(kanae६maximilien) ✄ coucou, j'ai faim.

Lentement, j'ai longé les murs de la ville, uns à uns, me faufilant derrière les ombres, me fondant dans la masse trop importante de passants. La main droite dans la poche de mon blouson, je jette des regards autour de moi, vérifiant que l'on ne me suit pas. J'ai soufflé, quelques instants, dans une impasse sale, abandonné, près du marché, et je me suis en route, admirant au loin l'imposant Castle of Heart, là vers où je me dirigeais, là où je voulais aller. Reprenant mon chemin, j'ai croisé quelques personnes, qui m'ont jetés quelques regards désinvoltes, que j'ai ignoré. Ils font les beaux, mais ils ne valent pas mieux. La discrétion. Quelle connerie. Une paire d'yeux tombe toujours sur vous, que vous le vouliez ou non, quelle que soit la situation, il en faudra toujours une qui vous voie, et qui ne vous oublie pas. La vie des gens est souvent un défilé de passants, qui ne reviennent pas, on les rencontre une fois, puis on en étend plus jamais parler. Quelle tristesse, j'en pleure de rire. Je courais. J'ai ralenti, à mon entrée dans le champ de vision des gardes du Castle. J'ai marché, doucement, sorti les mains de mes poches, j'ai essayé de paraître le plus normal possible. Mais les gens jugent à la tête de nos jours. Monde débile.

▬ « Monsieur, attendez! »

Stupides agents. J'ai accéléré le pas, mais ils ont emboîtés mon pas, prestement. Ils font trop bien leur boulot, cela en est même ridicule. Je me suis retourné. Ils se sont stoppés. Je n'avais nulle envie de les tuer, mais je ne voulais pas non plus me faire contrôler, ce que j'avais dans les poches ne devait absolument pas en sortir. D'un pas prudent, ils m'ont approchés. Je n'ai rien fait. Ils m'ont touchés. Erreur. Une étreinte invisible et douloureuse a enserré leur cou, lentement, puis d'un coup. Ils n'auront jamais réussis à sortir de leur labyrinthe de souffrance, rattrapés par la mort, armée de sa fatale faux. Je me suis accroupis, j'ai découverts leur cou de tout tissu et j'en ai approché ma tête, j'ai sorti mes canines. Mais je n'ai rien fait. Je sentais que quelqu'un était proche. J'ai relevé la tête, mes iris rouges semblant flotter dans le brouillard ambiant.

▬ « Sortez. », avais-je dis sèchement.

Je me suis relevé progressivement, étalant mon ombre jusqu'à un proche buisson. Il ne faisait pas froid, tout du moins je n'avais pas froid. J'ai vérifié le contenu de ma poche, par sécurité, puis j'ai fixé de nouveau mon attention sur le bruit qui m'avait indiqué la présence d'une tierce personne.

▬ « Je vous demande de sortir, qui que vous soyez. »

Clair, net, sec. Mes mots ont taillés le brouillard, qui commençait progressivement à se lever, dans les alentours du Castle of Heart.

J'avais peut-être été légèrement trop audacieux, à bien y réfléchir. La discrétion était inutile à mes yeux, certes, mais si j'avais pu éviter de ramener un garde de plus cela n'aurait pas été de trop. Tuer n'est pas un problème pour moi, tuer pour rien en revanche, si. Lentement il s'est approché de moi, lentement il a pénétré dans mon cercle d'intimité. Il est entré dans mon labyrinthe de souffrance, il a avancé, tombant dans les impasses de ma folie et dans la couleur de ma rage. Et le labyrinthe a eu raison de lui. Une femme, venu de nul part, est entrée dans ce tableau macabre, éloignant le garde du point de non retour, le sauvant d'une mort certaine et douloureuse. Quel pauvre garde, pauvre, pauvre garde. Je suis resté immobile, au centre de mon labyrinthe, regardant au loin la jeune femme aux mains nues. Elle avait demandée au garde de me laisser tranquille. Quelle bonne femme attentionnée. Je serais presque ému, tellement le geste était pathétique. Il avait voulu fuir, le pauvre garde, mais la femme, qui n'en avait pas fini avec lui, il fallait croire, à plonger son bras, l'épée de Damoclès qui planait au dessus du brave homme, dans sa maigre poitrine. Elle en ressortit un coeur sanglant, ce pauvre coeur que l'on voyait se débattre, mais qui allait s'arrêter bien rapidement. L'homme était mort, il gisait sur le sol, dans une marre macabre de sang, une horrible rivière d'hémoglobine. La mort n'était qu'une période bien douloureuse de la vie, rien de plus, rien de moins. La jeune femme a planté sa mâchoire dans l'organe vital de l'homme qui venait de perdre la vie et m'adressa la parole.

