I do not Know -Pv Lyvion

C'était impressionnant, la vitesse à laquelle une relation pouvait connaître des hauts et des bas ; il ne l'avait blessée que quelques minutes auparavant, pourtant elle riait désormais à une blague qui n'en était pas une.
Mais au-delà d'être surprenant, c'était surtout étrange. Pourquoi avait-elle si facilement prononcé ces mots de pardon ? Pourquoi tentait-elle de le rassurer, de le soulager ? Était-ce normal ? Le faisait-elle par amitié ? Elle avait pourtant tous les droits d'avoir une dent contre lui. Lyvion la savait en équilibre sur un fil, suspendue au-dessus d'un océan de doutes et de mystères la concernant. Il avait parfaitement conscience qu'elle était fragile, car en pleine construction – ou reconstruction après rasage, selon le point de vue – au-dessus d'un terrain hanté, dont les spectres la guettaient depuis le trou noir de ses souvenirs. Comment, en sâchant tout cela, avait-il pu être aussi irréfléchi ? Oui, Freya aurait parfaitement pu lui retirer sa confiance. Il l'aurait compris. Or elle ne l'avait pas fait, préférant rester en bons termes avec lui. Le jeune homme ne pensait pas que la malédiction du cirque avait quoi que ce soit à voir là-dedans ; c'était simplement la nature de la demoiselle. Et quelque part, dans un repli enfoui de sa part d'âme qu'il avait décidé de bannir, il lui en était reconnaissant.

Quoi qu'il en soit, une fois leur malentendu résolu, leur discussion était redevenue plus légère. Ils en venaient même à blaguer et à se lancer des vannes, tandis que Freya caressait doucement le fauve que le dompteur lui avait confié. Elle avait des gestes remplis d'une chaleur toute féminine, ainsi le petit devait-il instinctivement la considérer comme une alliée et non une ennemie, tout comme les parents d'ailleurs. La mère les observait depuis tout à l'heure, mais n'avait pour autant pas bronché quand son rejeton avait changé de bras. Peut-être que le pouvoir de Lyvion y était pour quelque chose, qu'il déteignait sur son amie, mais c'était impossible d'en être sûr.

Freya lui sourit, tout en assurant qu'elle avait simplement été surprise par son geste de tantôt. Sûr que celui-ci n'avait rien eu de prévisible, surtout venant d'un type pareil. Lui-même s'était surpris, en fait, pourtant il pensait bien se connaître. Quoi que, depuis un moment déjà, il était tiraillé par quelques soucis auxquels il n'était pa habitué et dont la nature lui échappait totalement. Quelque chose avait germé dans son cœur, une pousse jeune mais resplendissante qui ne disait encore rien à notre acajou, mais qui allait fleurir et occuper une place importante dans sa vie d'ici peu. Il fallait juste l'engrais adéquat. Mais je m'égare, hahem.
Elle lui avoua aussi adorer la manière dont il s'occupait des animaux, et sur ce point, on ne pouvait rien lui nier ; si Lyvion était un génie de l'emmerde, s'occuper des animaux était un domaine dans lequel il était tout autant – si ce n'était plus encore – doué. Et en plus il daignait y mettre un peu de volonté. Autant dire qu'avec lui, les animaux du cirque ne manquaient de rien, étaient chouchoutés même. Mais hé ! N'en profites pas pour te lancer des fleurs, Lyv ! (paiestonpersoenvahissant). Bon, mine de rien, ça faisait plaisir que quelqu'un reconnaisse la qualité de son travail, c'est pourquoi la jeune femme eut droit à un service spécial...

« Y'avait de quoi être surprise, en même temps... Et évidemment, qu'il va devenir comme son père, c'est moi qui m'occupe de lui j'te rappelle. » A ces mots il plaça les mains derrière la tête, en souriant avec fierté. « Mais merci de remarquer la qualité de mon travail. Tu te débrouilles pas mal non plus, en clown, on sent que tu y mets tu tiens. »

…. Oui, vous avez bien lu. Non seulement il a remercié Freya, mais en prime il lui a dit quelque chose qui, venant de lui, était un compliment. Bon c'était un peu dit en mode 'ouais je sais je suis le meilleur, allons toi aussi tu te débrouilles bien' (condescendant, lui ? Ça lui arrivait, mouais), mais c'était quand même dit. Sabrez le champomy, c'est la fête ce soir !... À moins que ce soit la fin du monde, mais dans ce cas aussi on devrait boire. Bref. Espérons que Freya ne sera pas trop choquée d'entendre cela. Il l'avait déjà bien surprise aujourd'hui, imaginez que ça s'accumule et qu'elle fasse une crise cardiaque ? M'enfin, dans tous les cas, elle pensait certainement que quelque chose ne tournait vraiment pas rond chez lui. Ou qu'il était d'une humeur spéciale.

