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 The white fox is sad. ~ Raphaël

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Julian
Julian "L" S. Ramsey
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The white fox is sad. ~ Raphaël | Mer 11 Mar 2015, 02:56





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Revoir Oliver t'a fait mal, Juliette. Plus que tu ne l'avais d'abord pensé. Découvrir sa douleur ne t'avait pas aidé. Non, en fait, cela t'avait enfoncé un peu plus dans cette dépression que tu avais voulu t'épargner en te suicidant au réveillon de Noël. Sauf que la vie est une chienne et elle n'a pas voulue te laisser partir, libérer ton âme de cette peine qui t'habite et qui grandit un peu plus chaque jour qui passe. Pourquoi avait-elle voulue te voir souffrir encore? N'en avait-elle pas eu assez de t'arracher l'homme que tu aimais le plus au monde? Tu supposais que non, puisque tu étais toujours là.

Tu es moche. Tu te sens moche. Tes épaules voûtées, ton regard morne et sans vie. Affichant une expression abattue. Tes cheveux sont noués sur ta nuque et tu n'en prends pas plus soin que nécessaire. Auparavant, cette chevelure rayonnait de splendeur, alors que maintenant, elle était fade. Tes yeux sont rougis par les larmes qui ne coulaient maintenant plus sur ton beau visage. Et tu sortis dehors, au froid, sous la neige qui tombait doucement du ciel. Avant, tu adorais regarder les flocons tomber dans le ciel nocturne. Maintenant, cela ne te fait plus ni chaud ni froid. Signe flagrant que tu n'es pas dans ton assiette. Que tu ne l'es plus depuis un bon moment.

N'ayant aucune raison de te promener sous ta forme humaine, tu te transformes en renard. Un beau renard d'un blanc immaculé possédant des prunelles rouges comme le sang. Gracieusement, tu t'avances dans la neige, laissant la trace de tes pattes dans l'étendue blanche. Au moins, sous cette forme, tu ne te promènes pas avec le dos voûté. Tu es aussi majestueuse que l'animal dont tu peux prendre la forme. Tu ne te sens pas comme un déchet. Tu es bien. Tellement bien que tu envisages parfois de ne vivre que sous cette forme. Puis tu penses à ton envie absente de chasser et de faire quoi que ce soit. Tes envies t'ayant quittées en même temps qu'Oliver.

Tu déambules pendant un long moment sans rencontrer personne. Pas étonnant vu l'heure qu'il était. Il faisait nuit noire dans la plaine où tu étais maintenant rendue. Ne te souciant pas le moindrement du monde de ce qui t'entourait, tu avances dans la neige qui se faisait plus épaisse. Puis un hennissement te fait sursauter et te mettre sur tes gardes, découvrant tes canines acérées et grognant. Le cheval se cambre faisant tomber son propriétaire sur le dos dans la neige. Aussitôt, tu redresses la tête et les oreilles, à la fois intriguée et inquiète. Puisque le cheval face à toi semblait hors de contrôle, tu courus vers la personne pour la tirer avec ta gueule un peu plus loin de l'animal. Pour le mettre en sécurité. L'animal semblait être l'affilié de cet homme. Du moins, le supposas-tu. Pour éviter de le faire hennir de nouveau, tu reprends ta forme originelle en cachant ton corps dans la neige. Ce n'est pas parce que tu es timide ou quoi que ce soit, mais tu es nue. Restes où tu es. Ta voix s'était faite autoritaire, tu ne voulais pas qu'il te voit. Néanmoins, tu relèves ta jolie tête pour pouvoir le voir. Est-ce que ça va? T'as pas trop de mal? Mine de rien, malgré ton état dépressif, tu t'inquiètes encore pour les autres.

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Raphaël I. M. Elosiam
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Mer 11 Mar 2015, 22:39

J’ouvris les yeux dans le noir. Décidément, ce soir, le sommeil me fuyait. Des images s’immisçaient dans mon esprit dès que je fermais les paupières. Des images d’êtres chers disparus. Des images joyeuses, d’autres tristes. Mais toutes m’étaient affreusement douloureuses. Je savais que je devrais plutôt chérir de tels souvenirs, cependant… le vide dans mon cœur me pesait. Et alors que la date de mon anniversaire de mariage approchait, le fantôme de ma femme, ce qu’il restait d’elle au tréfonds de mon âme, venait hanter mes songes. Elle me souriait, si éblouissante, tellement que ça me brûlait le cœur. La gorge nouée, j’allumai la lumière. Même après quinze ans, je n’arrivais pas à faire le deuil. Je me redressai en soupirant, puis m’assis sur le bord de mon matelas, la tête dans les mains. Ah, que dirait ma sœur en me voyant ainsi ? « Franchement Raphinou tu n’es pas croyable ! Profites un peu de la vie, grands dieux ! » Un sourire triste étira mes lèvres. Je devais avouer que son dynamisme et son enthousiasme me manquaient. Il faudrait que je rendisse visite à ma famille prochainement… mais en attendant, j’allais devoir trouver une autre activité pour cette nuit. Car maintenant je ne pourrai pas m’endormir avant un bon moment.

- Quelle ironie…

J’avais murmuré en pensant à ma résurrection. Hadès m’avait offert cette nouvelle vie, mais je n’arrivais pas à en profiter à sa juste valeur. J’aurais presque souhaité être resté avec les morts, si ma femme et mon frère m’avaient survécu. Je sais, on pouvait refaire le monde avec des « si ». Ma sœur me le ferait remarquer. Mais elle n’était pas là, et j’étais seul ce soir. Je ne voulais point être alourdi de solitude. Je décidai donc de retrouver mon affilié, certainement endormi dans son box, à moins qu’il n’eût senti mon humeur morose. Je me levai pour prendre une douche ; si je devais sortir cette nuit, autant être bien réveillé, et puis l’eau chaude sur ma peau nue me laverait de ces sombres réflexions.

Je ressortis de la salle de bain un peu plus frais et serein. J’enfilai une tenue d’équitation, car j’avais l’intention de chevaucher Spirit cette nuit. Même si je le réveillais, il se ferait un plaisir de me porter, pour galoper à son aise dans les Plaines. Je tirai un rideau pour identifier la météo. Un manteau blanc recouvrait le paysage à perte de vue. Depuis quelle heure neigeait-il au juste ? La dernière fois que j’avais jeté un œil par la fenêtre, il n’y avait pas un seul flocon. Enfin… j’y verrai plus clair au moins, avec tout ce blanc. Je me vêtis donc chaudement, histoire de ne pas tomber malade. Une fois dans le hall, j’attrapai mon manteau, plus un grand poncho que j’utilisais à cheval pour me protéger des intempéries. Ainsi accoutré, si j’attrapais froid…

Spirit m’accueillit avec un hennissement enthousiaste. Soit il s’était réveillé en m’entendant ouvrir les écuries, soit il ne dormait pas lui non plus. Son bâillement me plongea dans le doute, cependant, comme je le pensais, il se montra très enthousiaste à l’idée de galoper la nuit. Je le pansai avec soin, puis le sellai rapidement. Je lui tins la bride jusqu’à la limite du village pour qu’il ne lui prit pas l’envie de partir au triple galop sur la place. Puis je l’enfourchai et le laissai courir tout son saoul. Cela me fit un grand bien ; sentir le vent fouetter mon visage, malgré l’écharpe qui m’arrivait jusqu’au nez. Mon cœur battait au rythme de ses sabots martelant le sol enneigé. C’était exaltant, exténuant, mais tellement agréable en même temps. Spirit finit par ralentir, tout aussi essoufflé que moi. Je lui tâtai affectueusement l’encolure.

