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 The white fox is sad. ~ Raphaël

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Julian
Julian "L" S. Ramsey
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mar 17 Mar 2015, 01:51





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Tu ne sais pas pourquoi cet homme se confond en excuse. Il n'est en rien responsable de ton état pitoyable. Tu es la seule responsable de ce qui t'arrive, Juliette. Celle qui n'a pas su remarquer à temps le changement dans le comportement d'Oliver. De même, tu n'avais pas pu prévoir que tu croiserais la route d'un superbe étalon et de son lié sous ta forme animale. Tu ne pouvais pas non plus prévoir que tu te blesserais sur son épée-stylo. En fait, c'est le hasard qui a fait les choses ce soir. Raphaël n'avait pas à s'en vouloir. Il ne te connait même pas. Et la réciproque était vrai. Alors pourquoi t'aide-t-il comme il le fait? Pourquoi est-il si gentil avec toi? Tu n'es rien d'autre qu'un vulgaire déchet, prête à être jetée à tous moments. Comme lui l'avait fait autrefois...

Il n’est jamais trop tard pour commencer. J’ai toujours adoré ce sport, et plus particulièrement les chevaux. J’ai toujours préféré être avec eux plutôt que de briller en tant que cavalier. Même quand je me retrouvais à mordre la poussière, je retournais aussitôt en selle en me disant que je ne pouvais que m’améliorer. Ce sont des animaux nobles et intelligents. J’ai toujours apprécié leur présence réconfortante. La voix douce du blond suffit à te faire sortir de ta torpeur. Tu étais d'accord, les chevaux sont des bêtes nobles et intelligentes. Elles savent si bien nous comprendre. Tu aurais bien aimé avoir un affilié, toi aussi. Peut-être qu'il t'aurait aidé à remonter cette pente abrupte et glissante. À cette pensée, ta poitrine se serra avec jalousie. Pas cette jalousie malsaine qui rend possessif et qui détruit une personne. Une simple jalousie de ne pas posséder d'affilié en cas de besoin. Car tu n'avais personne, Juliette. Enfin, presque personne. Peu importe ton état, tu réussissais à faire des rencontres. De belles rencontres. Des gens gentils et qui ne te questionnent pas sur ta douleur intérieure. La douleur la plus destructrice qui soit. On dire toujours que l'on peut guérir d'une blessure physique, mais que guérir d'une blessure intérieure était plus difficile. Dans ton cas, ça ne voulait pas partir. La tristesse et la douleur te hantent à chaque jour qui passe. Tu n'as pas de répit et tu sombres un peu plus dans les méandres de ta douleur déchirante.

Raphaël te tendait un mouchoir en tissu usé, alors que tu clignais des yeux pour revenir dans la réalité. Peut-être sombrais-tu plus facilement dans tes pensées morbides à cause du froid? Tu ne sens plus tes pieds et le froid mord ta peau délicate. Tu es sûre de faire une hypothermie si tu ne te mets pas à l'abri bientôt. Et tu ne veux pas mettre ta mort sur la conscience de ce jeune homme. Tu empoignes doucement le mouchoir de ta main tremblante, mais pas de froid. Tu essuies doucement ta cuisse pour ensuite la recouvrir. Tu fait glisser ton regard mort sur Spirit et tu ne résistes plus à l'envie nouvelle de le caresser. Vous pouvez le caresser sans crainte, il ne le montre pas mais il adore ça. Si vous aviez une tenue appropriée, je vous aurais bien proposé de vous montrer les rudiments de l’équitation… une prochaine fois, peut-être. Tu te figes et tournes lentement ton visage fin dans la direction de Raphaël. Soudain, pour la première fois depuis qu'Oliver t'a jeté comme un chiffon usé, une étincelle passe dans ton regard et tes lèvres esquisses ce qui pourrait bien être un sourire. Aussi infime soit-il, ce sourire avait bien eu lieu, de même que pour l'étincelle dans ton regard qui n'a duré que quelques secondes à ce que le blond t'avait proposé. Vous... Vous me montreriez?

On pouvait lire quelque chose de nouveau sur ton visage d'ordinaire si fermé. De la joie, peut-être. La joie de pouvoir partager un moment avec un animal si majestueux. Une minute passa avant que tout ne s'écroule de nouveau. Comme si ça ne s'était jamais produit. Sauf que cette minute avait bien existé et elle était le premier pas dans la bonne direction. Le seul pas que tu as fait jusqu'à maintenant. Tes yeux redevenus mornes et vides se posent au loin. Je ne compte aller nulle part. Je veux juste... je veux... oublier... Ton regard s'était baissé et les larmes menaçaient encore de couler. Mais tu les en empêches, car tu ne veux pas mettre plus de tristesse dans la vie de cet homme. Lui aussi semblait avoir vécu quelque chose de douloureux. Peut-être était-ce sensiblement la même douleur que la tienne? Vous accepteriez de me conduire à une auberge à Chloris? Là-bas, au moins, je ne replongerai pas... Dans la douleur qui plane chez toi. D'un coup que tu fasses une bêtise semblable à celle que tu avais déjà faite et qui t'avait valu ton arrivée sur cette île. La mort, Juliette. Ou pour être plus précis, le suicide. C'est une chose qui paraît tellement terrifiante, mais puisque tu l'as déjà côtoyé, ce mot ne te fait plus peur. Tu sais ce qu'est la mort, car tu y as goûté, même si c'était court.

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Raphaël I. M. Elosiam
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mar 17 Mar 2015, 22:51

Pourquoi l’aidais-je, au final, dans toute cette histoire ? Parce qu’elle en avait besoin, je le sentais, mais ce n’était pas tout. J’en avais certainement aussi besoin. De me sentir utile, de pouvoir rendre le sourire à quelqu’un et qu’en retour, mon propre cœur s’apaisât de cette douleur omniprésente. Je lui tendais une main, métaphoriquement, pour qu’elle sortît de ce chemin tortueux et sombre sur lequel j’avais déjà voyagé, il y avait de cela une quinzaine d’années. Parce que personne ne méritait de souffrir ainsi. Et parce que, mon instinct me le soufflait, une meilleure vie devrait lui sourire. Juliette, un surnom à consonance française. Pourquoi le portait-elle ? Qui le lui avait donné ? Mystère. Mais ce n’était pas le moment pour moi de m’en interroger. Il fallait la tirer de ce mauvais pas petit à petit. C’était comme un prisonnier qui n’avait pas vu la lumière depuis des années ; son premier contact nous effrayait, nous brûlait presque, sauf si elle nous apparaissait avec douceur. Et une fois que nous y regoûtions, nous ne pouvions plus nous en passer, même si parfois, le temps passé dans l’obscurité ressurgissait sur notre visage.