Le plus drôle est que, par la suite, la brunette visa en plein centre la raison de cette étrange humeur. Elle avait eu l'air d'hésiter avant, mais s'était finalement lancée, provoquant au passage la surprise de l'australien.
Quand elle avait prononcé le prénom de June, il avait tout d'abord eu une moue boudeuse, indiquant clairement qu'il se demandait d'où ce sujet sortait tout d'un coup. Ce n'était pas le moment, pensa-t-il, sans connaître la raison lui-même. Mais alors quand Freya se mit à dire qu'il ressentait quelque chose de particulier pour la vampire, là, son expression fut telle qu'on l'aurait cru frappé par la foudre. Elle racontait quoi, bon sang ? Tout d'abord incapable de réagir, à part en la regardant avec des yeux exorbités, il analysa chaque mot de Freya en se demandant s'il n'avait pas mal compris. Comme ce n'était pas le cas, il ouvrit la bouche en se disant qu'il devait absolument répondre – et surtout nier en bloc.

« …. Hein ?! Pourquoi tu parles de June ? Et je vois pas ce que tu... » Mais à cet instant, ses cordes vocales le trahirent lâchement. Comme pour l'empêcher de parjurer ce que son inconscient savait et ressentait. Puis finalement, sans même que Lyvion ne s'en rende compte, ses joues prirent une légère teinte rosée. Rah, sh*t, pourquoi ça lui arrivait à lui ? Il était pas du genre à rougir, bordel ! Assez honteux de se montrer sous ce jour peu viril, il cessa de regarder sa vis à vis et baissa la tête, tandis que de sa main droite, il se couvrait le bas du visage.
Avant tout, il devait retrouver son calme ; le griffon ferma les yeux et inspira profondément, puis se redressa avant de relever ses obturateurs. Dans un réflexe mécanique sa main alla chercher quelques mikados dans le paquet posé tout près, puis les porta jusqu'à sa bouche pour qu'il les grignotte vivement. On pouvait comparer cela à de la boulimie de stress. Une fois sa poignée finie, il soupira et reprit la parole.

« Nan. » C'était impossible.... N'est-ce pas ? « Je peux pas.... Etre attiré par elle. Enfin... Pas dans un sens romantique. Charnel, peut-être, mais pas plus. Et je refuse que ça devienne plus. M'attacher ? Être en couple ? Hors. De. Question. » Quand avait-elle parlé de romantisme ou de couple, Easty ? Tu t'emmêlais les pinceaux ; résultat, en cherchant à nier, tu laissais libre recours à ces choses enfouies en toi. Ah là là, si seulement tu étais honnête envers toi-même...
Un soupir lui échappa. C'était trop pour ses nerfs, là, il fallait dévier la conversation. « Je sais pas d'où tu tiens ça, mais j'apprécie June comme une collègue et une amie. C'est tout... Mais et toi alors, y'a quelqu'un en particulier qui te plaît ? »

Au final, qu'est-ce qui différenciait une relation de confidents d'une amitié ? Était-ce la même chose, une version améliorée, ou n'avaient-elles rien à voir l'une avec l'autre ? De l'avis de Lyvion, on ne pouvait pas se confier à quelqu'un sans que ce soit notre ami, mais ce n'était pas forcément notre meilleur ami. Un confident est une personne à qui nous décidons de confier tous nos secrets, même ceux que notre meilleur ami ne connaît pas forcément ; ce n'était pas forcément la personne avec qui nous nous entendons le mieux ou qui nous accompagne dans tout ce que nous faisons, mais celle qui nous comprend comme personne d'autre, tout simplement parce qu'elle nous connaît comme personne d'autre. Quelqu'un d'important, à qui nous pouvons confier n'importe quoi sans avoir peur d'être jugé.
Freya révélait énormément de choses à Lyvion, et lui demandait régulièrement conseil. Il en avait conscience, ce n'était pas vraiment un secret qu'il était son confident. Cependant, jusqu'ici cela n'avait jamais été réellement réciproque : il n'avait jamais réellement parlé de lui à la demoiselle, même si elle avait bien dû deviner deux-trois choses. Ils se connaissaient assez bien pour cela.

