les meurtres, c'est mal. | la vache violette

Brooklyn, ruelles sombres et morceaux de verres par terre. Heylin se demandait encore ce qu'il avait pu faire dans une autre vie pour mériter aussi peu de chances - il aurait aussi bien pu se pencher sur cette vie là, il n'aidait pas la bonne fortune à l'aimer. Encore est-il qu'il ne savait pas ce qu'il faisait là. Il avait vu une lumière, et ce con, il était aller voir. Et il avait découvert à quel point l'expression "la curiosité est un vilain défaut" était fondée. Parce que la lumière, elle pouvait bien lui rappeler un truc. Ouais. C'était celle qu'il avait traversé, dans le navire, avant d'atterrir dans la mer de nuages. Voilà. Donc maintenant, il se sentait juste profondément con. Et seul aussi, dans sa stupidité chronique.

Avançant alors dans les ruelles sombres et carrément pourries de la ville, sans savoir où exactement il avait atterrit, il se fit la réflexion que le cerveau n'avait pas été compris dans sa création. Ou qu'un de ses parents l'avaient oublié, en le montant comme un meuble IKEA. Il souffla. Il était pas désespéré, c'est faux. Et puis si, en fait. Et c'est justement au moment où il formula cette pensée que la divinité de la fortune -aka Némésis- décida qu'elle ne l'aimait pas et lui envoya de quoi lui permettre de creuser un peu plus son trou. Sauf qu'eux avaient des canif et des barres de métal, à la place des pelles. Remarque, peut être qu'on pouvait creuser avec des barres de métal. Faudrait essayer. Pas lui. Pas sur du goudron non plus.

Encore est-il que Fäne tomba nez-à-nez avec un gang. Un gang armé jusqu'au dent qui le fixa comme s'il était un très gros steak. Or, ce regard avait le même effet que celui d'un écureuil devant un chasseur. Déjà, parce que le demi-dieu n'avait pas l'esprit de conservation. Ensuite, parce qu'après avoir rencontré le dieu de la mort en personne, et la vampire la plus flippante de toute l'histoire de l'humanité, quatre guignoles armés semblaient aussi inoffensifs qu'une grand-mère en déambulateur, myope comme une taupe, et avec le dentier perdu en cours de route. Parce qu'avec, on risquait le jet de dentier. Ce qui présentait un risque bien plus considérable que ceux qui lui faisaient face. Heylin n'était pas un suicidaire, c'est faux.

Et puis, comme la vie est une salope, et que Némésis n'aime décidément PAS le demi-dieu, elle lui envoya un pote. Un pote qui le regarda l'air de dire "ohmaistoijeveuxtemangerlàtoutdesuitejevaist'étriper". Un pote à la chevelure verte qui lui rappela un truc. Il fit la grimace. Ah oui, celui qui venait d'arriver derrière lui, il l'avait déjà vu. Si si. Cette fois où il avait fait péter un château d'eau, à la sortie de Chloris. Oui, Heylin fait péter des château d'eau. C'est un raciste des châteaux d'eau. Bref, il le lui avait fait péter dessus, pour faire simple. Encore heureux qu'il était presque vide. Ce qui expliquait sûrement le fait qu'il soit encore en vie, tiens. Et pour l'explication, il l'avait coupé avec son sang solidifié. Pour s'enfuir. Parce qu'il avait pas cherché la bonne personne. Mais osef.

Encore est-il que le seul allié qu'il avait semblait être encore plus motivé à l'idée d'en faire du saucisson que le gang en face d'eux. Et Heylin se demandait réellement ce qu'il avait pu faire à cette déesse pour qu'elle le traite de la sorte.

« Hé mecs. Vous êtes sur notre territoire. »

Le sourire que certains firent laissèrent largement comprendre qu'il ne s'agissait ni d'une menace ni de les faire déguerpir. C'était plus un avertissement. Parce qu'ils allaient leur botter leur derrière. Aka les découper en morceau. Heylin arqua un sourcil. Oui pardon comment ? Ils se croyaient où là ? Ils croyaient que c'était noël c'est ça ? Tiens d'ailleurs, vu comme on se les caillait, ça l'aurait pas surpris. Le demi-dieu se tourna vers son nouveau pote qui semblait toujours en faire son goûter.

« On règle nos problèmes après, ça te dit ? »

Parce qu'il sentait qu'il allait devoir les régler, ses problèmes. Il venait de prouver qu'on pouvait avoir triplement une chance de merde. Heylin devait avoir un don, en vrai.

Heylin se fit bien vite la réflexion que le vert était bizarre. Purement et simplement bizarre. Déjà, il fallait rappeler qu'il lui avait fait péter un château d'eau sur la tête, donc son regard plein de promesses de souffrances futures était totalement justifié. Mais son comportement à venir l'était un peu moins. Déjà, il était lui aussi armé; ce qui en soit n'était ni étrange ni effrayant, et de toute façon, rappelons le, depuis le dieu de la mort et la vampire, plus grand chose était capable de lui donner des sueurs froides. Même si Isen, la dragonne d'un chewing gum rose, s'en était plutôt bien sortie en la matière. Mais il l'avait rencontrée avant la vampire flippante Devait-il compter trois êtres effrayants et susceptibles de le faire réagir au lieu de deux, alors ? Bonne question. L'on aurait pu disserter là-dessus pendant des heures, mais on n'avait pas vraiment le temps donc l'on s'en privera. C'est bien dommage.