▬ « Tu manques de finesse ! »

Venant d'une jeune femme qui a sorti le coeur d'un homme de son sarcophage d'os, c'est assez peu convainquant. Doucement, je me suis avancée vers le corps, je m'y suis accroupi. J'ai sorti un petit récipient de ma poche, que j'ai rempli du sang du garde. Je gardais toujours une de ses fioles sur moi, si un grand besoin de manger - ou plutôt boire - me prenait. J'étais prévoyant.

▬ « C'est beaucoup plus fin et délicat que d’arracher un organe vital comme vous le fait, mademoiselle. »

J'ai regardé autour de moi : il n'y avais plus personne. J'ai attrapé une cigarette dans la poche arrière de mon jean, que j'ai allumée et que j'ai commencé à tirer. La fumée s'est progressivement rependue autour de nous. Je me suis tourné vers la jeune femme. Je ne savais pas qui elle était, mais peu importait.

▬ « Vous en voulez une? Non, non, je n'en ai presque plus, oubliez ce que je viens de dire. »

Quelle traître cette nicotine, elle vous fait devenir dépendant, encore pire que de la drogue, hmpf. La cigarette scelle votre labyrinthe de souffrance et vous enferme pour une éternité certaine.

Cette fille... Je ne savais ni qui elle était, ni pourquoi elle était ici, à quelles fins elle avait tué ce garde, mais une chose était sûre, et même certaine, c'était que je ne l’appréciais absolument pas. Je la trouvais si étrange et violente inutilement, et ce genre de personnes qui ne pensent qu'à leur petits besoins ça m'exaspère très fortement. Franchement, je ne savais pas à quoi cela servait, comme ça, de tuer par un simple désir, une envie, passagère, qui frappe de folie certains, régulièrement. En réalité, oui il m'arrivait de tuer, mais jamais je ne lèverais la main sur un innocent, quelqu'un qui ne m'a absolument rien fait, qui ne m'a jamais parlé me mérite pas une mort aussi absurde et injustifié que celle là. Ma dernière phrase fit rire la jeune femme qui venait d'arriver peu de temps avant. Je ne savais pas ce qu'elle trouvait de si drôle, je trouvais même cela stupide de rire ainsi, en cet instant précis. Sa main tâchée de sang s'est levée, au niveau de son épaule, et une petite tâche rouge semblait à présent flotter dans les airs. Quelle était cette présence? Cet animal qui se cachait de ma vue et de celle des autres? Serait-ce son affilié? Je n'en savais rien, et quelque chose me disait que j'allais bientôt le savoir. Je l'ai attendu s'excuser à un fameux 'Kimo', était-ce lui son affilié? Ou peut-être n'était-ce qu'un ami imaginaire, ou rien qu'un âme qui flottait, ou bien même une deuxième personnalité... Non, vraiment je ne comprenais pas les actions, les faits et les gestes, et sa personne en elle même, de cette femme. Je ne savais pas ce qui l'avait menée là, mais à mon avis ce n'est pas une raison très rose, et je doute qu'elle soit très 'clean', si vous voyez ce que je veux dire. Un nouveau rire, et un sourire narquois paru sur son visage, tandis qu'elle tentait de m'expliquer qu'un massacre était mieux que de tuer pour remplir une fiole... Qui était facilement destructible. C'était vrai, d'un côté, mais je restais ferme : je n'aime pas les cadavres inutiles, les massacres, très peu pour moi, et je fais très attention à mes fioles, il n'y a donc aucun risque. Elle a fait apparaître une petite boule dans sa main qui semblait être faite d'énergie quelconque, je ne pouvais pas dire avec exactitude de quelle énergie il s'agissait, et elle a joué avec. Quelque instant plus tard, elle s'était écrasée sur le mur derrière moi, et elle n'était pas passée loin de la fiole. Je savais qu'elle l'avait fait par pure provoque, et je n'allais pas y répondre, même si le 'oups' ironique qu'elle à laissé échapper à la suite de cette action ma considérablement énervé. Elle ricana une nouvelle fois, avant de lécher sa main remplie de sang frais qui sortait à peine du coeur d'un des trois gardes. Elle a ensuite déclaré qu'elle aurait refusé ma cigarette de toutes les manières car elle ne fumait pas, tant mieux, mon salaire se fait de plus en plus bas, j'aurais moins de cigarettes à acheter si tout le monde n'en prenait pas une dans mon paquet. Je l'ai aussi vue reprendre sa lance, qu'elle avait laissée à même le sol. La chose sur ses épaules se dévoila alors afin de se nettoyer et il entreprit alors de regarder ce qu'il s'était passé. La femme m'a regardé, affichant toujours son sourire si détestable et son air supérieur, elle m'a alors demandé si je savais où étais 'le vendeur de tickets du cirque'. Premièrement, comment suis-je censé le connaître? Deuxièmement, je ne me souviens pas avoir déjà entendu parler d'un cirque dans les environs et troisièmement, que lui veut-elle? C'était surtout de cette troisième question dont je me méfiais, vu ce qui venait de se dérouler sous mes yeux cela ne m'étonnerait pas qu'elle veuille le retrouver pour le tuer. Je l'ai regardée, intrigué.