Leur conversation du jour en était un parfait exemple : il n'avait jamais parlé de ce sujet avec elle, pourtant Freya avait été capable de discerner en lui ce qu'il ignorait lui-même au prix de grands efforts. Cela avait pris Lyvion au dépourvu, en plus de le menacer de le mettre face à ses sentiments. Mais son moindre défaut était son entêtement, ainsi il tint bon même devant son amie – quoi que de petites rougeurs échappèrent à son contrôle.
Cela dit, son propre état d'esprit le laissait perplexe. Depuis qu'il connaissait June, jamais rien ne l'avait empêché de dire ou penser librement à son propos. Qu'est-ce qui avait changé, pour qu'il préfère ne pas parler de miss Loyal actuellement ? Ils s'étaient indéniablement rapprochés, mais les changements dans leur relation ainsi que dans ses sentiments étaient tels qu'il les niait en bloc. Non pas qu'ils étaient contrôlables, sinon nous pourrions choisir de qui nous tombons amoureux, or ce n'est pas le cas. Et un jour où l'autre, le griffon serait bien obligé d'admettre qu'il l'aimait – non pas comme une amie ou une collègue, ça c'était ce qu'il prétendait, mais comme une femme. Autant le laisser nier pour le moment donc, le dénouement n'en sera que plus intéressant.

Une autre certitude était que Freya n'allait pas revenir sur ses paroles de si tôt : elle était clairement persuadée d'être dans le vrai – si seulement elle savait à quel point. Quand elle lui dit de ne pas faire semblant, il ne put s'empêcher de prendre un air contrarié en se disant qu'il aurait préféré qu'elle gobe ses mensonges si crédibles qu'il se bernait tout seul. Cela voulait-il dire qu'au fond, la jeune amnésique était moins crédule et plus perspicace que lui ? Oh là là, à croire que même refoulé, l'amour le rendait idiot. Ou devrions-nous plutôt dire qu'il le rendait idiot surtout lorsqu'il était refoulé ?
Mais pour son plus grand soulagement, son interlocutrice le suivit lorsqu'il dévia la conversation de lui à elle (il n'aurait vraiment pas tenu le coup psychologiquement). Elle devait se dire qu'elle avait déjà trop insisté alors qu'il était clairement pas à l'aise sur ce sujet, ou bien avoir envie de lui dévoiler un autre de ses secrets. En tout cas, l'acajou ne s'attendait pas vraiment à ce que sa question soit aussi efficace, peut-être parce qu'il avait besoin de s'adapter au fait que Freya puisse s'intéresser aux autres de cette manière. Pour lui, elle avait encore l'image de la femme perdue, en plein apprentissage du monde. Quand est-ce que qu'elle en était arrivée à ce stade, depuis quand était-elle attirée par Ashura ?

M'enfin, amour ou pas, et qu'il s'agisse de Ashura ou de quelqu'un d'autre, Lyvion ne voulait pas freiner Freya dans sa découverte d'un nouvel aspect de la vie.
Il commença par s'enfoncer un peu plus en lâchant un « Mais puisque j'te dis que je suis pas amoureux de June ! » Ouais ouais, c'est ça, tu te rendras compte de ton erreur quand la vérité te pétera si bien à la figure que tu pourras plus te défiler en niant. Cela dit, il devint songeur l'espace d'un instant avant de continuer. « Ashura, hein ? Elle m'a l'air un peu spéciale, mais pas mauvaise. Peut-être que tu pourrais tenter ta chance. Au pire si jamais ça se passe mal, ce serait juste une expérience supplémentaire pour toi. » Il se souvint alors que la trapéziste avait une fichue tendance à être trop tactile, ce qui le fit frissonner brièvement. « Quoi que, si tu te sens pas prête à te faire peloter toute la journée, évites. Ah et si tu as besoin de conseils pour les choses de couples, j'te conseille d'aller voir Amel, c'est un pro dans le domaine. » Quoi que Lyvion non plus ne se débrouillait pas trop mal en fin de compte, mais voilà, chez lui la flemme l'emportait sur l'envie d'apprendre ce genre de choses à Freya. Surtout que son BFF ferait un bien meilleur précepteur dans ce domaine.