Cette pauvre enfant ne devait pas posséder d’affilié, sans quoi, elle ne se trouverait probablement pas seule ici, en pleine nuit, sous les intempéries. Quel dommage… mais, il n’était jamais trop tard, je ne doutais pas qu’un jour elle en rencontrerait un. Et ce serait un véritable soutien pour elle, le tremplin qui lui permettrait de remonter la pente, sans autre aide que ce nouveau compagnon, un peu comme Spirit l’avait fait avec moi, même si dans mon cas j’avais déjà commencé à revivre. Juliette se saisit du mouchoir usé que je lui tendais. Sa main tremblait, avait-elle de nouveau plus froid ? Ou était-ce autre chose ?... Je me posais décidément trop de question à son sujet. Je devais me montrer patient et la laisser parler, si elle le voulait. Juliette continua de caresser mon affilié, de ce regard toujours vide qui m’attristait, pour elle. C’est alors que je lui fis la proposition de lui apprendre à monter, un jour. Et là, j’obtins enfin une réaction encourageante. Ses yeux se posèrent sur moi, une nouvelle lueur les illuminant. Ses lèvres s’étirèrent légèrement en un fin sourire, léger, mais sincère et bien présent.

- Vous... Vous me montreriez ?
- Bien sûr, répondis-je aussitôt, enthousiaste à l’idée d’avoir trouvé une solution pour elle. Dès que vous le souhaitez. Mais pas avant que vous ne vous soyez un peu rétabli. L’équitation demande un minimum de bonne santé.

Son air enjoué s’effaça bien vite, remplacé par cette expression résignée qui ne lui convenait tellement pas. Si vite, que j’aurais pu croire avoir rêvé. Et pourtant, ce sourire, cette lueur dans son regard m’avaient trop marqué pour n’être que le fruit de mon imagination. Mon regard s’égara un instant sur le paysage hivernal. Heureusement que le printemps approchait ; un peu de soleil réchaufferait bien des cœurs, même les plus enfouis.

- Je ne compte aller nulle part. Je veux juste... je veux... oublier...

Un sourire triste étira mes lèvres, compatissant et compréhensif. Oublier… je l’avais souhaité tant de fois, moi aussi, que cette douleur s’effaça de mon corps et de mon esprit. Et pourtant une part de moi avait toujours refusé, car les événements de notre vie, y compris les plus terribles, nous apportaient toujours quelque chose. L’oublier, ç’aurait été comme tirer un trait sur mes souvenirs, et je ne pouvais décemment pas renier la mort de ma femme et de mon jumeau… Alors, je vivais avec. La douleur était toujours là, mais elle me faisait moins souffrir qu’avant. Seul ce vide dans mon cœur restait intact. Il n’avait pas pris d’ampleur, grâce à Spirit, mais il n’avait pas diminué pour autant. Comment le remplir ? Se remplirait-il un jour ? Autant de questions qui ne trouveraient de réponse que si je vivais pleinement cette seconde chance offerte par le roi des Enfers.

- Oui, je comprends… Mais ne vous oubliez pas vous-même. Souvenez de ce que vous êtes, et surtout de ce que vous étiez.

Je lui offris un doux sourire pour appuyer mes paroles. Elle était libre de les interpréter comme elle le souhaitait, de toute façon, elle ne les comprendrait que de la manière qu’elle souhaitait. Je soupirai, soudain fatigué. Que d’aventures pour cette nuit. Je n’aurais pas imaginé que tout ceci arriverait… mais comme bien des choses qui m’étaient arrivées.

- Vous accepteriez de me conduire à une auberge à Chloris? Là-bas, au moins, je ne replongerai pas...

Pour ne pas ressasser de nouveau les fantômes de son passé, pour ne pas se laisser submerger à nouveau par ces tentacules de peine et de désespoir qui l’assaillaient chaque fois qu’elle baissait sa garde… Oui, j’avais connu ça moi aussi, alors je ne pouvais qu’acquiescer à sa demande. Spirit dressa les oreilles, enthousiaste à l’idée de se remettre en route.

- Oui bien sûr… C’est par ici il me semble ? demandai-je en pointant une direction de ma main gantée. Avec toute cette neige, et en pleine nuit, je doute un peu, je dois l’avouer.

Je me saisis des rênes de Spirit pour les faire passer au-dessus de sa tête et commençai à le guider vers la ville fleurie.

- Installez-vous bien, n’hésitez pas à agripper le pommeau de la selle si besoin. Et gardez les jambes du même côté, tout en regardant vers l’avant. On appelle cela la montée en amazone, car les femmes l’utilisèrent pendant longtemps, à cause de leurs tenues peu appropriées pour monter comme les hommes.

Une première leçon qui lui redonnerait sans doute un peu d’énergie. Elle m’avait l’air curieuse de nature, alors je ne doutais pas qu’elle se montrerait attentive et avide d’apprendre. Et cela me ferait beaucoup de bien, à moi aussi, de partager un peu de mon savoir. En somme, d’avoir une compagnie autre qu’animale.
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mar 24 Mar 2015, 01:54





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Oui, je comprends… Mais ne vous oubliez pas vous-même. Souvenez-vous de ce que vous êtes, et surtout de ce que vous étiez. Ses mots résonnaient encore dans ta tête. Se souvenir... Tu t'en souviens du temps où tu étais heureuse, Juliette. Tu t'en souviens cruellement. Ton bonheur, c'était lui. Oliver. En un sens, il a créé la personne que tu étais et que tu n'es maintenant plus. Il t'a brisé, comme on casse une assiette sur le sol. Tu es en miettes, mais ça, on s'en fiche, n'est-ce pas? Bien sûr... Quoiqu'il en soit, te souvenir creusait ce trou en toi que tu n'arrivais simplement pas à boucher. Se sont les souvenirs de ton toi passé qui alimente la noirceur de ce vide à l'intérieur de toi. Tu es incapable de repenser à ce que tu as déjà été sans que tu ne sombres un peu plus dans cet état lamentable.

Tes yeux ne reflètent plus rien depuis un trop long moment et la lueur que tu as laissé entrevoir à Raphaël n'était peut-être qu'une simple illusion. Non. C'est bien arrivé, mais c'est disparut si vite que tu te demandes si cela refera surface un jour. Peut-être. Ou peut-être pas. Oui bien sûr… C’est par ici il me semble ? Avec toute cette neige, et en pleine nuit, je doute un peu, je dois l’avouer. Au son de sa voix, tu clignes des yeux, un peu surprise de t'être laissé distraire par tes pensées. Tu le regardes et vois la direction dans laquelle il pointe. Alors tu hoches doucement la tête pour confirmer sa supposition. C'est bien par là qu'est Chloris, la ville fleurie. Peut-être les fleurs t'aideront-elles à apaiser ce coeur meurtri? Le vampire empoigne les reines de son cheval et commence la marche vers la ville à ta requête. Installez-vous bien, n’hésitez pas à agripper le pommeau de la selle si besoin. Et gardez les jambes du même côté, tout en regardant vers l’avant. On appelle cela la montée en amazone, car les femmes l’utilisèrent pendant longtemps, à cause de leurs tenues peu appropriées pour monter comme les hommes. Attentive aux paroles de Raphaël, tu agrippes le pommeau de la selle et regarde droit devant. Cependant, ton dos est toujours voûté, comme à son habitude. Cela t'intriguait, n'est-ce pas, Juliette? Cette petite leçon t'avait quelque peu ragaillardie et ta curiosité l'emporta sur tes larmes. Elles ne pouvaient pas porter les mêmes habits que les hommes? Cela t'intéressait vraiment.

