A chacun sa propre distraction {Eli'}

J'adore mon travail ! Y a pas à dire, les soirs de spectacles sont vraiment les meilleurs, puisque pratiquement chaque fois, je me fais offrir quelques vers directement sur place par des jeunes hommes fort sympathique après mon tour d'animation ! Mais étrangement, quand je refuse qu'ils me raccompagnent, ils tirent tous la même tête … Bizarre non ? C'est pas comme si j'avais promis quelques chose, ou qu'accepter un verre d'étrangers et partir sans rien demander derrière était si anormale … si ?
Bref, tout ça pour dire que je suis actuellement entrain de quitter mon lieu de travail avec quelques verres bien passés derrière moi. Je n'ai pas une forte résistance à l'alcool ou quoi que ce soit, je dirai plutôt que c'est une habitude. Je ne suis pas bourrée, loin de là, voyons ! Ni une ivrogne non plus ! C'est juste que quelques verres pas trop alcooliser, c'est pas la mort. Et puis, bourrée ou non, j'suis pas bien différence : je suis toujours aussi joyeuse, toujours aussi tête brûlée, et je me prend toujours autant de poteau en pleine face. Non, en effet, se manger les poteaux dans la rue n'est pas l'une de mes caractéristiques d'alcoolique, c'est juste une habitude comme une autre …
Pas glorieux, je sais.
Mis à part ça, je marche relativement droit, je ne dis pas plus de bêtises que d'habitude *ahem* et je sais où je vais : dans mon lit ! Parce que c'est pas une nuit à rester dehors, il fait bien trop froid pour ça ! Pourquoi le printemps met-il tant de temps à revenir ? Ma mini jupe me maaaaanque ! … Ok, non, ça c'est bien la faute à mon deuxième verre.
Je souffle doucement dans mes mains, essayant de les réchauffer un peu. Alala, ce que j'aimerai pouvoir me téléporter ! Mais j'ai pas un seul pouvoir dans ce genre là, moi ! J'ai ma vitesse, bien sur, mais courir maintenant serai autant intelligent que m'enfiler cul-sec une bouteille de vodka … Hey mais, une seconde … Cervelle de colibri !
J'suis une hybride oiseau enfin ! J'ai qu'à voler jusque chez moi, ça ira franchement plus vite !
Avec un sourire en coin pour moi seule, je ferme les yeux, concentrant le peu de concentration que j'avais encore, avant de sentir ma conscience basculer : mes pieds ne touchent plus le sol, mon équilibre bascule et mes ailes battent frénétiquement l'air à un rythme que seule notre espèce peut maintenir pour rester sur place.
Là où une jeune fille blonde un peu éméchée se trouvait avant, il y a désormais un petit colibri au reflet argenté sous le clair de lune qui … Vol pas très droit, faut bien le dire. Des cours de vol bourrée s'impose !
Mais pour le moment, je file au dessus des toits, ne souhaitant pas me prendre un mur par inadvertance, ni un chat -ou autre grosse bestioles vraiment trop fréquente sur l'île. Finalement, une fois en vol, tout ce passe plutôt bien ! A part quelques virage incontrôlés et une cheminée évitée de justesse bien sur. J'en viens presque à oublier la question de l'atterrissage … Parce que, déjà qu'en temps normal, j'y arrive pas, vouloir atterrir ce soir dans ma rue serai strictement impossible … Ma seule solution : l'espace dégagé le plus proche de chez moi, la Place Athéna.
A peine arrivée au dessus, le fais le tour de la fontaine pour me placer en vol stationnaire dans un endroit vide. Il est temps de redevenir moi, et sans me vautrer si possible ! Aller, courage ma fille, tu peux le faire, tu peux y arriver, tu vas réus *BAM* à ben non.
Je viens en effet de me vautrer lamentablement pas terre, étalée sur le sol froid en mode « superman ».
La grande classe.
Pourvus que personne ne m’ait vu ….

… Et ben si, quelqu'un m'a vu. Et ce quelqu'un me regarde fixement depuis le bord de la fontaine. Pourquoi faut-il toujours que, lorsqu'il m'arrive quelque chose de vraiment ridicule, il y ait des gens dans les parages, hein ? A croire que c'est fait exprès ! L'Univers m'en veut, c'est sur et certain ! M'enfin, si ce n'était que ça, mais en plus de m'être rétamé sur le sol dur et froid de la place, ce qui en soit était déjà très inconfortable et douloureux je tiens à le préciser, et d'avoir récolté quelques bleus au passage, la personne qui me regardait maintenant avec un grand sourire m'avait à coup sur balancé de l'eau dessus. Cherche pas, je le sais ! Même si, au vu de la température ambiante, j'arrive plus trop à faire la différence entre le sol humide et l'eau de la fontaine qui trône au centre de la grande place presque vide.

Bon, la bonne nouvelle, c'est que ça m'avait fait réagir dans l'instant, et que en une seconde j'étais de nouveau sur mes pieds, entrain de me secouer pour me débarrasser de l'eau glacé avant d'avoir vraiment froid. Enfin, encore plus que maintenant je veux dire. J'ai horreur d'être malade, c'est nul de se sentir mal dès qu'on bouge … Bref, après m'être secouée, avoir retrouvé une partie de mes esprits et avoir réussit à re-situer où se trouvait le haut et le bas de cette île (et éventuellement après de la fille en face de moi ait finit en tanguer violemment), je me suis tournée vers celle qui attendait, toujours assise sur la fontaine, avec beaucoup plus de classe que moi.
Elle semblait plus vieille que moi, sûrement plus de vingts ans, les cheveux noirs et courts, l'air supérieur et elle avait une sorte de petit sourire sournois …. J'l'aime bien elle ! Oui bon, ok, j'aime tout le monde, mais elle ne fait pas exception quoi. Ça aurait pu, si si, j'vous jure, il m'arrive de pas aimer des gens ! Ceux qui me vole la dernière part de gâteaux, par exemple, ils le regrettent vite ! Comment ça c'est une raison ridicule ? M'en fou, c'est mon gâteau, et puis c'est tout !

Gâteau mis à part (vous êtes prévenu), …. On en était où déjà ? Awii, fille, devant moi, fontaine, eau froide qui mouille, et moi pas très réveillée. Cool. Je me suis rapprochée d'elle, en marchant le plus droit possible (et j'ai réussit en plus, applaudissez moi!), pour lancer fort joyeusement :

« Bonsoir ! »