- C’était une belle course, mon ami.

Je lui laissai marcher à son rythme, la bride lâche. Nous avancions lentement, profitant d’un moment de répis. Une idée me traversa subitement la tête, et pour ne pas la perdre, je sortis un calepin et mon stylo. A ce moment précis, Spirit hennit de surprise. Je relevai la tête juste à temps pour apercevoir un animal blanc, qui ressemblait à un renard, montrer les crocs et grogner. Mon affilié prit peur et se cabra. Pris au dépourvu, je n’eus pas le temps de me raccrocher au pommeau et je tombai à la renverse, le dos dans la neige, ce qui m’assomma à moitié. Il se passa alors une chose très curieuse. Le renard m’aggripa le bras et me tira sur le côté, me mettant ainsi à l’abri des sabots de Spirit, qui paniquait. Je clignai des yeux, surpris de la scène, puis restai bouche-bée quand la créature prit forme humaine. La jeune femme se plaqua dans la neige en m’intimant de ne pas approcher.

- Est-ce que ça va? T'as pas trop de mal ?
- Je… euh, oui ça va, merci ! la rassurai-je d'une voix embrouillée, un peu sonné par la chute mais heureusement la neige a amorti le choc.

Je me frottai le crâne pour reprendre un peu contenance. Spirit s’était calmé en découvrant la vraie nature du renard. Il s’approcha de moi tête basse, tout penaud d’avoir paniqué et de m’avoir fait choir de sa selle. Il fourra ses naseaux dans mon cou.

- Ah, je vais bien Spirit, je vais bien… Mais, et vous ? demandai-je à la jeune fille. Il ne vous a pas blessée au moins ?

Je remarquai sa petite mine, le teint pâle et les yeux rougis. Mais je ne posai aucune question, préférant me redresser prudemment. M’apercevant de sa possible nudité, je détachai mon poncho et le lui tendis.

- Tenez, prenez ça. Vous allez attraper la mort par ce froid !

Je lui permettais de se couvrir, sans faire aucune allusion à sa tenue pour le moins originelle. Je lui souris, montrant ainsi que je n’avais aucun grief contre elle, et qu’elle n’avait rien à craindre. Et puis, elle m’avait traîné hors du sillage des sabots de l’étalon. C’était fort aimable de sa part, alors il fallait bien que je lui rendisse la pareille.
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Jeu 12 Mar 2015, 03:42





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Tes cheveux d'un superbe lilas sont libres comme le vent à présent. Ils s'étaient défait lors de ta transformation en humaine. Ton regard était planté sur le joli visage de l'homme que tu avais mis à l'écart pour qu'il ne se fasse pas piétiner par son cheval. Néanmoins, ton visage n'exprimait rien, sauf peut-être un air totalement blasé. Tu es blasée de ta chienne de vie, Juliette. Elle te fait toujours sentir comme un déchet. Le plus horrible des déchets qui existe en ce monde cruel et sans pitié. Je… euh, oui ça va, merci ! Un peu sonné par la chute mais heureusement la neige a amorti le choc. Sa voix te fait sursauter. Puis tu frissonnes, car il ne faut pas oublier que tu es couchée nue dans la neige. Et la neige, c'est froid. Pourtant, tu ne bouges pas, tes yeux vide d'expression et entourés de rouge le fixant. Il n'avait rien, c'était le principal.

Le cheval de l'homme s'avance près de lui pour enfouir ses naseaux dans son cou, comme pour s'excuser d'avoir paniqué à ta vue. Elle comprenait ce cheval, car voir un renard n'augurait jamais rien de bon. Comme quoi tu n'apportes que le malheur. Tu te sentais triste de voir leur complicité. Tu avais eu une très belle complicité autrefois avec l'homme qui avait prit ton coeur. À cette pensée, ta poitrine se serre et les larmes menacent de couler. Mais tu déglutis et te force à reprendre le peu de contenance que tu possèdes encore. Ah, je vais bien Spirit, je vais bien… Mais, et vous ? Il ne vous a pas blessée au moins ? Tu secoues vivement la tête. Peut-être un peu trop vivement. Tu voulais le convaincre ou te convaincre toi-même? Car en réalité, même si son cheval ne t'avait pas blessé, ton coeur était déchiré et ton envie de disparaître était beaucoup trop grande pour que cela soit sain. Tu ne sers à rien, Juliette. Tu es un déchet inutile que personne n'aime.

Le voilà qui se redresse lentement, comme prudent. Tu es sur tes gardes, mais il détache son poncho pour te le tendre. Tenez, prenez ça. Vous allez attraper la mort par ce froid ! Tu laisse un sourire vide d'émotion fleurir sur tes lèvres fines. Si seulement il savait... Il ne dirait probablement pas ça. Car c'était ce que tu voulais, Juliette, n'est-ce pas? Attraper la mort. Tu ne bouges pas pendant un moment, te demandant si cela valait la peine que tu te battes encore pour cette vie. Puis tu tends la main pour prendre le vêtement que te tend le jeune homme. Tu l'enfiles vite fait une fois assise, le serrant contre ton frêle petit corps tremblant. Il ne couvre pas tout, mais c'est toujours mieux que rien. Ta chevelure lilas glisse sur ton épaule et vient cacher une partie de ton minois. Je m'appelle Ju-... Anna. Mon nom est Anna et vous? Tu estimes que tu ne devrais plus donner ce nom. Celui que t'a donné Oliver, parce que tu ne savais pas parler anglais à ton arrivée à Londres. Tu devais oublier ce prénom. Juliette. Il te faisait trop penser à Oliver que ça t'en faisait mal. En même temps, tu adores que l'on t'appelle comme ça. Tu gonfles les joues pendant que tes épaules s'affaissent vers l'avant et tu soupires. Mais vous pouvez m'appeler Juliette. Que faites-vous ici à une pareille heure?

Tu es encore curieuse. C'est dans des moments comme celui-ci que ta véritable personnalité à tendance à pointer le bout de son nez. Pourtant, en idiote que tu es, tu refoules le tout aux tréfonds de ton âme. Tu es un déchet, rien d'autre. Quelle piètre opinion de toi-même, ma chère Juliette.