Tu as toujours la même expression malgré ton intérêt nouveau pour ce que le blond te racontait. Il en faudrait un peu plus que ça pour raviver cette flamme en toi. Il faudrait aussi un peu de temps, car tu ne peux pas changer du jour au lendemain. Enfin, quand c'est d'une dépression au retour à la normale, ça n'est pas possible. Même si l'inverse arrive trop souvent. Comme dans ton cas. Et les gens finissent par succomber à leur détresse avant de se suicider. Exactement comme tu l'as fait. Ça n'est pas facile de survivre à une telle peine, mais maintenant, tu t'efforces de te redresser, même si quelques jours, tu sombres un peu plus. Au fond, tant que tu es seule, tu ne réussiras jamais à remonter la pente abrupte de ta peine viscérale. Autant t'y faire, ma chère Juliette, tu as besoin des autres. Plus que jamais. Vous... Vous avez perdu un être cher, vous aussi?

... C'était plus fort que toi, hein, Anna?

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J'ai traversé le portail depuis le : 18/12/2014 et on me connaît sous le nom de : Etilya. Mon nom est : Raphaël Ilwan Matys Elosiam. Actuellement je suis : veuf et hétéro. Il paraît que je ressemble à : Aoi Kaji de kiniro no corda et à ce propos, j'aimerais remercier : Kingyo pour le vava et Bunny pour la signa ♥
Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mar 24 Mar 2015, 18:27

Je lui avais donné des conseils quant à la façon de se tenir sur la selle, mais voudrait-elle seulement les appliquer ? Elle m’avait l’air tellement désespérée que c’était un miracle si mes paroles parvenaient à se frayer un chemin jusqu’à son esprit en peine. Toutefois, un coup d’œil derrière mon épaule me permit de vérifier qu’elle m’avait entendu. Elle se tenait agrippée au pommeau de son siège, mais toujours voûtée, comme si le poids du monde reposait sur elle. En un sens, lorsque notre cœur souffrait, c’était un peu l’impression qu’on avait. Que l’univers pesait sur nous, nous écrasait, nous étouffait, jusqu’à nous réduire à l’état d’un petit insecte facile à piétiner. Je le savais parce que je l’avais ressenti, ce sentiment d’impuissance, de désespoir, d’étouffement. Néanmoins, j’arrivais à l’atteindre derrière cette peine interminable qui l’assaillait.

- Elles ne pouvaient pas porter les mêmes habits que les hommes?

Un sourire étira mes lèvres. Une question curieuse et innocente, qui toutefois n’était en rien stupide. Et savoir qu’elle s’intéressait réellement à ce que je disais me rassurait. Cela signifiait qu’elle ne sombrait pas totalement dans les méandres de son esprit torturé. Qu’elle laissait une lumière s’approcher d’elle sans chercher à la fuir ou à la repousser.

- Et bien, à mon époque, ce n’était pas convenable pour une femme de s’habiller comme un homme. Quelques-unes bravaient les coutumes, cependant. Moi, ça ne m’a jamais vraiment dérangé qu’elles se vêtissent des mêmes habits que nous pour monter. Enfin, la montée en amazone n’est plus tellement d’actualité maintenant. Seules quelques écoles d’équitation la pratiquent encore aujourd’hui.

Je continuais de marcher, faisant crisser la neige sous mes pieds. Les sabots de Spirit s’enfonçaient de plusieurs centimètres, sous son poids et celui de la jeune fille, bien que négligeable comparé au sien. Mon affilié se laissait guider sans un bruit, quelque peu fatiguée par notre course et un peu groggy à cause du froid. Cependant Juliette avait besoin d’un toit et d’un repas chaud pour reprendre des forces, et surtout, elle avait besoin de soins. Je n’avais pas de don de guérison, sans quoi je m’en serais occupé depuis le début. Soudain, mon étalon trébucha, sans doute après avoir buté contre un obstacle invisible à cause du manteau immaculé. Une grosse racine, certainement. Il se rattrapa sans difficulté, mais je me tournai vers sa cavalière improvisée.

- Ça va ?

Elle n’était pas tombée, en tout cas. Il nous fallait faire attention où nous mettions les pieds, mais ce n’était pas évident, puisque nous ne voyions pas le sol. Heureusement que la neige ne tombait plus ; la visibilité s’en améliorait, ce qui n’était pas de trop. Je me baissai pour attraper une longue branche morte. Voilà qui ne serait pas inutile pour la suite du voyage jusqu’à Chloris. Je m’en servis par la suite pour m’appuyer dessus ou sonder le sol devant les pattes de Spirit, histoire qu’il ne risquât pas de se blesser une jambe. Une telle blessure, anodine pour nous, se révélait dramatique pour les chevaux.

- Vous... Vous avez perdu un être cher, vous aussi?

Je m’attendais à cette question, et pourtant elle me prit tout de même au dépourvu. Je n’en parlais jamais ; je n’avais personne à qui en parler de toute façon. J’avais du mal à me lier aux autres, non pas par manque de sociabilité, mais simplement par crainte. La peur de souffrir, encore. Parce que le temps n’avait aucune emprise sur moi, contrairement à la plupart des habitants de l’île. Et parler de mon passé, malgré tout ce temps, m’était toujours aussi douloureux. Je ralentis le pas avant de m’arrêter un instant, la main gauche serrant le médaillon qui pendait à mon cou ; celui qui avait appartenu à mon frère. Puis, machinalement, mes yeux glissèrent sur mon annulaire gauche, celui qui, en compagnie de Sophie, avait porté l’alliance. J’attendis un instant avant de lui répondre, la gorge serrée.

- Oui… Mon frère jumeau et ma femme, il y a longtemps. Je… je n’ai jamais réussi à faire le deuil.

Ma voix s’était brisée sur la fin. Mon cœur se serrait à leur souvenir. Mes yeux se perdirent dans la neige à mes pieds. Mais je ne la voyais pas. Des images défilaient devant mes yeux ; celles des jours heureux, où mon frère et moi jouions dans la cour, ou lisions dans la grande bibliothèque du domaine familial à Versailles. Des souvenirs de ma femme, souriante, qui me prenait la main pour m’attirer vers ce qui avait attiré son attention. Et puis, je les revoyais, baignant dans leur sang, le visage pâle et le regard voilé. Je fermai les yeux pour contenir les larmes qui menaçaient de couler d’un instant à l’autre.

- Même après seize ans, c’est toujours aussi douloureux. Excusez-moi, je ne veux pas que vous vous sentiez coupable. Je n’ai pas besoin qu’on m’en parle pour m’en souvenir.