▬ « En quel honneur voulez-vous retrouver cet homme? », ai-je demandé calmement.

Je suis resté un instant comme ça, la fiole dans une main, la faisant rouler, stupidement. La vue de sang au sol m'a donné soif, alors j'ai jeté ma cigarette, que j'ai écrasée sous mon pied pour l'éteindre, j'ai rangé la fiole récente et sorti une plus ancienne, que j'ai débouchée et bue. Le sang était une chose indispensable aux vampires et je dois avouer que j'aurais du mal à arrêter d'en boire. Je me suis approché des cadavres, sur lesquels j'ai placé trop cartes, un grand C. écrit dessus. Ma carte de visite en quelques sortes. J'ai ensuite tourné la tête vers la jeune femme.

▬ « Et quel est votre prénom? »

Je n'étais pas spécialement quelqu'un qui s'attardait sur ce genre de détails en temps normal, mais actuellement il n'est pas normal. J'ai remis mon paquet de cigarettes droit dans ma poche et j'ai regardé derrière le femme : d'autres gardes. Ils étaient un paquet, venus aider leur collègue. Rapidement, je me suis dirigé vers un buisson proche et j'ai chuchoté à 'ma partenaire'.

▬ « Venez, vite, il serait futile de tous les tuer. »

Je n'étais pas sûr qu'elle m'écoute mais j'aurais au moins essayé.

De l'intérieur de ma très recherchée 'planque', j'ai entendu le rire de la fameuse 'Kana'. Serait-elle en train de se moquer de moi? Je ne réagirais point. La provoque, c'est quelque chose destiné aux faibles, pour qu'ils se battent, pour ce qu'ils croient être une 'bonne cause'. C'était parfaitement idiot. J'ai fixé la jeune femme, qui, après avoir fait quelques pas vers la jolie troupe d'agents de sécurité, s'est transformé en ce qui s'apparentait d'un rapide coup d'oeil à un renard. Je m'explique : elle avait à présent neuf queues qui étaient apparues derrière elle, et ses cheveux avaient laissés place à une espèce de crinière blanche. Quand à ses yeux, ils étaient devenus rouges, et des traits de la même couleur se sont matérialisés sous ces derniers. La semi-renarde fonça dans tas, tandis que je restais à l'écart. J'ai vu quelque têtes voler puis s'écraser lentement au sol, puis certains s'enfuir… Un véritable carnage. Tuer par plaisir est vraiment une chose que je trouvais inacceptable. C'était vrai, j'avais tué, mais j'avais toujours eu une raison. Mon professeur avait insulté ma famille par exemple. La jeune femme se tourna vers moi, je m'étais levé et étais visible derrière mon buisson.

▬ « Tu vois? Un buisson ça sert à rien. » - avait-elle dit, avant de voir arriver d'autres gardes, ce après quoi elle ajouta - « Mouais, là je propose la fuite et pas de se cacher dans un buisson. »

La fuite était lâche, mais je ne savais pas combien ils étaient, et il serait plutôt dangereux de commencer à les tuer et de se rendre compte après qu'ils sont trop nombreux pour faire quoi que ce soit. J'ai donc opiné du chef, et je suis sorti du buisson. Voyant les agents se rapprocher, j'ai commencé à courir, entraînant la semi-renarde dans la course. Je ne sais pas combien de temps nous avons couru, mais nous avons atteint l'arrière du Castle of Heart, où nous avons élu campement provisoire derrière un des murs de ce grand château de la capitale. J'ai soufflé un peu. Je n'avais pas l'habitude de courir tous les jour, en plus de cela, j'étais fumeur, et les dieux savaient que la cigarette n'était pas bonne pour la course, bien sûr que non. Je me suis redressé, et me suis tourné vers 'Kana'.

