Putain tu fais chier ▬ Judith |MIAMI|.

« J'arrive jamais à te faire la gueule plus de cinq minutes, t'es chiante. Je perds toute ma crédibilité après ! »

Qu’il est mignon mon petit Ethan d’amour. Aaarg mon bébé chou, je l’adore trop. Lolilol, z’y avez cru ? Foncez dans le mur, je parlerai jamais comme ça d’un pote, moi. Même pas de mon futur mec ou quoi, tfou j’demanderai à mon frère de me cracher dessus si un jour je causerai comme ça ou quoi. Je préfère encore piétiner ma fierté et me faire humilier devant tous les êtres magiques sur cette île que de m’exprimer telle une poufiasse en chaleur. M’bref. J’aime traiter les gens ; c’est cool. Malheureusement il y en a toujours un pour ouvrir sa grande gueule pour dire des conneries & du bla bla bla inintéressant, genre " ouais mais tu devrais pas, c’est mal ... " ou " la roue tourne, tu sais …" sauf que dommage pour eux, j’en ai rien à battre. Alors quand quelqu’un ose (si, si, j’ai bien dit OSE) m’insulter, me provoquer, me chercher ou autre, autant vous dire de suite -oui car apparemment je ne vous ai pas assez prévenus- qu’il vaut mieux ne pas être dans les parages lorsque je pète un plombs.

« Normal, on parle de moi là, quand même. » Un léger sourire étira mes lèvres. « De quelle crédibilité tu parles ? » Ou comment sous-entendre qu’il n’avait pas l’air sérieux en permanence et ce tout en douceur. Je l’ai à son tour éclabloussé d’eau de mer -hen juuuure la vie de ta youm- en essayant tant bien que mal de ne pas lui en mettre au dessus de son cou, histoire de pas le laisser se brûler les yeux ou je ne sais quoi d’autre. « Je rigole ma petite fée. » Sans doute le savait-il déjà (obligé), mais il est parfois bon de se répéter, on sait jamais trop. Quoique. En réalité avec lui c’est même pas la peine. Monsieur le Faënor-Illendal me connaît très bien, entre nous c’est magnétique : jamais l’un sans l’autre, tout le délire qui va avec. Bref on s’comprend. Sans attendre de réponse ou quoi que ce soit de sa part, je m’étais mise sur mon dos, les mains croisées au niveau de mon nombril, les yeux fermés, la bouche aussi (comment ça branle ?).

J’en peux plus. C’est trop calme. Mes sourcils se froncèrent. « C’est que des imbéciles ceux qui disent que si tu fais la planche tu t’retrouves à un kilomètre de là où t’étais à la base. Moi ça fait cinq bonnes minutes que j’suis allongée comme une prostituée qui attend son client Nemo version bling bling pour se faire ken, et j’ai toujours pas bougé d’un seul pouce ! »  Et voilà, il fallait que je gueule. Plus fort que moi, uzgunum [8D]. Ouais nan mais tu vois moi je peux pas présenter mes excuses comme ça en la langue qu’on parle sur cette maudite île de bisounours empôtés. Du coup je le dis en Turc. Mmh, comment je sais parler un chouya cette langue ? No sé. Pas la peine de chercher, tu trouveras pas de réponse à ta question. « Tu te souviens de la première fois qu’on s’est rencontrés ? » Mes yeux restèrent alors fermés, tandis que le très léger sourire sur mes lèvres devint un normal, mais qui venant de moi était similaire au plus radieux qui puisse être fait au Monde. Tous les souvenirs qui me passaient par la tête à cet instant là étaient comme … Comme … J’en perds mes mots. Pour tout vous dire ça me touchait énormément de repenser à mon adolescence. Et les images defilèrent devant mes yeux comme si je regardais un film au cinéma, bien que là ce dernier était projeté ailleurs, et que je n’étais pas assise confortablement les fesses au chaud dans un large fauteuil *, mais bien allongée ou plutôt flottant sur l’eau d’une des plus belles plages de Californie.

Mes grands yeux s’ouvrirent en même temps que ma bouche. « Je ne regrette pas ce jour là. » Cette phrase avait été prononcée en un seul souffle, tel un murmure à peine audible… Ou plutôt un cri du coeur. Je ne suis pas une jeune femme à croire sur parole et ça je le sais mieux que personne, et pourtant… Il m’arrive des fois d’être plus sincère que n’importe quelle autre sur cette terre. Au moment même où j’avais terminé de parler, une larme coula de mon oeil droit. Jared ne l’avait sûrement pas remarquée. Si ça se trouve, il ne m’écoutait même pas. Mais tant pis. Tant qu’il est conscient de tous les sentiments que je ressens pour lui comme pour tous ceux qui me sont proches, peu importe les paroles douces, les actes affectifs et autres du même genre. Je n’ai pas l’habitude de m’ouvrir comme ça, mais le fait de repenser à mon passé me rend toute sensible. Je n’ai pas été entourée par un père et une mère lorsque j’étais plus jeune, je n’ai pas été élevée par des adultes responsables, je n’ai pas connu ce que c’est que l’amour au sens propre du terme, je ne me suis que très rarement confiée et lorsque je le faisais c’était à des personnes qui m’étaient très proches comme mon meilleur ami et… John. Même pas à mon frère aîné. N’allez pas croire que je suis une meuf qui se prend pour une diva sans pitié, égoiste, méchante, de mauvaise foi et je ne sais quoi d’autre. Je le suis sans doute à moitié, certes, mais sachez que j’ai tout de même un bon fond. Vraiment, vraiment, vraiment au fond ; sera la personne comblée qui aura la patience de creuser jusque là où se trouve celle qui se cache sous cette carapace de démone. Ekzael m’a souvent dit lorsque j’étais plus jeune que je ressemblais énormément à Jumana, ma mère. C’était une ange. La seule différence entre elle et moi c’est qu’elle avait la force de ne pas basculer vers le monde de mon père qui lui était connu comme étant l’une des pires fréquentations de l’île. Un père indigne, que les gens disaient. J’ai préféré suivre le chemin d’Abel à celui de Jum. Les Dieux m’ont déjà punis, je n’ai plus mes ailes blanches. Quoique… Je ne les regrette pas. La couleur noire me plaît tellement plus. La pureté de mes anciennes m’aurait faite culpabiliser de longs mois voir de longues années à cause de la déviation quant à l’avenir que me voulaient mes parents. Il n’y a que très peu d’anges déchu ; nous sommes au total quatre **.

Les autres passent leur temps à nous remettre sur le tapis que l’on devrait avoir honte d’avoir ce titre là, que l’on devrait se faire discrets au lieu de faire ce que l’on fait actuellement : soit tout le contraire.

Beaucoup jugent, très peu savent, les vrais se taisent et les jaloux ragent.