur ces mots, Ginger s’envola -en se glissant hors des talons aiguilles- et alla s’installer en tailleur sur la canapé moelleux d’Aelicya, l’enjoignant de prendre place à ses côtés.

« Bon, c’est quoi la prochaine étape d’une soirée entre filles, demanda la fée à la vampire, parler de garçons ? Regarder un film romantique bien nul ? »

Ginger n’ayant jamais eu d’amie fille avec qui partager de tels moments jusqu’alors, elle se faisait une idée assez stéréotypée de ce genre de soirée. Mais ce n’est pas sa faute, ne lui en voulez pas.

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Ginger n’était qu’à moitié sérieuse quand elle lança cette remarque. Certes elle n’avait jamais expérimenté de telles soirées improvisées et ne savait pas tellement quoi faire en ce genre d’occasions. Néanmoins elle se doutait bien qu’avec Aelicya, nul besoin de faire dans le cliché, le naturel leur convenait très bien. Et puis après tout, Ginger et les clichés, ça a toujours fait deux…
Cependant, elle se demanda si elle avait bien fait de poser cette question quand elle vit son amie tiquer à l’entente de cette phrase.
Contrairement à ce que certains pensaient, le petite fée avait un certain instinct pour déceler les tics chez les gens qu’elle connaissait bien. Et Aelicya avait eu ce petit tressautement de sourcil qui indiquait qu’un point sensible avait peut-être été touché. Dans l’attente de sa réponse, Ginger se mordilla la lèvre, un peu anxieuse.

« Ah ? Parce que t'as des trucs à raconter au sujet des mecs peut-être ? Tu veux mon avis ? »

De l’ironie. Bien. Elle n’avait pas commis de boulette si énorme finalement.
Elle ricana tandis qu’Aelicya reprit :

« -Franchement, être toute seule c'est mieux. C'est une galère d'avoir un mec.

-C’est exactement ce que je pense ! s’écria la brune en prenant garde à ne pas renverser sa boisson sur le luxueux canapé. Le célibat, c’est super cool, pourquoi tout le monde me regarde bizarrement quand je dis ça d’habitude ? »

C’est vrai ça pourquoi ? Les nonnes qui veulent être célibataires toute leur vie, on ne les embêtait jamais, alors pourquoi Ginger se faisait charrier sur ce sujet ? De plus elle n’avait que dix-sept ans, elle avait le temps de se trouver un prince charmant -si tant est qu’elle s’y intéresse un jour.
La fée observa la vampire. Elle s’était toujours imaginée qu’Aelicya avait des tonnes de garçons à ses pieds et qu’elle était en couple, et tout ça. Apparemment, elle s’était trompée. Ceci dit, il est vrai que la jeune femme lui avait souvent donné l’impression de ne vouloir s’attacher à personne. Une sacrée différence avec la brune qui ne pensait pas spécialement à ces choses là. Quand elle s’attache à quelqu’un -même si c’est rare- elle ne se force pas à limiter son enthousiasme. Peut-être était-elle un peu trop simple pour ça ?

« T'es déjà tombée amoureuse toi ? »

La question qui pourrait en fâcher certains. Ginger sentait qu’on faisait dévier la conversation vers elle, et non vers Aelicya qui devait pourtant avoir plus de choses à dire à ce sujet. Elle ne s’en formalisa pourtant pas, consciente du malaise ambiant. Et puis elle n’avait rien à cacher donc autant la jouer franche.

« Si c'est le cas, je me demande bien à quoi ressemblait le type en question. Ça te ressemblerait tellement pas. »

Ginger ricana à nouveau.

« Je me le demande aussi tiens. Mais comme tu t’en doutes, si clairvoyante que tu es -elle tentait également d’alléger l’atmosphère- la réponse est non. J’aime personne, personne ne m’aime, tout va bien. »

Elle porta son verre à ses lèvres et en bu une longue gorgée, organisant un peu ses pensées. Elle aimait bien Aelicya, et il est vrai qu’elle hésitait à lui demander « Et toi ? ». Mais elle ne le fit pas, de peur de plomber l’ambiance et de la mettre mal encore une fois. Le comportement de la fée variait vraiment selon les personnes, comme quoi, elle était facilement influençable mine de rien. Avec Elliot ou Orion par exemple -ou même Coban tiens- elle ne se serait pas gênée de leur demander.