Et pour souffrir, en l’occurrence… mais ces mots ne franchirent jamais la barrière de mes lèvres. Je repris ma marche, plus pour chasser ces pensées que pour réellement avancer. C’était leur souvenir qui m’avait empêché de trouver le sommeil, cette nuit, parce que chaque fois que mes yeux se fermaient, je les revoyais. Je devais faire bien triste figure, en cet instant. Comme quoi, Juliette et moi nous ressemblions plus qu’il n’y paraissait.
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mer 25 Mar 2015, 02:49





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Et bien, à mon époque, ce n’était pas convenable pour une femme de s’habiller comme un homme. Quelques-unes bravaient les coutumes, cependant. Moi, ça ne m’a jamais vraiment dérangé qu’elles se vêtissent des mêmes habits que nous pour monter. Enfin, la montée en amazone n’est plus tellement d’actualité maintenant. Seules quelques écoles d’équitation la pratiquent encore aujourd'hui. Sa réponse avait été plus que satisfaisante. Tu ne connaissais rien de ce temps lointain, ta vie étant beaucoup plus courte que celle du blond. Tu ne crois pas que tu aurais été capable de vivre une aussi longue vie après la façon dont Oliver t'a traité, rejeté. Cela t'avait tellement brisé le coeur que tu en avais mal physiquement. Tu sentais tout ce poids affaisser tes épaules vers l'avant avec une douleur telle que tu avais du mal à te concentrer sur le moment présent. Dire que tu avais été blessée n'était pas assez fort. Détruite serait plus juste. Quoique encore là... C'est fou ce que l'amour peut être la plus belle chose sur Terre en étant également la chose la plus affreuse. Celle qui peut vous rendre plus fort et qui peut vous détruire bien plus efficacement qu'un couteau en plein coeur.

Tu vois bien que ta question le prend au dépourvu même si tu te doutes qu'il s'en attendait. Cette peine et cette nostalgie que tu avais pu discerner un court moment sur ses traits un peu plus tôt t'étaient familières. La perte d'un être cher. Tu savais que contrairement à toi, la ou les personnes qu'il avait perdu étaient morte. Tandis qu'Oliver est toujours bien vivant. Pourtant, tu aurais largement préféré avoir ce genre de peine que celle que tu ressens aujourd'hui. Raphaël ralentit le pas et s'arrêta un instant. Tu ne voyais pas bien, mais sa main gauche serrait quelque chose. Sûrement une chose précieuse qui ne lui appartenait pas au départ. Plusieurs secondes passèrent avant que sa voix ne te parvienne, légèrement étouffée. Oui… Mon frère jumeau et ma femme, il y a longtemps. Je… je n’ai jamais réussi à faire le deuil. Tes épaules s'affaissent encore plus vers l'avant. Si bien que si tu n'avais pas tenue le pommeau de la selle, tu serais tombée dans la neige. Pourquoi avais-tu posé cette question ridicule? Pourquoi lui faire revivre ce moment douloureux? Pourquoi t'enfoncer dans cette marre de douleur? Tu avais fait resurgir de mauvais souvenirs à Raphaël et maintenant, tu t'en voulais. Même après seize ans, c’est toujours aussi douloureux. Excusez-moi, je ne veux pas que vous vous sentiez coupable. Je n’ai pas besoin qu’on m’en parle pour m’en souvenir. Sa douleur est beaucoup plus ancienne que la tienne. Néanmoins, tu savais que même si tu n'avais pas posé la question, il en soufrait quand même. Tout comme toi, il n'avait pas besoin que l'on évoque votre passé douloureux pour en souffrir et y penser. Au contraire, c'est ce qui te hante le plus. Tu ne peux pas penser à autre chose. Le blond reprit la marche et tu savais sans le voir qu'il retenait ses larmes. Je suis désolée... C'est tout ce que tu pus dire avant que ta voix ne se casse pour mourir dans ta gorge. Tu avais envie de te laisser tomber de ce cheval pour t'écraser sur le sol, puis te relever et te jeter dans ses bras pour le serrer contre toi dans l'ultime espoir de pouvoir apaiser cette douleur similaire à la tienne. Sauf que tes jambes n'étaient pas assez fortes pour te soutenir bien longtemps. Mais au fond, tu t'en fichais bien jusqu'ici, Juliette, alors pourquoi tu t'en préoccupes maintenant?

Tu baisses tes yeux vers ta plaie à l'épaule qui a pratiquement cessé de saigner. Ta vue en profite pour s'embrouiller. Mon dieu, Raphaël venait de te montrer une faible image de toi-même et ça te faisait mal. Alors tu pus enfin comprendre le regard compatissant des autres sur toi. Tu n'aimais pas voir les autres souffrir, mais tu ne t'étais pas rendue compte que ça pouvait également être le cas des autres. Tu pleures sur la selle et ton regard glisse sur tes pieds bandés. Tu les bouges, évaluant leur dégât et leur force. Ça serait court, mais tant pis. Il en avait besoin et toi aussi. Tu lâches tout d'abord la mouchoir que tu maintenais appuyé contre ta plaie, puis c'est au tour de la selle. Tu tombes de Spirit, mais l'impact avec le sol est moins douloureux que tu ne l'avais d'abord pensé. À quatre pattes dans la neige, tu verses quelques larmes pour le voir s'écraser dans la blancheur des flocons tout comme quelques gouttes de sang avant de te lever sur tes jambes chancelantes. Tu ne les sentais presque plus, mais tu t'en fichais. Tu n'avais qu'un seul but en tête. Raphaël! Ce fut un cri qui retentit dans la nuit alors que tu t'élançais vers lui pour le percuter de ton petit corps frêle et passer tes bras autour de lui. Tu le serres, Juliette. Tu le serres tellement fort que tu voudrais que ça efface sa douleur. Tes yeux sont fermés avec force et les larmes continuent de s'échapper de ceux-ci. Tu voudrais dire une tonne de choses, mais rien ne sortait de ta bouche. Et puis, il n'y a rien de mieux qu'un silence rempli de compréhension et de compassion pour apaiser les coeurs. D'ailleurs, cette étreinte te faisait un bien fou malgré la froideur de la nuit.

En espérant que ça fasse le même effet au blond...

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Raphaël I. M. Elosiam
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mer 25 Mar 2015, 23:12

La perte d’un être cher… cette douleur qui vous arrachait le cœur, qui vous broyait l’âme jusqu’à n’en laisser que des fragments, pâles fantômes de ce que vous étiez aux côtés de l’être aimé… Un cœur brisé qui peinait à battre, à se reconstruire, si une reconstruction était encore possible. Ce sentiment de vide, ce gouffre immense dans lequel vous menaciez de plonger à tout instant, simplement pour ne plus ressentir cette solitude déchirante… Une douleur qui puisait dans vos dernières forces pour vous laisser vidé de toute énergie. Cette souffrance qui jamais ne vous lâchait, se rappelant à vous au moindre souvenir pour vous torturer, encore et encore, jusqu’à vous couper le souffle. Voilà ce que je vivais depuis une quinzaine d’année. Même la mort n’avait pas suffi à me débarrasser de cette peine si profonde qu’elle semblait enracinée et impossible à détacher. Et pourtant je me trouvais là, encore vivant, mais vivais-je pleinement ? Je m’accrochais à la musique, je me plongeais dans l’écriture, je passais du temps avec Spirit, qui m’aidait grandement à me reconstruire, mais était-ce profiter de la vie ? J’avais beau faire des efforts, sans ma sœur pour me secouer les puces, comme elle le disait si bien, je ne cessais de penser à eux. Ces deux êtres qui jamais plus ne riraient, ne souriraient, ne respireraient. Ces deux êtres qui s’étaient vidé de leur sang sous mes yeux impuissants. Ces deux êtres qui étaient morts par ma faute.

