Ave Maria #Serena

« Alors à demain monsieur Feofan, moi, je files, j'ai une répétition à faire. Je viendrais à coup sûr à cet endroit. Je retrouverai mon chemin, je commence à bien connaître Chloris. Au revoir.  »
« A...demain. »

Il la regarda se lever et sortir du temple en souriant. Laissé seul, Kaa revint vers lui pour retourner se glisser sous son pull pour ne plus en bouger. Il était laissé seul dans le temple silencieux. Soudain, il prenait conscience que le lendemain il verrait son frère. Il verrait Felix. Et il ne s'enfuirait pas. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Après sa conversation avec la jeune fille, il aurait été tenté de dire que c'était bien. Retarder toujours n'apporterait rien de bon. Sans doute.

Il bascula en arrière, cognant son dos contre le clavier, basculant sa tête sur les touches, produisant un bruit insupportable. Il s'en foutait, y avait personne d'autre que lui maintenant dans le temple. Il se sentait fatigué d'un coup. La présence de Séréna, la dispute entre leurs affiliés, tout ça l'avait détourné de son sentiment premier. Ils lui avaient fait oublier son angoisse. Et maintenant, elle revenait.

Elle revenait même trop. Plus grande et plus forte. Plus écrasante. Et avec elle venait aussi l'impatience de revoir son jumeau. Étrange mélange. Pas forcément agréable à vivre. Ça lui tordait le cœur et le ventre, définitivement pas agréable. Il se redressa pour se retourner vers le clavier. Il voulait jouer quelque chose, mais quoi ? Il ne savait pas. Il avait plein de mélodie en tête, mais aucune qui ne lui plaise dans l'immédiat. Il rejoua l'Ave Maria, quelque peu mécaniquement. Puis une autre, et une autre, et une autre.

Jusqu'à ce qu'il en ai mal aux doigts d'appuyer sur les touches, jusqu'à ce que ses bras le tirent d'aller bouger les tiroirs, jusqu'à ce que ses jambes grincent d'actionner les pédales. Jusqu'à ce qu'il n'ai plus aucune mélodie dans la tête et qu'il s'emmêle sur les touches, produisant un son désarticulé à en faire grimacer un sourd. Quand il s'arrêta, Kaa sifflait désagréablement à ses oreilles, mécontent qu'il martyrise son système auditif. Feofan s'excusa distraitement. Jouer l'avait un peu soulagé, mais il devrait revenir demain et la boule d'angoisse serait revenue aussi. Un instant il se demanda si les gens en charge du temple le laisseraient crécher sur un banc. Et puis non, mauvaise idée. Les bancs c'étaient pas confortable, il allait trouver autre chose. Il quitta finalement le banc de l'orgue et passant la porte du temple, il se dit qu'il faudra revenir le lendemain. Après midi.