Elle souffla, bu à nouveau et esquissa une sourire narquois.

« De toute façon, même si j’avais un copain, j’en connais un qui serait susceptible de me le piquer. Et se faire piquer son mec par Elliot, j’imagine que ça craint sévère. »

Intérieurement, elle eut une petite pensée -pensée un peu moqueuse d’ailleurs- pour toute les filles qui s’étaient un jour retrouvées dans cette situation.

The Bitch Queen & the Fairy.

L’atmosphère s’était détendue, le sujet de conversation redevenait plus léger. D’un côté c’était un peu triste que les deux jeunes filles ne se sentent pas assez à l’aise pour se livrer leur plus profondes pensées, mais au fond, cela voulait simplement dire qu’elles n’étaient pas faites pour être la confidente de l’une et de l’autre. C’est ainsi, ça n’a pas beaucoup d’importance, et tant qu’elles appréciaient passer un peu temps en leurs compagnies respectives, au fond, il n’y avait pas vraiment de problème. C’était moins de l’hypocrisie que de la pudeur en toute franchise.

« -Parce que tu l'aurais laissé faire ? Je te savais pas si peu téméraire.

-Non, le truc c’est plutôt que quiconque se tape Elliot n’est pas digne de moi, rétorqua la fée avec un tranchant qui témoignait bien de l’horreur que cette idée pouvait lui inspirer. »

Voyant Aelicya se lever, cigarette en main, elle fit de même et la suivit sur la terrasse. Tandis que la vampire s’était directement installée sur une des deux chaises longues entreposées à l’extérieur, Ginger pris quelques secondes pour s’approcher du rebord et, croisant ses coudes dessus, le menton dans les bras, observer la vue qui s’étendait sous son regard.
Elle était habituée au panorama de Skyworld depuis qu’elle créchait chez le fils d’Hermès, donc elle n’était pas vraiment émerveillée par le paysage ; néanmoins, il restait amusant d’observer la ville sous un nouvel angle. Une fois ses pupilles rassasiées, elle alla prendre place aux côtés d’Aelicya qui se tourna vers elle.

« T'es déjà... sorti avec quelqu'un quand même ? Ou même pas ? »

Ginger haussa un sourcil et esquissa un sourcil amusé avant de hocher la tête positivement.

« Quoi c’est si choquant que ça ? Avoir quelqu’un c’est une étape d’initiation si importante que ça, dans la vie ? »

Honnêtement, elle pensait qu’elle avait tout le temps pour trouver un copain. Quoique non, elle n’y pensait pas tout court, car ce genre de questions existentielles lui hérissait les antennes plutôt qu’autre chose. Il faut dire que la petite fée était un peu une dégoûtée de l’amour. Sa mère étant une espèce d’hystérique qui vivait éternellement le mouvement hippie de mai 1968, elle prônait l’amour libre et ramenait beaucoup d’hommes à la maison à l’époque où Ginger n’avait pas encore ses caractéristiques féeriques. Et quand ceux-ci étaient apparus, faute de pouvoir ramener ses conquêtes à la maison pour cette raison, sa mère désertait régulièrement pour aller chez les dits hommes. Pas que cette absence répétée l’ai vraiment peinée, mais Ginger avait bien vu l’impact de « l’amour » sur sa génitrice qui semblait devenir un peu plus gaga chaque fois qu’elle tombait amoureuse.
Et ça ne la transcendait franchement pas plus que ça.

Sauf qu’apparemment, Aelicya n’avait pas exactement la même opinion que la fée à ce sujet -comme pour beaucoup d’autres choses d’ailleurs- car elle enchaîna presque aussitôt avec un sourire amusé :

« Sinon on va en boîte et je te donne un cours de pratique. »

Il suffisait de voir sa tête pour se rendre compte qu’elle jubilait. Et même si Ginger s’était jetée à ses pieds pour la supplier de ne pas l’y emmener -ce qu’elle n’aurait pas fait de toute façon- elle l’aurait probablement ignorée, trop décidée à faire d’elle une lady.

La réaction de Ginger fut donc celle-ci : après avoir écarquillé des yeux gros comme des soucoupes, et ravalé un boule de stress qui alla se loger dans son estomac, elle fit la seule chose qui lui donnerait assez de courage pour affronter cette nouvelle épreuve.
Elle termina son whiskey-coca d’une traite.