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Raphaël I. M. Elosiam
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Jeu 12 Mar 2015, 22:29

La jeune inconnue possédait une magnifique chevelure lilas, qui tombait de part et d’autre sur ses épaules. Elle encadrait ainsi un joli visage, pourtant dénué de toute expression, sinon cet air résigné. Et ses yeux cernés et rougis témoignaient de longues heures passées de chagrin. Cela me peinait de voir une si jeune personne dans un tel état, malgré une certaine prestance. D’autant qu’elle me renvoyait le reflet d’un passé lointain… elle me rappelait un peu l’année de torpeur que j’avais traversé, après les meurtres de Mickaël et Sophie. Cependant, je n’osais pas poser de question indiscrète. De toute façon, elle nierait probablement, éluderait, ou rejetterait ma question. Je m’enquis de son propre bien-être, inquiet à l’idée qu’elle eut pu se prendre un coup de sabot. Mais elle secoua vivement la tête. Une réaction assez disproportionnée, curieusement, mais… pour la même raison, je ne cherchai pas à en savoir d’avantage. Cette personne n’allait pas bien, mais si elle ne souhaitait pas s’ouvrir… je ne pouvais pas la forcer, n’est-ce pas ?

- Oh, tant mieux. J’aurais été fort marri de vous savoir blessée par mon affilié.

Je ne relevai pas son bien-être intérieur. Si je la brusquais, je ferais plus de mal que de bien, et puis comme je l’entendais souvent dire autour de moi, ce n’était pas mes affaires. Néanmoins, mon côté preux chevalier ne pouvait s’empêcher de vouloir lui venir en aide. Je trouverais bien un moyen, même si ce n’était que lui tenir compagnie. Enfin… je me contentai donc de lui offrir de quoi se couvrir. Malgré sa petite taille, mon poncho ne la couvrait qu’en partie. Mais, ses pieds devaient être gelés ! Grands dieux, si elle tombait malade par ma faute, je m’en voudrais horriblement. Car elle avait quitté le confort de sa fourrure de renard pour ne pas effrayer d’avantage Spirit. Mais je n’avais rien à lui proposer pour protéger ses extrémités, sinon mes propres gants. Elle avait souris, d’une expression morne, lorsque je lui avais proposé ce vêtement chaud et protecteur. Elle avait hésité un certain temps avant de l’attraper, comme si elle pesait le pour et le contre de ce simple geste. N’y avait-il rien que je pusse faire pour elle ? Il fallait que je cessasse de jouer au sauveur…

- Je m'appelle Ju-... Anna. Mon nom est Anna et vous?

Elle avait fait un premier pas en avant en me donnant son prénom. Je lui souris, ravis de voir qu’elle essayait d’engager la conversation.

- Enchanté, Anna. Je m’appelle Raphaël. Et voici Spirit, mon affilié, comme vous l’avez certainement compris. Je suis vraiment désolé pour cet épisode regrettable. C’est un étalon encore sauvage, et il est assez nerveux. Pour ne pas dire peureux.

Spirit protesta en renâclant et en couchant les oreilles, tête basse, l’air contrit. Il m’arracha un rire bon enfant. Allons, il savait bien que c’était notre manière de nous taquiner mutuellement. Un long soupir s’échappa des lèvres de la jeune fille aux cheveux lilas. Je la fixai, intrigué. Que pouvait-elle avoir bien vécu pour afficher une telle lassitude ? J’espérais pour elle qu’elle n’avait pas dû traverser des épreuves similaires aux miennes, car… à un âge si jeune –en apparence certes, elle pouvait être sang-mêlé- c’était vraiment malheureux.

- Mais vous pouvez m'appeler Juliette. Que faites-vous ici à une pareille heure?
- Très bien, Juliette… C’est un beau surnom. Il me rappelle la France…

Je souris en revoyant les images de ma terre natale. Versailles et son château, Paris et la Tour Eiffel, et les jardins royaux… J’en avais vécu, des événements sur Terre, bons comme mauvais. Et même si ce prénom n’était pas forcément d’origine française, il me rappelait l’âge d’or. Du moins l’époque que je considérais comme telle.

- Ah, pardonnez-moi pour cet instant de nostalgie. Pour répondre à votre question, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, ce soir, alors plutôt que de faire la misère à mon sommier à force de me retourner, j’ai préféré faire une petite balade nocturne avec Spirit. Et vous, qu’est-ce qui vous amène dans les Plaines en pleine nuit ?

C’était une question dépourvue de tout sous-entendu, destinée surtout à lancer la conversation, cependant elle faisait ressortir mon interrogation concernant sa triste mine. Enfin… quelle étrange coïncidence tout de même, c’était la deuxième fois qu’une jeune fille capable de prendre l’apparence d’un animal, et se retrouvant… dévêtue, croisait la route. Il y avait eu cette pauvre enfant, Betty, avant Juliette. Betty était une jeune fille touchante, qui semblait avoir beaucoup souffert elle aussi. Nous avions tous notre part de souffrance, au final, sur cette île. Si je pouvais aider à en chasser ne serait-ce qu’une fraction… comme si lutter avec les autres pour apaiser leur cœur m’aidait à apaiser le mien.

Une pensée soudaine me traversa l’esprit. Qu’avais-je fait de mon stylo et de mon calepin ? Je les tenais dans les mains juste avant la chute, mais maintenant… je fronçai les sourcils en tâtant mes poches, extérieures comme intérieures. Mais il n’y avait nulle trace de mes outils d’écriture. Mon regard se baissa sur le sol recouvert d’un épais manteau de neige. Oh, diantre…

- Excusez-moi, n’auriez-vous pas vu un stylo et un calepin tomber ici, par hasard ? Je ne les retrouve pas… J’ai dû les lâcher en chutant, certainement. C’est fort embarrassant, j’en ai besoin, et puis le stylo me vient de mon père…

Bon, mon père me l’avait offert sous sa forme d’origine, une épée et son fourreau, mais elle n’avait pas besoin de connaître ce détail-là. J’y étais vraiment attaché, et pas pour des raisons guerrières. Je m’accroupis au sol et me mis à tâtonner dans la neige pour essayer de les retrouver. Bon dieu, je devais avoir l’air parfaitement ridicule !
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Sam 14 Mar 2015, 05:19





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Enchanté, Anna. Je m’appelle Raphaël. Et voici Spirit, mon affilié, comme vous l’avez certainement compris. Je suis vraiment désolé pour cet épisode regrettable. C’est un étalon encore sauvage, et il est assez nerveux. Pour ne pas dire peureux. C'est ce qu'il t'avait répondu. Tu lui souris de nouveau, de ce sourire vide de sens, qui ne devrait pas exister sur une bouche si fine et si belle. Ton sourire ne montait pas jusqu'à tes yeux, comme souvent ces derniers temps. Ce Raphaël avait l'air bien sympathique et toi, tu apparaissais devant lui tel un déchet. Tu avais beaucoup pleuré un peu plus tôt, jusqu'à t'en donner mal au crâne. Ainsi te voyait-il sous ton mauvais jour, se questionnant sûrement sur ta peine, mais n'osant rien dire. Ce que tu appréciais grandement.

