ACTE I / Today, it's another day

Le son de Dieu pénétrai dans les oreilles du vieux loup. Allongé sur son fauteuil, les pieds sur son bureau, son tourne-disque en marche, relançant le vieux vinyle Master of Reality de Black Sabbath, les yeux fermés, il se plongeait dans un monde merveilleux : celui où il était né, et celui où le Rock vivait et où il était maître de quasiment tout. - Qu'est ce que j'aurais voulu aller à Woodstock. - Pourquoi me parler à moi-même, à la troisième personne, me demandez-vous ? Non, c'était juste pour voir si mon intellect pouvait différencier schizophrénie et double personnalité. Non, ce n'est pas tout à fait la même chose, si c'est ce que vous vous demandez. Bon, j'ai la flemme de vous l'expliquer.

En gros, je testais des nouvelles formules d'interrogatoire. La dernière que j'avais effectué ayant été réalisé sous l'effet de la pression, la pulsion, la vengeance et l'envie soudaine de meurtre, autant dire que j'aurais pu nettement mieux faire pour m'occuper de cette dernière pompe à merde. Mais bon, j'étais de nouveau chez moi, dans mon bureau, à fumer deux fois plus que n'importe quel pompier de France et de Navarre. La fumée empestait ici, et il fallait malgré tout que je range un peu, pour que le client ait une bonne image de moi. Il aurait aussi fallu que je déménage... Mais bon, manque de sous. Puis, je me souvenais d'une conversation que j'avais eu avec une dame, qui, même avec des annonces, n'avait toujours eut aucun volontaire. Enfin, en même temps, son tract était loin d'être motivant ; de souvenirs, c'était pour faire le ménage, je crois. Tu parles, qui avait envie de récurer les chiottes à longueur de temps ?

Bon pour commencer, je devais marcher comme quelqu'un de normal, dans ma tête. À peu près tous les minots veulent se la jouer Watson, de Sherlock Holmes : un détective qui enquête avec son assistant, et qui apprend au fur et à mesure... Après tout, même les plus cons avaient un certain talent. Micks dormait, et c'était tant mieux : je n'allais pas le déranger avec ça, le pauvre. J'avais laissé un mot sur mon bureau, que je fermai à clé tout de suite après. Je rigolai déjà de ce que j'avais fait. Je m'étais vite fait renseigné : un détective débutant était plutôt bien payé, alors pour donner envie, j'avais poussé la somme un peu plus que la moyenne. Après tout, même si je gagnais assez d'argent, je pouvais le placer ailleurs que sur un livret, qui au final, ne me rapporterait sans doute rien du tout. Autant le donner à quelqu'un qui se fait chier et qui a du "talent", non ?

J'avais organisé mon affiche, un peu comme un jeu de piste : pour faire simple, l'en-tête parlait d'un boulot d'apprenti détective à la clé. "Trouvez-moi, et vous serez peut-être prit". Le peut-être est important et donne une source de motivation "je serais peut-être élu !". Et oui, la psychologie humain est conne, et pourtant, elle est bien réelle. J'avais mon téléphone portable, j'avais laissé le numéro sur l'affiche. Pour les personnes qui n'avait pas de téléphone, il y avait une cabine libre service juste à côté de l'affiche. Franchement, je le sentais bien, au début... Le problème, c'est que je le... SENTAIS... bien...

Et je songeais déjà aux candidats que j'allais avoir. Peut-être des intellos surdoués, avec 300 points de Qi, qui allaient me dire que j'avais eu un traumatisme dans mon enfance, ou un truc du genre, et qui allait trouver mon nom ! Oh, parce que je n'avais pas laissé mon nom, naturellement. Bref, m'allumant une cigarette, et étant assis à par terre, à un endroit où l'on pouvait me détecter, j'attendais des appels. Et le massacre commença dans ma haine la plus profonde, intérieure, que je contenais. Au plus profond de mon âme. Tous, sans exceptions, furent un échec indiscutable. Ils n'étaient pas capable de me trouver, dans l'endroit où le pire des idiots pourrait me repérer. Et me sortait pas l'excuse que y'avait du monde, y'avait trois putain de moineaux, en ville. On devait être une dizaine sur la place à cause du mauvais temps, et c'était tout ! Ça en devenait frustrant.

Et à des moments, je m'imaginais comme un tueur à étriper le premier venu pour lui dire "je suis là, pauvre tâche !!! REGARDE !!!" Mais... Je pouvais pas. et je comptais certainement travailler avec le dernier des idiot sur cette planète, oh, ça non. Au moins quelqu'un qui sache trouver un bonhomme dans la foule si peu nombreuse "chemise blanche, avec un téléphone". Va pas me dire que je suis pas putain de visible. Je commençais à m'impatienter. J’espérais pendant ce temps, que Micks avait fini ce que je lui avait demandé de faire à la maison. Enfin, quand bien même il était réveillé, parce que le connaissant, même à 11 heures du matin, il est capable de dormir, cet empaffé... En attendant, j'attendais l'élu (parce que là, c'était vraiment le mot), qui serait capable de trouver le seul gogole de tout la place du marché, qui était assit, et qui recevait 230 millions d'appels...