Notre dompteur laissa alors échapper un long bâillement tout en étirant les bras, et se laissa choir sur le tas de paille. Il sentait une puissante envie de faire la sieste alourdir son corps, mais la chassa avant de se laisser aller. « Bah, j'te dis tout ça, mais le principal c'est que tu fasses ce dont tu as envie. C'est nul de se forcer. » Ajouta-t-il, avec une articulation laissant à désirer. Oh la règle du 'ne fais ce que tu veux quand tu as envie de le faire', lui l'avait très bien assimilée hein ! On pourrait l'élire Mister Paresseux SoH. D'ailleurs, ce n'était pas la première fois qu'il la lui rappelait. Mais il ne voulait pas que Freya se mette à faire des choses dont elle n'avait pas envie, juste parce qu'on le lui avait suggéré ou sous prétexte d'apprendre. Dans le premier cas elle deviendrait manipulable, dans le second, il doutait qu'elle retienne quoi que ce soit à part qu'un apprentissage sous la contrainte, c'est nul et inefficace. Ce conseil, c'était la clé de l'indépendance.

Ah, l'innocence. Ou plutôt, l'ignorance ; c'était un terme plus exact pour caractériser Freya. Parce qu'on pouvait très bien être innocent, mais avoir des connaissances l'étant moins. Ces deux choses étaient complètement distinctes.
Freya, au-delà de son innocence, était ignorante. Mais il ne faut pas le voir comme une critique : les connaissances s'acquièrent avec le temps, or elle avait perdu une partie du sien avec ses souvenirs. Elle était donc comparable à une enfant ignorante de ce vaste monde – et curieuse de le découvrir. Pure et innocente. on ne s'en rendait pas forcément compte en la regardant, car elle avait le physique d'une jeune femme.
Était-ce contre sa volonté, que la demoiselle avait perdu la mémoire ? Ou bien est-ce qu'on l'avait agressée si violemment qu'elle n'avait pas eu d'autre choix ? Avait-elle vécu quelque chose de si horrible qu'elle l'avait refoulé dans son inconscient pour s'en protéger ? Lyvion avait quelques doutes, mais aucune preuve concrète. Et il ne comptait pas se hasarder à en parler avec Freya, d'une parce qu'il  ne voulait pas avoir à gérer les éventuelles répercussions, et de deux parce que de toute façon, il n'en voyait pas l'intérêt. Mieux valait qu'elle retrouve la mémoire par ses propres moyens non ?

En attendant, ils vivraient forcément des instants cocasses. Parce que comme les enfants, lorsque Freya ne savait pas quelque chose, elle interrogeait les gens sans savoir que certaines questions peuvent mettre mal à l'aise. À chaque fois, notre sang-mêlé s'estimait heureux de ne pas être facile à embarrasser. Vous imaginez la galère s'il devait être expressif ? Il préférait largement rester apathique. Mais cette attitude ne se limitait pas seulement à des crises de gêne provoquées par Freya, il l'appliquait à toutes les situations – ou presque. Question d'économie d'énergie, vous voyez : les flemmards en ont une réserve très limitée donc précieuse, c'était normal qu'ils préfèrent la dépenser dans autre chose que des émois inutiles. De plus, 1. le remue-méninges que la clown avait provoqué plus tôt en évoquant June avait probablement vidé Lyvion de ses ressources ; 2. il était déjà habitué à ce qu'elle pose des questions importunes de but en blanc.
Alors quand Freya demanda avec un naturel déconcertant la définition du mot "peloter", c'est avec un naturel tout aussi déconcertant qu'il garda son calme. Il agit comme si elle lui demandait de faire passer le beurre, alors que c'était tout de même plus original. Et aussi moins commode, selon le point de vue. Lui s'en fichait dans un cas comme dans l'autre, d'où sa réaction.

L'australien fit tout de même pensivement glisser une main le long de sa mâchoire avant de répondre, signe qu'il se demandait comment formuler sa réponse de manière à ce qu'elle comprenne. Il ne pouvait décemment pas lui faire une démonstration, la pauvre n'apprécierait pas – surtout pas après le coup du pseudo-baiser.

« C'est quand on est très tactile avec une personne, qu'on la caresse un peu partout. En général c'est un signe d'affection, et ça plaît. Mais certains n'aiment pas ce genre de contact en public. Dans ton cas ça te mettrait sans doute mal à l'aise, or avec Ashura ce serait vingt-quatre heures sur vingt-quatre, même devant les autres. »

Bon, Lyvion exagérait sans doute un peu. Ashura n'était pas non plus méchante, elle ferait en sorte de ménager un minimum Freya. Un minimum je dis bien, car comme on dit, chassez le naturel il revient au galop. La trapéziste ne pourrait sans doute pas se retenir en permanence.
Cela dit, notez qu'il avait malgré tout fait un effort sur la formulation. Applaudissons-le !