Tu lui avais ensuite posé une question concernant sa venue ici en pleine nuit. Très bien, Juliette… C’est un beau surnom. Il me rappelle la France… Tu n'es jamais allée en France, Juliette. Ce surnom, c'est un Londonien qui te l'a donné. Oliver. Ce surnom te faisait mal en même temps de te rassurer. Rien ni personne ne pouvait te voler ce surnom, pas même ta peine d'avoir été rejetée par l'homme que tu aimais plus que tout au monde. Tu avais été détruite, déchirée et traitée comme une vulgaire chose qui n'avait aucune importance. Comme un déchet, Juliette.

Tes yeux sont fixés sur le jeune homme, constatant qu'il rêvassait. Il devait avoir d'agréables souvenirs de cet endroit et tu en étais presque jalouse. Tes bons souvenirs te font mal, ils ne te font pas rêvasser. Ah, pardonnez-moi pour cet instant de nostalgie. Pour répondre à votre question, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, ce soir, alors plutôt que de faire la misère à mon sommier à force de me retourner, j’ai préféré faire une petite balade nocturne avec Spirit. Et vous, qu’est-ce qui vous amène dans les Plaines en pleine nuit ? Qu'est-ce qui t'amène en cet endroit? Ta douleur. Voilà pourquoi tu es là, toute seule. Tu aurais bien aimé être là à cause de tes problèmes de sommeil, mais tel n'était pas le cas. Je, euh... ne me sentais pas bien. J'avais besoin d'air. Un mensonge. Tu ne veux pas dire la réelle raison, car elle remuait le couteau dans la plaie vive de ton coeur.

Tu le vois froncer les sourcils et tapoter les poches de son manteau. Il cherchait quelque chose. Excusez-moi, n’auriez-vous pas vu un stylo et un calepin tomber ici, par hasard ? Je ne les retrouve pas… J’ai dû les lâcher en chutant, certainement. C’est fort embarrassant, j’en ai besoin, et puis le stylo me vient de mon père… Tu le regardes s'accroupir et tâter le sol recouvert de neige sans rien faire. En fait, le froid commence à t'envahir. Il mord ta peau nue sous le poncho, te tentant. Tu n'as plus rien à faire ici de toute façon. Tu ne sers plus à rien, tu es complètement inutile. Pourtant, ce Raphaël venait alléger ton état. Tu ne sais pas comment ni pourquoi. Peut-être parce qu'il ne te harcelait pas de questions sur ta peine? Dans tous les cas, tu te redresses, les membres engourdis pour chercher un peu avec lui. Tu finis par complètement te lever sur tes jambes chancelantes. Tes pieds glacés, tu ne les sentais plus. En fait, ça ne t'aurait pas étonné de les voir bleus si tu avais baissé la tête pour regarder.

Tu chancelles légèrement un peu plus loin pour voir si ce que cherchait le jeune homme n'était pas par là. Pour une fois, tu pouvais te rendre utile, car tu venais de trouver son calepin et son stylo. Tu te penches pour les prendre et te retournes vers Raphaël. Les voilà. Tu reviens vers lui en tremblant de froid. Ton corps ne le supporte plus vraiment, ce froid. Alors tes jambes te lâchent et tu tombes au sol, ton corps s'écrasant dans la neige. Tu avais amorti la chute avec tes avant-bras repliés contre toi. Prenant appui sur l'un de tes bras, tu aperçois une légère tache rouge dans la neige immaculée. D'où provient ce sang? C'est le tien? Dépliant ton second bras, tu constates que la chute a fait enfoncer le stylo dans ton épaule sous ta clavicule. Merde. Ta main tremblotante et pleine de ce liquide rouge tire sur le stylo pour l'extirper de là. Ce que tu es maladroite, Juliette. Te blesser avec un simple stylo. Ton regard se lève vers celui de Raphaël.

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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Sam 14 Mar 2015, 09:39

Sa peine apparente, qu’elle taisait pourtant, me rappelait cruellement une toute autre époque que son prénom qui m’évoquait le bonheur des jours heureux. Cette époque, c’était la mort de ma femme et de mon frère. Un temps de deuil… mais en réalité, je n’avais jamais fait mon deuil. Mais après ma propre mort, puis ma résurrection, je continuais à porter au plus profond de mon cœur les stigmates de la perte des deux êtres qui avaient le plus importés dans ma vie. Cent cinquante ans de vie commune avec mon frère c’étaient évanouis en l’espace de quelques minutes, par la faute d’un poignard elfique. Et pour ma femme… je n’avais partagé qu’à peine deux ans de bonheur avec elle, mais ce furent les plus belles années de ma vie, qui elles aussi avaient disparues. Leur mort m’avait causé une telle douleur, que l’année qui avait suivie, que j’avais passé dans cet endroit, je m’en souvenais à peine. Je m’étais enfoncé dans un mutisme obstiné, refusant que quiconque m’en sortît, jusqu’à ce que ma sœur vint me secouer les puces –je me souviens encore de la claque qu’elle m’offrit ce jour-là. Enfin… je m’étais encore égaré, mais cette fois-ci avec un air douloureux sur le visage. Je revins à Juliette, lui offrant un sourire, mais cette fois-ci, un sourire relativement triste. Elle y répondit en étirant ses lèvres à son tour, cependant sans expression aucune. Pauvre enfant… par quoi était-elle passée pour en arriver là ? Mais, je n’osais lui poser la question. Je savais qu’elle n’apprécierait sans doute pas et tenterait d’esquiver.

La nostalgie, succédée par la tristesse. Quel tableau ridicule je devais lui renvoyer. J’étais un grand rêveur, dans tous les sens du terme, notamment parce que je me laissais facilement envahir par ces vieux fantômes. Même après seize ans, la douleur était toujours aussi forte, seulement, j’avais appris à la gérer. Enfin…

- Je, euh... ne me sentais pas bien. J'avais besoin d'air.
- Oh, eh bien nous sommes deux dans ce cas-là.

Peut-être que si je lui montrais qu’elle n’était pas la seule à souffrir d’un passé trop présent, cela la rassurerait… Egoïstement, on se sentait toujours moins seul lorsque quelqu’un partageait notre peine. Je m’appliquais toujours à cacher ma peine, mais… parfois, peut-être qu’il valait mieux la laisser s’exprimer, pour qu’elle libérât un poids de votre cœur ? À dire vrai, je ne l’avais jamais fait, ne souhaitant pas encombrer mon entourage de sentiments aussi ombrageux. Je voulais toujours bien faire, ce qui au final, m’amenait certainement à faire des erreurs sans même que je m’en aperçusse. Peut-être que les gens autour de moi se sentaient envahis par une joie factice, au final.
Puis je me rendis compte que mes outils de travail s’étaient évaporés. Grandement embarrassé, je me mis à chercher dans la neige, bientôt rejoint par la jeune fille, qui paraissait pourtant chancelante sur ses jambes fines. Mais avec ce tapis immaculé qui recouvrait le sol, comment les retrouver facilement ? Il fallait qu’on les retrouvât.

- Les voilà.

Je levai mes yeux bleu-vert sur elle, qui s’éclairèrent en apercevant le calepin et le stylo dans les mains. Je me redressai en même temps qu’elle s’approchait.