▬ « Je ne sais pas si nous les avons semés. »

Je suis sorti prudemment de derrière le mur, et je n'ai rien entendu, ni rien vu. Je me suis alors dit qu'on avait réussi à partir assez loin - pour le moment - afin que les gardes ne nous perdent de vue, mais je doutais que l'arrière du Castle nous abriterais encore longtemps, à mon humble avis, vu les dégâts, les officiers ne cesserons pas les recherches avant la nuit tombé. Je suis revenu après de 'Kana' et me suis assis le long du mur. J'ai allumé une nouvelle cigarette et ai levé les yeux vers elle.

▬ « Pour combien de temps penses-tu que nous sommes encore en sécurité? »

Pour l'instant, étudier la situation et recueillir son avis me semblait être la meilleure des stratégie.

Une minute à peine après ma question, le lié de la jeune femme est descendu de son épaule. Elle s’est postée à côté de moi et à commencer à compter, de dix à zéro, un compte à rebours. Arrivé à zéro, la maîtresse de la petite boule blanche m’a souri. Je me demandais ce qu’elle avait encore, je devais avouer que je n’avais pas encore confiance en elle, et je me demandais bien si cette confiance s’installerait un jour. Elle me dit que l’on n’a jamais été en sécurité… Et c’est juste après que j’ai entendu un pas lourd, un pas groupé : plusieurs personnes approchaient, sûrement une troupe de gardes, une nouvelle fois. Le jeune femme m’a fait signe de ne pas bouger, je n’ai fais que me relever, je n’ai pas essayé de sortir en face des gardes, ce qu’elle n’a pas eu l’intelligence de faire – resté cachée je veux dire. Elle est sortie de la cachette et a adressé de grands mouvements de main aux agents de maintien de l’ordre. Et puis elle a disparu de mon champ de vision.

Je ne voyais pas ce qu’elle faisait, et je dois dire que cela m’inquiétait légèrement, tout de même. Je veux dire, avoir un cadavre sur le dos ça ne plairait à personne, et encore plus quand – dans mon cas – on est habitué aux cadavres. Alors avoir le cadavre de cette jeune semi-renarde ne me plairait pas plus que ça, disons. J’ai donc attendu là, attendant toujours de temps à autre un bruit signifiant que des gardes restaient près d’ici. Quelques moments après, j’ai revu la jeune femme, toujours sous sa forme de semi-renarde. Sans plus d’explications sur la situation, elle m’a tiré avec elle et en un clin d’œil, nous étions sur une des pentes de toit du Castle of Heart. Je voyais encore un des arbres légèrement bouger, et quelques feuilles tomber, donc je supposais que la jeune femme avait pris appuie sur lui – ladite femme qui éclata de rire lorsqu’elle vit les gardes ne plus savoir où nous sommes. Une fois son fou rire stoppé, elle jeta un regard à son lié, avant de s’asseoir sur le toit, et je l’imitai. Elle dit qu’ici nous sommes vraiment en sécurité, à moins qu’un homme puisse voler ou sauter avec agilité jusqu’en haut. J’ai fait un signe de tête. Il est vrai que c’était peu probable que cela arrive. Elle a ensuite parlé avec sa liée, mais je n’ai pas écouté ce qu’elles se disaient.

« Bien, que faisons maintenant ? Nous repartons chacun de notre côté ? »

Je me suis approché du bord de toit, regardant les gardes. Ils étaient toujours là. Ils fouillaient dans les arbres, dans notre ancienne cachette, partout, mais ils ne pensaient jamais à lever les yeux vers les toits, où nous étions. Il est vrai que sur ce coup, la jeune semi-renarde avait eu une bonne idée, au moins ici, nous sommes sûrs qu’aucun cadavre ne viendra nous rendre visite. Je suis revenu auprès de le jeune femme et j’ai regardé la vue que nous avions depuis ce toit. On voyait l’entrée du Castle, on voyait de petits points noirs monter les escaliers… Je ne m’étais jamais rendu compte de l’immensité de ce château, sûrement parce que je n’y venais pas souvent. Je suis retourné voir du côté des gardes : ils étaient partis.

« Les gardes ne sont plus là. Je ne pense pas que ce soit une ruse… Oh, oui je les vois s’en aller là-bas. »

Nous pouvions maintenant redescendre et partir sans difficultés.