Suite à cet instant apprentissage, Freya affirma qu'elle serait à l'écoute de ses sentiments à l'avenir. Cela signifiait qu'elle acceptait ses préférences, voilà qui était un excellent début. Cependant elle avoua aussi ressentir une certaine appréhension, qui n'avait rien de surprenant pour le jeune homme. Il n'ignorait pas le côté paranoïaque de son amie : elle avait une forte tendance à imaginer le pire concernant les autres. Voilà qui n'allait pas l'aider à découvrir les relations, parce que dans un couple, avoir confiance et ne pas se renfermer sur soi-même étaient deux choses importantes. En plus elle n'avait sans doute aucun exemple de couple solide et heureux autour dans son entourage, puisqu'elle s'était très tôt retrouvée liée au cirque par la malédiction. Les artistes étaient pour la plupart des emmerdeurs ne pensant qu'à eux et à leur plaisir, ce n'était donc certainement pas l'endroit rêvé pour en apprendre plus sur les couples ou l'amour. D'ailleurs la jeune femme mit le doigt sur le problème, en parlant des conquêtes d'Amel : il passait du bon temps avec elles, puis lorsque c'était fini il s'en débarrassait, quitte à les blesser. Aucun sentiment de sécurité ne pouvait naître vis-à-vis de la fidélité et de la sincérité des forains dans ce domaine -mais ça allait changer *kof*-, sauf dans le cas de Kanae et Freya.

Un petit air amusé naquit sur le visage du dresseur.
« Amel c'est un cas particulier. Mais il pourrait quand même t'aider, je pense. Après tu ne peux pas être sure à cent pour cent de l'honnêteté des gens tant que tu n'auras pas passé assez de temps avec. Y'a des chances pour que tu tombes sur une - Il se retint in extremis de sortir une insulte – Manipulatrice, surtout que t'as une tête de fille trop gentille. Dans ce cas si les gens du cirque en entendent parler elle regrettera d'être née, alors te freines pas pour ça. »

Allons bon. Lyvion, conseiller sentimental, on aura tout vu.
No comment, hein.
N'empêche, s'il fallait citer une personne avec laquelle il se montrait sympa, c'est bien son adorable et amnésique collègue clown.
Sur ces paroles il sentit son portable vibrer dans sa poche, donc l'extirpa pour consulter le message qui venait d'arriver. Quand on parle du loup : Amel lui disait de rappliquer fissa. Le griffon soupira, remit son téléphone à sa place et se tourna vers Freya. Elle tenait toujours le lionceau, qui était étrangement calme, comme si cette présence l'avait apaisé. Il caressa la tête de la boule de poil, tout en reprenant la parole.

« Tu peux venir le voir de temps en temps si tu veux, pour le nourrir et cetera. » L'acajou sentit alors son portable vibrer à la chaîne ; même sans consulter sa messagerie, ce n'était pas difficile de deviner que tout ce qui s'y trouvait, c'était une série de points et de petits mots destinés à le presser. S'il comptait prendre son temps, l'elfe n'avait de toute évidence pas les mêmes projets.
Lyvion se leva, en forçant un peu parce qu'il serait bien resté posé. « Tu viens ? J'vais fermer. » Les deux artistes sortirent de la zone des fauves ; derrière eux, le dompteur boucla tout ce qui pouvait l'être. Simple mesure de sécurité, il ne doutait pas de sa capacité à se faire entendre des prédateurs, mais mieux valait être prudent quand il s'absentait.
Freya et Lyvion se saluèrent, puis notre paresseux N°1 se mit en route en enfonçant les mains dans les poches. Il n'avait pas trop la motivation, mais Amel semblait décidé à le faire rappliquer. Et il connaissait assez bien le rouquin pour savoir que celui-ci lui ferait la misère si jamais le Drymärchen refusait de venir quand son meilleur ami insistait. Et puis maintenant que Freya et lui avaient discuté, sans doute qu'elle avait besoin de réfléchir un peu. Qu'en savait-il, s'il était né avec un don d'empathie croyez-moi que ça se saurait : son  utilisation en aurait été complètement déplacée voir malsaine, la plupart du temps.