- Oh, merci, merci beaucoup ! lui dis-je d’un air rassuré, en lui souriant. Vous n’imaginez pas à quel point ce stylo compte pour moi…

Je n’eus pas le temps d’en dire plus qu’elle s’écroulât. La stupeur se peignit sur mon visage et je me précipitai à son chevet.

- Quel goujat je fais, de vous demander de m’aider à chercher alors que vous êtes frigorifiée… vos jambes ne supportent même plus votre poids. Tout va bien ? Vous n’êtes pas ble… Oh !

Je remarquai à cet instant la pointe de mon stylo plantée dans son épaule, et ce sang qui coulait de la plaie. Oui, je me souvins que j’avais eu tout juste le temps de le déboucher avant d’être projeté hors de la selle. Du sang. Ce liquide rouge et vital dont je devais m’abreuver régulièrement. Ce n’était… vraiment pas le moment. Juliette extirpa l’outil de sa chaire, mais mes yeux restaient rivés sur cette tâche écarlate qui ne cessait de s’agrandir. Elle leva son regard pour rencontrer le mien. Ce contact distant suffit à m’arracher la vue du sang et je clignai des yeux. Ce n’était vraiment pas le moment d’être submergé par la soif.

- Hum, je suis… je suis vraiment désolé. Quel regrettable accident… je n’aurais pas dû vous demander de le chercher sans vous mettre au courant de sa particularité. J’aurais pu vous éviter cette blessure… inutile… Laissez-moi vous aider.

Je me redressai en lui saisissant la main. Mais elle ne devait plus avoir la force de tenir debout… Alors, espérant qu’elle ne se rebifferait pas, je la pris dans mes bras pour ensuite la faire assoir sur le dos de Spirit, qui s’était rapproché. Curieusement, celui-ci ne protesta pas. Sans doute avait-il ressenti l’urgence de la situation. Je m’écartai un peu de Juliette, effrayé à l’idée de céder à ma nature vampirique.

- Voilà, vous serez mieux ici… Mais vous devez avoir les pieds gelés ! Je vais essayer de trouver de quoi les envelopper… Et cette plaie, il faut la panser, mais je n’ai rien sur moi…

Sa main était recouverte de son sang. Et je n’avais rien à lui proposer pour s’en débarrasser. Je me mis à fouiller dans la sacoche accrochée à ma selle. Je trouvai quelques bandes de tissu, que j’utilisais d’habitude pour protéger les pattes de Spirit. Je commençai à recouvrir ses pieds avec soin, tâchant d’ignorer l’odeur du sang qui me chatouillait les narines. Le bout de tissu qui me restait, je le lui tendis.

- Tenez, essuyez-vous les mains avec ça… et pressez la blessure pour limiter l’écoulement de sang.

C’était autant pour lui éviter une anémie que pour réprimer la tentation d’y goûter. Etant un sang-mêlé depuis plus d’un siècle et demi, je savais très bien me contrôler, mais nous n’étions jamais à l’abri d’un débordement…
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Sam 14 Mar 2015, 17:50





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Tu as mal, Juliette. Cependant, ton corps n'arrive pas à avoir aussi mal que ton coeur. Tu sens le sang qui s'écoule de ta plaie, mais tu es étrangement calme. Un calme irréel. Celui qu'emploie une personne que la mort ne dérange pas le moindrement du monde. En fait, tu l'aimes, la mort. Tu voudrais y goûter de nouveau, mais même si la tentation était forte, tu ne pouvais entacher la deuxième chance qui t'avait été offerte. C'eût été une grave erreur. Cependant, rien ne t'obligeait à vouloir de cette chance inestimable. Elle ne t'empêchait pas non plus de te laisser tenter par ce qu'on appelle « mort ». Le froid s'empare déjà de ton frêle petit corps autrefois gracieux. Il paralyse tes membres lentement en les rendant douloureux. Mais ça ne te dérange pas, Juliette. Tu as déjà accepté le fait d'être maintenant inutile. Comme le déchet que tu es.

Quel goujat je fais, de vous demander de m’aider à chercher alors que vous êtes frigorifiée… vos jambes ne supportent même plus votre poids. Tout va bien ? Vous n’êtes pas ble… Oh ! Ce sont les paroles qu'avaient prononcé le jeune homme en te voyant chuter sur le sol recouvert de blanc. Et quand il avait vu ta blessure, son regard ne l'avait pas quitté. Un vampire, donc? Ou du moins, en partie. Tu t'en veux de le tenter ainsi. Mais tu ne peux rien faire pour l'empêcher de sentir ton sang. Tu ne comprenais pas pourquoi un liquide comme celui-là pouvait hypnotiser les gens comme Raphaël. Mais de toute façon, tu n'es pas une vampire, alors tu ne peux pas t'avancer sur le sujet. Eux se nourrissent de ça et peut-être que le fait de le voir couler réveille les instincts primaux chez eux. L'odeur doit être sacrément particulière pour que ce blond réagisse ainsi à sa vue.

Lorsque ton regard accrocha le sien, il sembla sortir de sa torpeur morbide. Hum, je suis… je suis vraiment désolé. Quel regrettable accident… je n’aurais pas dû vous demander de le chercher sans vous mettre au courant de sa particularité. J’aurais pu vous éviter cette blessure… inutile… Laissez-moi vous aider. Tu aurais voulu lui répliquer de te laisser là, de te laisser mourir, mais tu ne pus pas. C'aurait été déplacé que de lui demander de t'abandonner à ton propre sort. Même si au fond de toi, tu ne vaux pas mieux que quiconque. Tu es même en-dessous de tous. Le déchet qui importe peu. Tu le regardes se redresser en prenant ta main délicate. Tu savais ne plus pouvoir tenir sur tes jambes. Tu avais de la difficulté à dire si elles étaient encore là ou si elles s'étaient enfuies loin de toi. Bien que tu sais que c'était une chose impossible. Puis Raphaël te prit dans ses bras pour t'asseoir sur son cheval. Tu ne faisais rien, c'est comme si tu étais une poupée désarticulée. Vide de vie. Voilà, vous serez mieux ici… Mais vous devez avoir les pieds gelés ! Je vais essayer de trouver de quoi les envelopper… Et cette plaie, il faut la panser, mais je n’ai rien sur moi…

Tu faillis lui dire que ça n'était pas grave, que si tu mourais, ça ne serait pas une grande perte. Mais tu ne le fis pas pour la simple et bonne raison que tu sais qu'il aurait ta mort sur la conscience et qu'il ne le ferait de toute façon pas. Le blond fouilla dans la sacoche accrochée à la selle de son cheval et tu le regardais avec un vide immense dans le regard. Il semblait quelque peu paniqué, alors que toi, tu étais d'un calme étrange et résigné. Il sortit des bandes de tissu et commença à soigneusement envelopper tes pieds. Il était si gentil... Oliver l'était lui aussi. Cette pensée te serra le coeur avec force. Et alors que Raphaël te tendait le bout de tissu restant, des larmes s'échappèrent doucement de tes yeux. Tenez, essuyez-vous les mains avec ça… et pressez la blessure pour limiter l’écoulement de sang. Tu regardes sa main sans grande conviction pour le prendre après un moment à ressasser les raisons pour lesquelles tu devais vivre. Tu essuyas ta main en tremblant avant de presser le tissu contre ton épaule pour arrêter en partie l'écoulement de ton sang. Merci... Ta douce voix n'est qu'un murmure résigné à l'idée de vivre encore.