- Je suis désolée...

Ce fut sa voix qui m’arracha à l’abîme dans lequel je m’enfonçais. Mes doigts relâchèrent la pression sur mon médaillon. Je contemplais le pendentif qui à présent reposait dans ma main, dernier vestige de mon jumeau, celui qui fut ma moitié pendant un siècle et demi. Celui avec qui j’avais partagé toute ma vie, sans exception. Que pouvais-lui répondre ? Qu’elle ne devait pas être désolée ? Non, cela ne servirait à rien. Que moi aussi, j’étais désolé, pour elle comme pour moi ? Et ainsi amplifier son sentiment de culpabilité, non merci… parfois il valait mieux rester silencieux. Le mutisme pouvait constituer une réponse tellement plus juste que des paroles inutiles. Spirit me donna un coup de tête en couchant les oreilles. Il n’aimait pas que je fusse dans cet état d’esprit. La main qui tenait le médaillon retomba le long de mon corps, tandis que l’autre caressait la tête de mon affilié.

- Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal, au fond… qu’ils soient partis pour de bon, ou que j’en sois responsable.

Si je n’avais pas été si inconscient à l’époque… ou si mon frère ne m’avait pas remplacé au chevet de ma femme, il… Il avait été tué parce qu’il me ressemblait trop. Le meurtrier s’était trompé de frère… Y’avait-il plus fort comme sentiment de culpabilité ? Vivre parce que votre ennemi avait frappé la mauvaise cible ? Et surtout, avoir gagné une seconde chance alors que lui, non. Nous n’avions jamais cherché à nous différencier physiquement, Mickaël et moi. C’était un jeu pour nous, que tout le monde nous confondît. Mais c’était ce qui lui avait coûté la vie. Si seulement… mais, nous referions le monde avec des si, n’est-ce pas ? Un son étrange retentit, se démaquant sensiblement des bruits environnants. Comme une fausse note. Comme un corps qui…

- Raphaël !

Je me retournai juste à temps pour la voir se précipiter sur moi. Son geste spontané me surprit tant que j’en restai interdit, la bouche entrouverte. Je la sentis se serrer contre moi, partageant le peu de chaleur qui lui restait. On ne m’avait jamais démontré un quelconque sentiment de cette façon… il n’y avait eu que ma mère, ou ma sœur. Je pouvais sentir ses muscles contractés à travers le tissu. Elle devait me serrer de toutes ses forces, mais pourquoi ? Pourquoi s’était-elle précipitée, pourquoi était-elle descendue de la selle, sachant que ses jambes encore fragiles ne pourraient la porter longtemps ? La compassion… je la ressentais maintenant, à travers tout son être, qui se propageait au mien.

Après un temps de surprise, mes bras se refermèrent autour de son corps frêle pour la serrer contre moi. Je fermai les yeux, maîtrisant mes larmes. Personne ne m’avait démontré tant de compassion, surtout de cette manière –et je n’y étais pas habitué, cela se sentait. Il faut dire que j’avais du mal à m’ouvrir. Juliette était la première à qui je me confiais de la sorte, du moins aussi vite après une première rencontre. Et même si ce n’était pas dans me méthodes, cela me faisait un bien fou… Le temps parut s’arrêter, comme s’il se prêtait à cet échange silencieux.

- Merci, murmurai-je dans un souffle à son oreille.

Un simple mot, qui pourtant voulait tout dire. Pourquoi en rajouter, cinq lettres se suffisaient à elles-mêmes ? Que quelqu’un me serrât dans ses bras pour me transmettre sa compassion, me consoler somme toute, et que je fisse de même... En tant qu’êtres qui souffraient, en tant qu’égaux. Je pris une grande inspiration, soulevant ma poitrine. L’air glacé pénétra dans mes poumons mais, curieusement, je ressentis plus une chaleur qu’autre chose. Celle apportée par une bonne âme.

« Vous êtes mignons. »

La remarque de mon affilié me fit l’effet d’une douche froide. Mes yeux s’agrandirent comme des soucoupes. Je clignai des paupières, avant de sentir mes joues s’empourprer. Je me détachai doucement de Juliette, très inconfortable.

- S-Spirit, enfin ! le réprimandai-je en regardant ailleurs.
« Quoi ? » demanda-t-il en couchant les oreilles.

L’innocence naïve de Spirit était parfois désespérante. Je me contentai de soupirer en secouant la tête avant de porter mon regard sur Juliette.

- Pardonnez-moi, c’est juste que… je n’ai pas l’habitude. Mais… je me sens mieux. J’espère que… c’est votre cas aussi.

Je lui offris un sourire un peu gêné, mais plus serein. Je ne lui avais pas menti ; je me sentais mieux. Mon cœur était un peu plus léger. Avoir partagé ces quelques fragments de mon passé, même à une parfaite inconnue, m’avait délesté d’un poids. Et cette étreinte… bien que je ne fusse pas très à l’aise avec ce genre de démonstration de compassion, du moins avec une jeune femme que je connaissais à peine, cela m’avait comme rempli. Et je souhaitais que ce fut aussi son cas.
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Jeu 26 Mar 2015, 04:12





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Il n'avait pas à se sentir coupable. C'est ce que tu aurais voulu lui dire alors que tu le serrais contre toi pour le réconforter. Mais tu n'avais pas pu lui dire, car tu te sentais aussi coupable de ce qu'Oliver t'avait fait ce jour-là. C'était ta faute s'il t'avait jeté comme une simple poupée désarticulée pour te briser à l'atterrissage. Quoiqu'il ait pu se passer, la façon dont son jumeau et sa femme sont morts, tout ça, ça n'était pas sa faute. Il n'y était pour rien. Peut-être que tu devrais commencer à penser ça de ta situation aussi, Juliette, tu ne penses pas? Tout serait tellement plus facile... Mais non. Tu te vautrais dans cet abysse malsain. Un trou noir qui t'engouffrait entièrement. Un vide incommensurable. Même si Oliver n'est pas mort, tu penses que ta douleur est similaire à celle de Raphaël. Enfin, tu la comprends parfaitement sa douleur, ça n'est pas la même chose? La perte d'un être cher... En y pensant correctement, tu te souviens de ton frère aîné. Il avait disparu du jour au lendemain sans que tu ne puisses l'empêcher. Il te manquait et tu le pensais mort à l'heure qu'il est. C'est aussi pour ça que tu le comprends. Vous n'êtes pas si différent, tout compte fait...