Bref, je disais, le Fäne trouva le vert carrément bizarre. Non pas que son arme l'était - mais là on va se répéter puis se perdre dans un cercle infernal donc cessons-ici sur le sujet - mais son comportement, oui. Déjà, il sembla vouloir en faire son casse-croûte avec bien plus de motivation que le gang armé jusqu'au dents qui leur faisait face. Puis, il sembla cette fois sérieux, sombre et concentré, récupérant donc sa fameuse arme. Ajoutant au passage un "tâche de ne pas me gêner" qui aurait presque pu faire classe et lui donner un minimum de crédibilité - assez pour faire réagir le demi-dieu ? Peut être pas, fallait cesser de croire au père noël les enfants. Et puis il eut cette première réaction complètement bizarre. Il lui sauta dessus pour le pousser dans un coin en sécurité. En clair, il le sauva.

...What ?

Il voulait pas l'étriper, deux minutes plus tôt ? Ou alors il ne lui en voulait pas tant que cela...? Mais pourquoi ce regard limite flippant alors ? Attendez, il y comprenait rien. Réflexe ? Nox était-il le seul à penser à sa peau en premier - à part si les autres comprenaient l'Atlantis ou Lilith - ? Il était tellement surpris qu'il se contenta de regarder l'individu imiter James Bond, tirer sur les méchants camouflé derrière une simple caisse - indestructible cela va sans dire. Bon, sauf que James Bond au moins, lui, il réussissait à tous les coups et descendaient les types même avec un temps frôlant l'apocalypse. Mais ça le sang-mêlé n'en savait rien puisqu'il n'avait jamais vu aucun James Bond, parce qu'il n'avait pas de télé sur le bateau et qu'à la maison, sur Terre, c'était pas la joie. Donc il se contenta juste de le fixer avec les yeux pareils à des soucoupes.

Et puis le bizarre le retour, pas très satisfait du nombre important de fois où il rata ses cibles, l'individu sortit un carnet, dessina... Ce qui va sans dire, dans cette situation, lui sembla dans un premier temps absurde et tenant de la débilité profonde - ou du suicide - et donc, ne le rassura nullement. Et ce même s'il dessinait très bien. Par contre, voir des tigres sortir du papier pour aller se repaître du gang, il ne savait pas trop si c'était rassurant. C'était à approfondir, une telle réflexion. Plus tard. Pas le temps. D'autres priorités dans l'immédiat.

« Bon, tu m'aides ou bien ? On doit se tirer d'ici ! »

Et pour le coup, le vampire - ça y est, on l'a désigné de toutes les façons possibles - était parfaitement d'accord avec lui. Sauf qu'il n'eut même pas le temps de formuler cette pensée qu'il dut éviter un coup de machette - ah parce que sur Terre ou pouvait se balader avec ce genre d'armes dans les rues tranquillement ? Sérieusement ? - et rouler sur le côté, avant de se mettre à croupis. Et le tout dans un mouvement stylé, sinon, c'est pas intéressant. Puis il remarqua qu'il n'était plus du tout à l'abri des balles des armes à feux de leur ennemi. Et quand il s'en prit une dans l'épaule gauche, il fit bien la grimace comme il faut.

« On se tire où on leur met la misère ? »

C'était une question rhétorique, il en était sûr.

Heylin avait mal. Vachement mal. Putain de mal. Mais il y avait un avantage à tout cela. Déjà, la balle n'avait pas pénétré la chaire, donc il n'aurait pas à galérer à enlever la balle, ou à cicatriser d'une grosse blessure. Ensuite, il n'aurait pas à s'entailler lui-même pour se créer une arme. Et ça, c'était cool. Notons qu'il se fait bien défoncer dans tous ses rps.

« On leur met la misère ! »

Et donc, après avoir été attaqué par des tigres sortis d'un carnet - qui étaient toujours là de plus - il se firent taillader par du sang solidifié. Ils ne passaient décidément pas la meilleure journée de leur vie. Bien évidemment, il évita de les tuer, ne les entaillant pas assez profondément pour provoquer une hémorragie trop importante, et évitant ce qui provoquerait une mort, à défaut d'être immédiate, inéluctable. Encore est-il que le gang avait beau faire trembler les humains qui vivaient en ces lieux, c'était lui qui tremblait, et c'était vraiment génial. Alors, cela faisait quoi de voir la chance tourner ? Bon, presque tourner. Parce que quand il vit arriver un mec avec des allumettes et un bidon d'essence, Heylin ne chercha pas à comprendre. Il n'était pas immortel, hein. Il chopa le vert par le col - il l'avait sauvé donc il voulait bien lui rendre la pareille, mais cela ne signifierait pas qu'il se montrerait plus correct - et se mit à tracer à une vitesse qui se voulait assez impressionnante.

« COURS. »

Ce qui se voulait plutôt clair. Au bout d'un moment, il se dut de lâcher, très vite en fait parce que ça les handicapaient tous les deux, et ils coururent. Vite. Très vite. Il ne savait pas combien de virages ils avaient tournés, à droite à gauche; il ne savait PAS où ils étaient, à part qu'il s'agissait d'un squat qui semblait abandonné et pas des plus salubres. Son épaule lui faisait mal. Il fit la grimace.

« Faut croire que même un vampire, ça devrait apprendre à faire gaffe aux humains... Hé, t'es vivant ? »

Il ne savait pas vraiment si ça l'intéressait en fait. Quoi que lui saurait peut être comment retourner sur l'île. Et puis, ça le ferait un peu chier quand même, de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Oh et puis -bis-, il ne semblait pas mort, puisqu'il ne lui semblait pas que les morts respiraient.