Tu fermes les yeux avec force, les larmes mouillant tes joues. Tu n'en peux plus. Tu veux arrêter de penser à lui, mais tu en es incapable. Pourquoi est-ce que cela fait aussi mal? Si seulement tu étais vraiment morte ce jour-là... Tu n'aurais pas à supporter toute cette douleur. Reniflant doucement, tu ouvres les yeux pour poser ton regard sur le blond. Ce n'est pas votre faute, c'est moi qui est maladroite. Je suis désolée de vous tenter avec mon sang... Tu te demandes si ce qu'il a vécu ressemble à la douleur que tu ressens. Tu avais bien vu tout à l'heure la tristesse sur son doux visage. Il partageait peut-être une douleur similaire à la tienne. Quoi qu'il en soit, tu essayas de bouger tes pieds maintenant bandés. Ils te semblaient tellement engourdis. Au moins ne touchaient-ils plus le sol glacé.

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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Sam 14 Mar 2015, 20:01

Vous ne l’avez jamais ressenti, ce besoin presque vitale de s’occuper des autres, de les aider, de les faire sourire, pour vous faire oublier votre propre souffrance ? Et bien, en cet instant, c’était un peu ce qu’il m’arrivait. Ça, et le fait d’être indirectement responsable d’une part de la nudité de Juliette par un temps aussi froid, et d’autre part sa blessure. Car mon stylo n’était pas comme les autres ; c’était aussi une arme, même si son apparence actuelle le rendait pour le moins inoffensif. Mais de ce fait, sa plume était plus aiguisée que la normale, une trace de sa nature réelle en quelque sorte. C’est pourquoi la jeune fille avait pu se blesser aussi facilement. C’était bien malheureux, et ce ne serait pas arrivé si je l’avais retrouvé par mes propres moyens. Enfin maintenant le mal était fait, et je ne pouvais pas revenir en arrière. Par contre je pouvais aider cette jeune femme à s’en remettre et à panser ses blessures… autant physique que sentimentales.

Elle n’avait pas bronché lorsque la plume avait pénétré sa chair, ni lorsque je l’en avais extirpé. Elle n’avait pas dit un mot lorsque je l’avais prise dans mes bras pour l’installer sur le dos de Spirit. En fait, elle semblait comme résignée, comme si elle acceptait tout le malheur qui lui tombait dessus, comme si c’était normal. Elle avait beau faire des efforts pour sourire, je reconnaissais cette lueur éteinte dans son regard. Elle avait très certainement perdu sa raison de vivre. Un être aimé, ami, parent, frère… ou amant. Et elle le –ou la- pleurait depuis, ses yeux rougis et son teint terne pouvaient en témoigner. Elle se tenait voûtée, comme écrasée par le poids de la vie. Je ne pouvais que compatir à son sort, que je comprenais si bien. Mais il y avait certainement autre chose que je pusse faire pour elle, sinon m’occuper d’elle en lui bandant les pieds pour les protéger du froid. Etre une présence pouvait suffire. Mais pas pour tout le monde.

Ce ne fut que lorsque je levai la tête vers elle –n’oublions pas qu’elle était assise sur la selle de mon cheval et, de surcroit, plus en hauteur que ma tête- que je remarquai ces larmes amères glisser le long de ses joues pâles. Mon front se rida, mes sourcils s’inclinèrent légèrement, me donnant cette expression peinée et inquiète à la fois. Je me sentais impuissant face à son chagrin, comme si je n’étais qu’un insecte qui devait surmonter une détresse de la taille d’une montagne. Mais avec de la bonne volonté, nous pouvions en gravir, des montagnes, n’est-ce pas ? Quelle que fut notre taille.

- Merci, me dit-elle simplement d’une petite voix morne, comme si elle se forçait simplement pour être polie.
- Je vous en prie, c’est tout naturel. C’est de ma faute, après tout, si nous en sommes là.

Je portai une main gantée sur son visage pour essuyer ces larmes assassines. Je n’aimais pas voir les autres pleurer. J’avais vu mes parents et ma sœur pleurer après la mort de mon frère. A ma mort, la dernière chose que j’avais vu, c’était le visage embué de larme de mon aînée. Alors, non, je préférais voir mon entourage sourire, égoïstement, pour qu’ils me permissent de retrouver un semblant de bonheur et de paix intérieure. Car, au fond, je m’étais toujours senti coupable de la mort de Sophie et Mickaël.

- Séchez donc ces larmes, ce visage est fait pour sourire, pas pour pleurer. N’y a-t-il rien que je puisse faire pour vous rendre un semblant de joie de vivre ?

J’en avais peut-être trop dit. Mais mon cœur s’était serré en la voyant si malheureuse. J’avais besoin de me rendre utile, de m’activer, de m’occuper des autres pour ne pas me retrouver seul avec moi-même. Spirit était là, certes, mais… cela ne me suffisait que de façon passagère. Sa présence m’était ô combien indispensable, mais pas suffisante. Il me manquait toujours quelque chose, que je recherchais sans doute chez les autres en leur venant en aide. Ils devaient se sentir envahi parfois, étouffés. Mais c’était plus fort que moi.

- Ce n'est pas votre faute, c'est moi qui est maladroite. Je suis désolée de vous tenter avec mon sang…

Je secouai la tête en souriant. Elle me rappelait moi-même, avec ma propension à tout prendre sur moi, à me sentir coupable pour un rien. Soucieux de la savoir encore plus protégée du froid, je retirai mon écharpe pour la lui passer autour du cou.

- Mais non… ne vous en faites pas, j’ai l’habitude. Et puis, vous vous trouvez peut-être maladroite, mais je peux vous prouver qu’il n’est pas vraiment étonnant que vous vous soyez blessée avec mon stylo.

Je sortis l’outil de ma poche, là où je l’avais rangé juste avant de transporter Juliette jusqu’à Spirit. Je l’avais rebouché pour que l’encre ne séchât pas, et pour éviter de se blesser bien sûr. Mais pour lui montrer où je voulais en venir, je retirai la protection et lui exposai la plume.

- Voyez-vous, ce stylo n’est pas ordinaire. A priori, il parait inoffensif comme ça, mais… (je passai mon doigt sur la pointe et appuyai, faisant apparaître une petite perle de sang à son extrémité) Il suffit d’un faux mouvement pour s’entailler aisément. Et voici pourquoi… Meito.