Ton geste purement spontané avait surpris le blond. Il était resté figé et tu tremblais dans ses bras, espérant de tout ton coeur qu'il y réponde. Car s'il ne le faisait pas... Ça te briserait encore plus. Et tu ne veux pas ça. Tu veux que cette étreinte de compassion vous apaise, l'un comme l'autre. Tu en avais autant besoin que lui. Alors des larmes glissaient sur tes joues et tes jambes peinaient à te soutenir à cause de tes tremblements supplémentaires. Ceux-ci étaient dus à une certaine insécurité. Puis finalement, ses bras se referment sur ton corps pour te rendre ton étreinte. Ton corps se détendit et le temps parut s'arrêter un moment. Tes tremblements cessèrent alors que vous partagiez votre chaleur. Tu étais bien et pour une fois, tu te sentais revivre. Cet échange silencieux te faisait un bien fou. Bien plus que tu ne l'avais d'abord pensé. D'ordinaire, depuis ta descente vertigineuse dans la déprime, tu avais de la difficulté à t'ouvrir aux autres. Ce geste t'avait surprise aussi, mais tu avais eu raison de laisser aller tes sentiments pour une fois. Merci. Ce n'était qu'un souffle dans ton oreille et le simple fait de l'entendre affirmer que cette étreinte l'apaisait te fit sourire. Un vrai sourire, Juliette. Tu avais encore cette capacité de calmer les gens et en retour, Raphaël t'avait aidé à te calmer. À calmer ta douleur. Et aussi à emplir une partie de ce vide en toi. Tu ne saurais comment l'expliquer correctement, mais il te faisait cet effet. Bien qu'il soit un parfait inconnu pour toi.

Tu sens sa poitrine se soulever alors qu'il inspirait un bon coup avant de sentir un certain inconfort de la part de Raphaël. C'est pourquoi, tu ne réagis presque pas lorsqu'il te repousse gentiment. Dommage, tu étais bien dans sa chaleur. Le froid te happa en te faisant chanceler et tu te souvins de la faiblesse de tes jambes bandées. S-Spirit, enfin! Tu pouvais le voir regarder ailleurs et ses joues étaient empourprées. Puis un soupir de la part du blond s'échappa de sa bouche avant qu'il ne secoue la tête pour reporter son regard sur toi. Pardonnez-moi, c’est juste que… je n’ai pas l’habitude. Mais… je me sens mieux. J’espère que… c’est votre cas aussi. Il souriait d'une façon gênée, son affilié l'ayant vraiment perturbé. Cependant, tu n'en fis rien. Seul ton regard sur Raphaël comptait. Enfin, pas seulement. Ton sourire aussi. Tu lui souriais d'une façon douce et rassurante. Un sourire qui n'était pas apparu sur tes lèvres depuis un trop long moment. Le blond avait su te le rendre, car tu ne pouvais pas t'en défaire. Tu te sentais bien, Juliette. Oui, je me sens mieux et je ne vous en veux pas d'être gêné, je n'ai pas l'habitude, non plus. Mais j'avoue que j'ai bien fait de laisser parler mon coeur. Pour une fois. Et merci. Merci d'y avoir répondu, à cette étreinte. Merci de t'avoir redonné un sourire, même s'il avait maintenant disparu. Cependant, ton visage ne redevint pas vide. Il affichait un air serein, car pour un fois, tu ne sentais plus la douleur t'opprimer la poitrine. C'était comme s'il t'avait libéré d'une partie de ton poids.

Tu retournes vers Spirit dans le but de te hisser sur son dos, mais tes jambes n'apprécient pas et tu perds pied, percutant au passage de plein fouet le blond. Heureusement qu'il put te rattraper. Désolée, mais mes jambes ne me supportent plus. Ton changement d'attitude ne pouvait être que libérateur pour toi et rafraîchissant pour Raphaël. Tu te rendais compte de bien des choses grâce à lui et tu sentais que votre relation amicale n'en finirait pas là. Du moins l'espérais-tu.

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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Jeu 26 Mar 2015, 23:23

La culpabilité. Un sentiment qui me poursuivait depuis bien trop longtemps, selon ma sœur et mes parents. Un sentiment dont je n’arrivais pas à me détacher, même après seize ans, même à force d’entendre des contre-arguments de ma propre opinion. Je ne vais pas vous refaire une chaîne de « si », mais le fait était là ; mon frère avait été tué parce qu’il avait pris ma place pour une journée. Parce qu’il me ressemblait trop. Sa vie ainsi que celle de ma femme, et de l’enfant qu’elle portait, s’étaient envolées en l’espace de quelques minutes, simplement parce que je n’avais pas été là pour eux. Pour seulement quelques minutes d’absence, les rares pendant lesquelles je n’étais pas avec mon frère. Cette culpabilité qui me rongeait, qui s’agrippait à moi telle une sangsue infernale… elle avait été balayée, l’espace d’un instant, par la compassion de Juliette. Son étreinte spontanée avait suffi à réaliser un exploit. C’était notamment pour ça que je la remerciais. Me faire sentir, l’espace d’un instant, aussi libre et léger qu’un oiseau.

Je ne voyais pas son visage, néanmoins j’eus l’impression qu’elle souriait. Mon instinct me le dictait, sans doute. Et puis Spirit vint ajouter son grain de sel. Fortement embarrassé, quand bien même Juliette ne put l’entendre, je me détachai délicatement d’elle, pour qu’elle ne crût pas que je la chassais. Elle devait se demander ce qui me prenait, à regarder ailleurs, le rouge aux joues. Mon malaise passé, je la fixai de nouveau, souriant. Et je le vis. Ce sourire, sincère, doux et rassurant, qui me mit du baume au cœur. Ma gêne s’évapora, comme si cette simple vision l’avait balayé d’un souffle de vie. Qu’était-ce l’embarras, comparé au sentiment de revivre ? Et celui d’avoir accompli une bonne action ? Car, j’aimais faire du bien autour de moi, et je voyais dans le regard de l’hybride que cette étreinte l’avait, elle aussi, rassérénée.

- Oui, je me sens mieux et je ne vous en veux pas d'être gêné, je n'ai pas l'habitude, non plus. Mais j'avoue que j'ai bien fait de laisser parler mon coeur. Pour une fois. Et merci.

Voilà, elle venait de confirmer ce que j’avais deviné dans ses prunelles vermeilles. Je lui souris, à la fois heureux d’avoir pu l’aider, d’avoir partagé un tel instant avec elle, qui était pourtant une parfaite inconnue, de savoir que, au final, nous n’étions pas si différent. J’eus la curieuse pensée que ma sœur, Alicia, se serait extasiée devant une telle attitude de ma part.

- Je vous en prie. Il faut toujours laisser parler son cœur. Ou au moins l’écouter. La véritable raison est celle du cœur, me disait toujours ma mère quand j’étais jeune. Bien évidemment, encore faut-il trouver le moyen de le comprendre.

Je disais cela par rapport à une trop grande souffrance ; dans ces cas-là, nous n’arrivions plus à décrypter les messages de notre cœur, cet organe qui nous faisait vivre tant physiquement qu’émotionnellement. Je m'apprêtai à enchaîner lorsque Juliette se détourna, sans doute dans le but de remonter sur Spirit. Mais ses jambes lui firent défaut, et elle me percuta. Je la rattrapai juste à temps pour lui éviter une nouvelle chute dans la neige.

- Désolée, mais mes jambes ne me supportent plus.
- Ne vous excusez pas... ce n'est guère étonnant. Je vais vous aider.

Je la pris par la taille pour la hisser sur le dos de Spirit et l'aidai à se réinstaller sur la selle. Je tapotai un instant l'encolure de mon cheval, le regard perdu dans sa crinière, avant de fixer Juliette dans les yeux et reprendre là où je m'étais arrêté.

