L
e sucre, c'était mal. C'était l'une des treize tentations maudites par Satan lui-même pour faire tomber le monde dans la déchéance. Il était là pour tenter les pauvres mortels que nous étions afin de nous trouer les dents de caries, nous bourrer de cholestérols et nous foutre en surpoids. Et pour se faire, il prenait de multiples formes le fourbe. Caramel. Chocolat. Sucette. Et j'en passe et des meilleurs. Bref, le sucre, c'était le mal.
Mais cela n'empêchait pas Ashura, goinfre de son état, de baver allègrement devant la vitrine d'un petit salon de thé de Skyworld. Quelle idée aussi de passer par là lorsque sonnait seize heure à la cloche de l'église ? Elle avait faim la jeune femme. Très faim. Grave faim. Et la bâtisse aux portes en forme de tablette de chocolat lui tendait les bras. Des portes en forme de tablette de chocolat quoi !! Ça devait être un signe. Un signe pour qu'elle rentre à l'intérieur pour rassasier l'estomac qui lui servait aussi de deuxième cerveau. Deuxième cerveau qui primait actuellement sur le premier.
Mais la jeune femme hésitait tout de même. Fait rare, notons-le. En temps normal elle aurait sauté sur la première serveuse qui lui tombait sous la main pour passer commande et accessoirement peut-être la draguer. Ou la tripoter. C'était selon. Mais là on était pas en temps normal vous voyez. Non parce que sinon j'aurais pas fait ce paragraphe. L'heure était grave voyez-vous. Après des années à se faire sauvagement vider, le porte-monnaie d'Ashura était en rade. Eh oui. Il n'était malheureusement pas, semble-t-il, sans fond. Et si elle arrivait à le renflouer avec ce qu'elle gagnait au cirque et quelques billets arrachés sauvagement et au prix de longue bataille avec ses parents, elle devait tout de même faire attention.
Aussi se trouvait-elle face à ce terrible, que dis-je, atroce dilemme. Entrer dans ce salon de thé, céder à la tentation de ces douces petites pâtisseries qui n'attendait que sa faim vorace et rassasier son estomac sans fond au prix de la survie de son porte-monnaie ? Ou bien sauver ledit porte-monnaie d'une faim quasi certaine, rester dehors, renoncer à sa faim et gourmandise jusqu'au dîner ? Vraiment, cruel dilemme. Et c'est avec un soupire à en fendre les pierres qu'elle laissa son front aller frapper contre le vitre. La vie était injuste. Pourquoi l'argent de poussait-il pas sur les arbres ? Ce serait bien plus facile. Il suffirait d'aller le cueillir et puis de le dépenser. Mais non. L'argent ne poussait pas sur les arbres et Ashura n'avait toujours pas résolu son cruel dilemme. Raaaaah !
Se frappant légèrement contre la vitre, elle prit finalement sa décision. Tant pis pour le sucre, tant pis pour le porte-monnaie. La bouffe, c'était sacrée. Point. Se reculant de la vitrine et s'arrachant -difficilement- à la vue de toute ces merveilleuses pâtisseries, elle chercha une place du regard. Semblait-il que tout le bled s'était rassemblé en ce jour en cette heure puisque c'était bondé. Soudain ! Un miracle ! A son regard s'offrit une table, vierge de toute personne. Sans attendre, elle courus pour atteindre son saint-graal, peu importe qu'elle atterrisse à moitié allongée dessus. Cette tablé était à elle !
Mais alors qu'elle allait l'atteindre, une jeune fille entra dans son champ de vision. Jolie fille. Mignonne. Non Ashura ! Ne te détournes pas de ton objectif premier ! Assieds-toi à cette table !! Aller, encore quelques centimètres et c'était bon. Ashura s'affala brusquement et sans aucune grâce sur sa chaise tant convoité, manquant de tomber à la renverse avec elle et faisant trembler la table avec la même force qu'un séisme de magnitude treize. Mais qu'importe, l'objectif était atteint. Elle avait sa chaise.