A mon injonction, l’objet changea presque instantanément de forme, passant d’un stylo très pratique à celui d’une arme tout aussi pratique, mais d’une autre manière. Le bouchon, dans ma main, était devenu le fourreau qui recouvrait la lame lorsque je portais Meito à la hanche. Cependant, de par mon côté pacifiste, c’était rare qu’on me vît ainsi. Je fis tourner l’épée dans ma main qui serrait la garde. C’était un ouvrage magnifique, certainement créé par un mage, vu ses propriétés magiques. Je lui fis décrire quelques demi-cercle en bougeant habilement mon poignet, avant de la rengainer dans son fourreau et, pour une fois, de l’attacher à ma ceinture, du côté droit.
Voyez ? N’importe qui aurait pu se blesser, lorsqu’elle est décapuchonnée en stylo. Alors faites-moi plaisir, et cessez donc de vous sentir coupable.
J’avais l’impression d’imiter ma sœur, lorsque celle-ci me faisait la morale. Un rire s’échappa de ma gorge à cette pensée. Ah, que donnerais-je pour voir son expression incrédule sur son visage ! Mais elle n’était pas là, et ce n’était pas vraiment l’endroit ni le moment de songer à ça.

- Vous vous sentez mieux ? Avez-vous plus chaud ? Je ne sais pas d’où vous venez. Vous habitez loin d’ici ? Ce qu’il vous faut c’est un bon bain chaud et une tisane. Il n’y a pas meilleur remède que ceux des grands-mères.

Mes pensées s’envolèrent à nouveau vers ma famille, mais cette fois-ci du côté des villages féériques, là où le drame s’était produit il y avait de ça un siècle et demi. Ma grand-mère était quelqu’un de doux et affectueux, qui n’avait pas mérité de mourir ainsi, parmi ses enfants. J’espérais qu’elle avait trouvé le repos en Enfer. Comme tous les proches qui m’avaient quitté bien trop tôt. J’avais bénéficié d’une seconde vie alors que tous les autres étaient restés à la dernière demeure des morts. Au final, ma vie, ce n’était qu’une série de mort à différentes époques. C’était vraiment sombre comme façon de voir les choses, et pourtant, ce n’était pas faux.
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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Lun 16 Mar 2015, 16:57





Juliette & Raphaël
« The white fox is sad. »

Séchez donc ces larmes, ce visage est fait pour sourire, pas pour pleurer. N’y a-t-il rien que je puisse faire pour vous rendre un semblant de joie de vivre ? Ces paroles résonnaient encore dans ta tête, après qu'il ait doucement essuyé tes larmes sur tes joues. Alors, tu peux encore avoir de l'importance pour quelqu'un? Pourtant, tu viens tout juste de rencontrer Raphaël. Tu ne peux pas avoir une quelconque importance à ses yeux. À moins qu'il n'ait le besoin d'aider les autres comme toi, tu l'avais déjà eu. Tu te souviens encore du nombre de personne que tu as aidé d'une façon ou d'une autre le jour suivant ton anniversaire. Tu avais fait sourire tellement de gens et aujourd'hui, ce sourire guérisseur ne faisait plus partie que du passé. Depuis combien de temps n'avais-tu pas sourit si ce n'est en présence de James? Depuis combien de temps n'avais-tu pas été heureuse? Trop longtemps. Ton coeur saignait et tu ne pouvais rien y faire. Mais si une autre personne pouvait guérir tes blessures? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Peux-tu réellement guérir d'une chose comme ça? Peut-être. Sûrement. Seulement, tu n'en voyais pas la fin. À ton plus grand désarroi.

Il avait secoué la tête en souriant à tes paroles. Puis il avait enroulé sa propre écharpe autour de ton cou pour te protéger encore plus du froid mordant. Pourtant, même si ton corps frissonnait, il ne tremblait pas. Ou il ne voulait pas trembler. Tu ne savais pas. Puis ta tête est parsemée de questions. Pourquoi Raphaël prend-il autant soin de toi? Tu n'en vaux pas la peine. Tu es un déchet. Une chose avec laquelle on peut jouer pour jeter par la suite. C'est ce qu'il avait fait, en tout cas. Mais non… ne vous en faites pas, j’ai l’habitude. Et puis, vous vous trouvez peut-être maladroite, mais je peux vous prouver qu’il n’est pas vraiment étonnant que vous vous soyez blessée avec mon stylo. Pas étonnant? Il fallait avoir une sacrée malchance pour se blesser ainsi avec une chose à l'apparence aussi inoffensive. Le blond ressortit son stylo de sa poche et le décapuchonna. Il te montra la plume qui te semblait beaucoup plus aiguisée vue de plus près. Voyez-vous, ce stylo n’est pas ordinaire. A priori, il parait inoffensif comme ça, mais… Il suffit d’un faux mouvement pour s’entailler aisément. Et voici pourquoi… Meito. Il avait mit son doigt sur la plume et du sang avait perlé. Puis à son injonction, le stylo se transforma en épée. Une superbe épée. Il avait raison, ça n'était pas étonnant que tu te sois blessé avec. Raphaël joue un peu avec avant de la remettre dans son fourreau et de l'accrocher à sa ceinture. Bizarrement, tu trouves cela étrange qu'il la porte ainsi à cet endroit. Comme si l'image que tu as de cet homme ne collait vraiment pas avec cette arme.

Voyez ? N’importe qui aurait pu se blesser, lorsqu’elle est décapuchonnée en stylo. Alors faites-moi plaisir, et cessez donc de vous sentir coupable. Puis il éclata de rire, ce qui te fit sursauter. Un rire comme celui-ci, tu n'en avais plus entendu depuis un bon moment. Tu riais comme ça, toi aussi. Avant. Pourtant, tu ne peux empêcher ton visage de s'adoucir à ce son. Ça te faisait du bien d'une façon que tu ne comprenais pas. Vous vous sentez mieux ? Avez-vous plus chaud ? Je ne sais pas d’où vous venez. Vous habitez loin d’ici ? Ce qu’il vous faut c’est un bon bain chaud et une tisane. Il n’y a pas meilleur remède que ceux des grands-mères. Ça en faisait des questions. Pour toutes celles-ci, la réponse était affirmative. Je vais mieux, mais j'ai encore mal. Tu ne précises pas de quel mal tu souffres encore. Les deux, fort probablement. Ta blessure physique et celle qui ne se voit pas. J'ai moins froid aussi. Merci. Et j'habite loin d'ici, mais je ne veux pas y retourner. Ta voix était douce, mais brisée. Tu ne veux pas retourner chez toi si c'est pour ressasser tes mauvais souvenirs. Tu aimes mieux te laisser périr dans la froideur de la nuit que de retourner dans la chaleur de l'endroit où tu vis. Trop de mauvaises pensées hante cet endroit qui est le tien. Si tu peux lui échapper plus longtemps, c'est avec joie que tu le feras.

Tu appuies toujours sur ton épaule blessée et tu affiches une petite grimace de douleur. Tu aimais beaucoup mieux cette douleur-là que celle à l'intérieur même de ton âme. Ta blessure du coeur. Pour te changer les idées, - ce que tu ne fais plus depuis un bon moment - tu tournes la tête vers l'encolure du cheval. Spirit, si tu te souviens bien. Je n'ai jamais fait d'équitation. C'est tout ce que tu lâches en allant caresser son col, ton corps se penchant un peu. Le débit de sang se fit un peu plus rapide. Si bien que quelques gouttes tombèrent sur ta cuisse légèrement découverte. T'en apercevant, tu ne fais que te redresser et observer ce sang qui t'appartient. Tu ne peux pas l'essuyer, puisque si tu enlèves le bout de tissu de ton épaule, tu allais en mettre bien plus qu'autre chose. Ton regard se lève vers Raphaël en silence.