- Pour en revenir à ce que je vous ai dit... Il y a certaines choses que nous ne pouvons accomplir seuls. Lorsque nous doutons, il faut se reposer sur ceux en qui nous avons le plus confiance. Je l’ai appris grâce à ma sœur… Juliette, avez-vous des gens qui tiennent à vous ? De la famille, ou des amis proches ? Et à qui vous tenez en retour ?

Une question anodine, certes, voire presque stupides, et pourtant je la lui posais dans un but bien précis. Je ne disais jamais rien au hasard, même si parfois, je donnais l’impression de parler pour ne rien dire –souvent il s’agissait surtout d’évacuer une certaine gêne. Je laissai un certain temps s’écouler avant d’enchaîner, sans attendre sa réponse car je n’en avais pas besoin pour la suite.

- Si j’ai pu en arriver là, aujourd’hui, c’est grâce à eux. Si je ne pouvais pas vivre pour moi, alors… je vivais pour eux. Ils avaient déjà perdu un fils, ou un frère en ce qui concerne ma sœur. Pendant un an je suis resté assez… passif, dirons-nous. Et ma sœur m’a aidé à remonter la pente. Je n’aurais pas pu le faire sans elle.

C’était vrai. Ma grande sœur m’avait bien secoué les puces, presque au sens propre. Si elle n’avait pas été aussi présente pour moi, malgré son chagrin, malgré sa douleur, je ne serais probablement pas là aujourd’hui. Que ce fut avant, ou après ma première mort. Je fus assez surpris de m’entendre parler aussi ouvertement de toute cette histoire à la jeune renarde. Même Spirit, les oreilles dressées, était très attentif. Il connaissait l’histoire par cœur, mais ne m’avait jamais entendu en parler à quiconque.

- Alors, pour l’en remercier, je vis pour elle et pour mes parents, continuai-je. Ils m’ont déjà perdu une fois, alors, je sais que de me voir malheureux les ferait souffrir, et que me perdre définitivement leur infligerait le coup de grâce.

Je fis une pause, réalisant que je n’avais jamais fait autant de révélations sur moi-même en si peu de temps. Même mes amis proches, qui se comptaient sur les doigts d’une main, n’en avaient entendu autant. On m’avait déjà dit que parfois, il était plus facile de parler à un parfait inconnu, toutefois pas n’importe qui, car il avait du recul et ne nous jugeait point. Je ne pensais pas que c’était à ce point-là.

- Ce que je veux dire, c’est que si vous ne pouvez pour l’instant vivre pour vous-même, vivez pour quelqu’un. Peut-être que vous ne l’avez pas encore trouvé, que ce soit un ami, ou un affilié, et dans ce cas ça ne tardera pas à venir. Et s’il est parti… essayez de trouver une nouvelle raison de vivre. Je sais que ce n’est pas facile, et vous n’y arriverez probablement pas toute seule, mais, qui ne tente rien n’a rien, comme le dit si bien ce proverbe français.

Je me tus enfin, espérant que je ne l’avais pas noyé sous mes paroles peut-être trop énigmatiques, ni que je l’avais replongé dans sa souffrance. Je souhaitais simplement lui donner la corde qui lui permettrait de s’accrocher pour remonter cette pente douloureuse, qu’était celle de la dépression.


Edit ~ HRP : j'étais tellement prise dans ce que j'écrivais que j'ai oublié la fin de ton rp XD (quand elle tombe) je m'en suis aperçue alors que je venais d'éteindre la lumière. Je me suis relevée pour rectifier le tir, je n'allais pas laisser une telle erreur entacher notre beau rp èè *va dormir*
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Sam 28 Mar 2015, 01:45





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Dès qu'il t'avait dit de ne pas t'excuser d'une chose aussi évidente et peu étonnante, tu te retrouvas empoignée par la taille et assise sur Spirit en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Tu avais d'abord été un peu surprise, mais tu n'avais rien dit. Ça te faisait du bien de ne plus toucher la neige qui faisait refroidir tes pieds. Déjà que tu ne les sentais plus... Il faudrait vite te ramener à ladite auberge pour que tu te réchauffes. Le regard bleu-vert de Raphaël se pose sur toi de nouveau et ce n'est qu'à ce moment que tu remarques la beauté de son regard. Comme si jusqu'à maintenant, ton regard avait été teinté et que cette étreinte avait enlevé ce voile. Tu voyais certaines choses différemment et tu remarquais des choses que tu ne remarquais plus depuis ta descente en enfer. Pour en revenir à ce que je vous ai dit... Il y a certaines choses que nous ne pouvons accomplir seuls. Lorsque nous doutons, il faut se reposer sur ceux en qui nous avons le plus confiance. Je l’ai appris grâce à ma sœur… Juliette, avez-vous des gens qui tiennent à vous ? De la famille, ou des amis proches ? Et à qui vous tenez en retour ? Cette question te coupa le souffle et fit s'assombrir ton regard. C'est vrai, tu as encore James. La seule personne qui te restait en ce bas monde. Comment tu avais pu l'oublier, Juliette? Un instant, la honte s'accrocha à toi. Tu avais honte de t'être laissé enfoncer dans cet abîme sombre et d'avoir repoussé toute aide. Ça n'était pas la fin du monde, seulement une étape extrêmement difficile de ta vie. Une étape au travers de laquelle tu devrais passer quoi qu'il t'en coûte. Mais tu ne l'avais pas réalisé jusqu'à maintenant.

Le blond n'attendit pas ta réponse pour poursuivre son discours. Si j’ai pu en arriver là, aujourd'hui, c’est grâce à eux. Si je ne pouvais pas vivre pour moi, alors… je vivais pour eux. Ils avaient déjà perdu un fils, ou un frère en ce qui concerne ma sœur. Pendant un an, je suis resté assez… passif, dirons-nous. Et ma sœur m’a aidé à remonter la pente. Je n’aurais pas pu le faire sans elle. Alors que toi, tu n'as fait qu'ignorer James pendant tout ce temps en te morfondant sur ton sort. Cependant, tu en restas là. Raphaël avait bien eu une période où il avait fait la même chose que toi. La prochaine étape serait de te laisser aider à remonter cette pente dangereuse et glissante. Alors, pour l’en remercier, je vis pour elle et pour mes parents. Ils m’ont déjà perdu une fois, alors, je sais que de me voir malheureux les ferait souffrir, et que me perdre définitivement leur infligerait le coup de grâce. Il... Il avait bénéficié d'une seconde chance comme toi? Lui aussi a connu la mort, alors... Et il était là, devant toi à te dire ces paroles remplies de sagesse. Tu l'écoutais attentivement, analysant ce qu'il te disait en silence. Ce que je veux dire, c’est que si vous ne pouvez pour l’instant vivre pour vous-même, vivez pour quelqu'un. Peut-être que vous ne l’avez pas encore trouvé, que ce soit un ami, ou un affilié, et dans ce cas ça ne tardera pas à venir. Et s’il est parti… essayez de trouver une nouvelle raison de vivre. Je sais que ce n’est pas facile, et vous n’y arriverez probablement pas toute seule, mais, qui ne tente rien n’a rien, comme le dit si bien ce proverbe français. Puis il se tut. Plus aucune parole ne sortit de sa bouche, ce qui te laissa dans un silence complet. Tu fixais toujours ses prunelles vert d'eau. Tu ne pouvais faire autrement qu'approuver ses paroles. Il avait tellement raison et seule une personne ayant passé par le même mutisme que tu étais en train de vivre pouvait te donner ce genre de conseil.

Alors tu lui souris à nouveau à ce blond inconnu qui avait réussi là où plusieurs avaient échoué. C'était un sourire doux, comme tu en avais l'habitude autrefois. Tu ne savais pas quoi lui répondre. Il était tellement sensé. Pour vous répondre, il me reste bien quelqu'un à qui je tiens beaucoup. J'avais juste oublié qui était cette personne avant que vous ne me posiez la question. Merci. Tout ce que vous venez de dire m'a fait réaliser plusieurs choses. C'est tout ce que tu trouvais à dire. Tu ne pouvais pas lui répondre adéquatement dans ton état. Plus tard, peut-être. Lorsque la peine se sera amoindrie. Pour l'instant, tu ne faisais qu'être reconnaissante envers cet homme qui n'avait pas été obligé de t'aider de la sorte. Ton sourire avait disparu pour laisser place à une expression sérieuse. En ce moment, tu affichais plus d'expressions que depuis ta mort et ta résurrection. Ce n'est pas votre faute, vous savez. La mort de votre frère et celle de votre femme. Quoiqu'il ait pu arriver, ne rejetez pas le blâme sur vous en vous disant que vous auriez dû être à leur place ou que vous auriez dû arriver plus tôt. Je ne connais pas les circonstances de leur mort, mais je peux affirmer que vous n'y êtes pour rien. Il suffit de vous regarder pour savoir ça. Voilà. Tu avais fini par le lui dire. C'était réellement ce que tu pensais de sa situation. Il n'avait pas à s'en vouloir et quelque part, le fait de s'accrocher à sa culpabilité l'empêchait de faire son deuil correctement.

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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Dim 29 Mar 2015, 20:23

Une ombre avait obscurci son regard lorsque j’avais évoqué le sujet d’un proche qui tiendrait à elle. Donc, elle se sentait concernée. J’avais cru distinguer de la honte sur son visage, cependant ç’avait été si fugace que je n’en avais tiré aucune conclusion. Je regrettais simplement de lui avoir causé ce trouble. Je ne souhaitais pas la perturber, juste l’aider. Mais parfois il fallait crever l’abcès, et ce n’était jamais agréable. J’en savais quelque chose, malheureusement… Le silence religieux qui séparait chacune de mes prises de paroles m’indiquait qu’elle m’écoutait attentivement. Cela voulait donc dire que je voyais juste en ce qui la concernait. Elle avait sans doute quelqu’un qui tenait à elle, quelque part en ce monde. En un sens cette pensée me rassurait, pour elle. Car Juliette méritait vraiment qu’on s’occupât d’elle. Lorsqu’enfin je terminai mon discours, les sons nocturnes reprirent leur droit. Je n’entendais plus que la respiration de Spirit, le sifflement du vent dans le feuillage des arbres, ainsi que quelques animaux nocturnes. Je caressai l’encolure de Spirit en espérant ne pas avoir gâché la sérénité qui nous avait tous les deux enveloppé pendant cette étreinte.

- Pour vous répondre, il me reste bien quelqu'un à qui je tiens beaucoup. J'avais juste oublié qui était cette personne avant que vous ne me posiez la question. Merci. Tout ce que vous venez de dire m'a fait réaliser plusieurs choses.

Je levai les yeux vers elle, pour apercevoir un sourire doux que je ne lui connaissais pas. Un sourire qui, je n’en doutais pas, devait avoir l’habitude d’éclairer son visage par le passé. J’y répondis de la même façon, satisfait de l’avoir aidée.

- Je suis ravi de vous avoir aidée. Et je suis rassuré pour vous. Que vous ayez quelqu’un qui tienne à vous et qui puisse vous soutenir. Vous ne méritez pas de souffrir comme ça.

J’avais parlé avec le cœur, comme je le faisais la plupart du temps. J’étais ainsi, honnête et sincère. Je mentais peu, voire pas du tout, et je méprisais l’hypocrisie. Quand je n’appréciais pas quelqu’un, je le lui disais, lui faisais comprendre, ou bien je l’évitais tout simplement. Mes paroles n’exprimaient jamais le contraire de mes pensées. Sous mes yeux, l’expression de Juliette changea. Elle me fixait à présent avec sérieux, un air que je découvrais chez elle.

- Ce n'est pas votre faute, vous savez. La mort de votre frère et celle de votre femme. Quoiqu'il ait pu arriver, ne rejetez pas le blâme sur vous en vous disant que vous auriez dû être à leur place ou que vous auriez dû arriver plus tôt. Je ne connais pas les circonstances de leur mort, mais je peux affirmer que vous n'y êtes pour rien. Il suffit de vous regarder pour savoir ça.

Ses paroles pénétrèrent profondément la couche de culpabilité qui étouffait mon cœur. Cela dût se voir sur mon visage. C’était exactement ce qu’Alicia aurait pu me dire… quoique de façon plus directe et moins délicate. Elle avait raison, je le savais, mais… Je n’arrivais pas à m’en convaincre. Enfin, plutôt, je n’arrivais pas à me pardonner. Peut-être parce que j’étais persuadé d’être coupable alors qu’il n’en était rien, et on ne peut pardonner quelqu’un qui n’a rien fait. Je baissai la tête.

- Merci… ça me touche que vous le pensiez. Ma sœur me l’a souvent répété. Seulement, je me dis que j’aurais pu éviter tout ça si je n’avais pas été si inconscient à l’époque. Si j’avais été moins égoïste. Je ne pensais pas que ça me mènerait jusque-là.

Juliette ne devait pas trop comprendre, puisqu’elle ne connaissait pas les circonstances de leur mort. Mais lui expliquer tout prendrait trop de temps et la météo ne s’y prêtait pas. Et puis j’en avais déjà beaucoup dit. Je lui avais promis, un peu plus tôt, de lui enseigner un jour l’équitation, alors peut-être que ce serait aussi l’occasion d’aborder le sujet. Mais pas maintenant. Je devais l’amener jusqu’à cette auberge, pour qu’elle fut au chaud. Je relevai la tête pour la regarder dans les yeux. J’y voyais mon reflet ; l’image d’un souffrant dans les prunelles d’une souffrante. Nous étions à la fois si différents et si semblables… Je soupirai avant de sourire à nouveau.

- Enfin, on referait le monde avec des "si" comme dirait ma mère. C’est une longue histoire et ce n’est pas le moment de la raconter. Je dois toujours vous amener jusqu’à Chloris. Accrochez-vous, nous repartons.

Je repris les rênes de mon affilié pour le guider vers la ville fleurie. La neige crissa sous mon premier pas, puis sous le deuxième. Je marchais comme avant, comme si rien ne s’était produit, et pourtant mon visage affichait une nouvelle sérénité. Et surtout, j’avançais le cœur allégé. L’avis de Juliette, qui avait plus de poids que celui de ma sœur –car Juliette était une personne extérieure à ma famille- m’avait soulagé d’un poids.




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