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Re: The white fox is sad. ~ Raphaël | Lun 16 Mar 2015, 22:03

Malgré le froid mordant, Juliette ne tremblait pas. Fait étrange, car même moi, qui n’était pas particulièrement frileux, je me serais mis à frissonner, au moins, à moitié nu dans la neige. Même si je l’avais partiellement revêtue, elle restait particulièrement vulnérable à la température pour le moins glaciale. Etait-ce une forme de résistance ? Non, j’avais vu l’état de ses pieds lorsque je l’avais assise. Ils étaient effroyablement bleus. Je n’osais les lui frictionner pour les réchauffer plus vite, de peur de paraître trop envahissant, et puis, je n’étais pas très tactile, si je puis dire. L’éducation que j’avais reçue nous avait inculqué une distance respectueuse avec les autres, et en particulier avec le genre féminin. A notre époque ce n’était pas galant, voilà tout. Un rapprochement prolongé avec une femme que je connaissais à peine me mettait quelque peu mal à l’aise. Certains diraient que j’étais coincé ; il n’en était rien, j’étais juste ainsi.

- Je vais mieux, mais j'ai encore mal.

Je lui souris, un peu rassuré. Ça faisait plaisir à entendre. Mais curieusement, j’avais l’impression qu’il ne s’agissait pas que de cette vilaine plaie que mon stylo lui avait faite en s’enfonçant dans sa chair. Peut-être essayait-elle de communiquer sa peine intérieure, d’une façon ou d’une autre. Ce n’était guère facile de parler d’un sujet douloureux avec un parfait inconnu. Car c’était bien cela que nous étions l’un pour l’autre. Chacun de nous ne connaissait que le prénom de l’autre. Et sa race, ou du moins une partie. Elle avait deviné que j’étais un vampire, je l’avais lu dans son regard. Et moi je connaissais son côté renard des neiges. Un animal gracieux, que je trouvais également doux, d’un certain côté, même si c’était un prédateur pour de petits mammifères.

- Oh, bien, très bien. Ce n’est guère étonnant si vous souffrez encore. C’est bien plus qu’une éraflure, même si ce n’est pas mortel.

Mes paroles pouvaient se prendre dans un sens comme dans l’autre. Je ne savais ce qu’elle avait traversé, mais je reconnaissais dans ces yeux cette souffrance sans égal ; celle du cœur blessé, du cœur qui aimait, ou avait aimé. Avait-elle perdu l’amour de sa vie ? Une lueur de compassion illumina mes prunelles un instant. Peut-être n’était-ce point cela, mais, dans tous les cas, je la comprenais. Seule une personne qui avait vécu une perte similaire pouvait la comprendre.

- J'ai moins froid aussi, me dit-elle d’une voix douce, mais brisée. Merci. Et j'habite loin d'ici, mais je ne veux pas y retourner.

Pourquoi ? La question m’effleura l’esprit, mais ne put franchir la barrière de mes lèvres. Cela ne me regardait pas après tout, et puis, elle ne me répondrait probablement pas. C’était bien malheureux pour elle. Un foyer, une maison, un endroit où l’on se sentait chez soi était essentiel pour bien se ressourcer. Peut-être ne s’entendait-elle pas avec sa famille, si elle vivait toujours chez ses parents, ou alors trop de souvenirs l’y attendaient… ou plus simplement, elle habitait seule et ne souhaitait pas se retrouver face à elle-même et les sentiments qui lui rongeaient le cœur. Dieu que je la comprenais ! Je passai une main dans mes cheveux pour en chasser la neige qui s’y accumulait, maintenant que je n’avais plus la capuche de mon poncho pour me protéger.

- Je vous en prie, c’est bien la moindre des choses. Mais où comptez-vous allez ? Par un temps pareil il vaut mieux éviter de rester trop longtemps dehors, surtout si on ne porte pas d’habits chauds.

Enfin, encore fallait-il qu’elle pût mettre un pied devant l’autre… ce qui n’était pas plus moins que son bien-être intérieur. Enfin, si elle me demandait de la conduire en un lieu qui le tenait à cœur, je le ferais. Mais l’idée de la laisser seule me dérangeait, assez curieusement. Peut-être parce que j’appréciais sa compagnie, aussi silencieuse et désespérée fut-elle. Je notai une grimace de douleur sur son visage doux mais terne.

- Je suis désolé, je n’ai rien sur moi pour apaiser votre souffrance… et à cette heure-ci on ne risque pas de trouver de boutique ouverte, commentai-je en riant, car c’était bien sûr évident.

Les flocons commençaient à se faire moins denses ; une accalmie se profilait à l’horizon. Ce ne serait pas de refus. Je n’avais rien contre cet élément immaculé qui faisait la joie de tant d’enfants, mais cela faisait toujours du bien quand ça s’arrêtait. Je passai une main dans la crinière de Spirit pour le débarrasser lui aussi de la neige. Ce brave étalon ne bronchait pas depuis tout à l’heure, alors qu’il restait debout les sabots enfoncés dans plusieurs centimètres de neige, avec une inconnue sur son dos. C’est fou ce que les animaux pouvaient être sensibles à notre détresse…

- Je n'ai jamais fait d'équitation.
- Il n’est jamais trop tard pour commencer, répondis-je en caressant mon affilié sur le front. J’ai toujours adoré ce sport, et plus particulièrement les chevaux. J’ai toujours préféré être avec eux plutôt que de briller en tant que cavalier. Même quand je me retrouvais à mordre la poussière, je retournais aussitôt en selle en me disant que je ne pouvais que m’améliorer. Ce sont des animaux nobles et intelligents. J’ai toujours apprécié leur présence réconfortante.

L’équithérapie… ce mot traversa mon esprit. Cette méthode de guérison était de plus en plus étudiée, notamment aux USA, avec des enfants malades ou victimes de traumatismes. Les chevaux avaient une influence réelle sur notre état d’esprit, comme les animaux de compagnie, certes, mais c’était plus puissant encore. Peut-être que cela lui ferait du bien, à elle aussi… elle ne devait pas voir d’affilié. Elle se pencha pour caresser l’encolure de Spirit, mais dans le même temps du sang coula sur sa cuisse. Elle se redressa, le regard vide, puis me regarda, comme si elle me demandait que faire. Je fouillai dans mes poches et en sortis un mouchoir en tissu, assez usé, qui ne m’était plus d’utilité. Je le lui tendis pour qu’elle s’essuyât.

- Vous pouvez le caresser sans crainte, il ne le montre pas mais il adore ça. Si vous aviez une tenue appropriée, je vous aurais bien proposé de vous montrer les rudiments de l’équitation… une prochaine fois, peut-être.

Je lui faisais une promesse tacite. Si elle le souhaitait, je pouvais en effet lui apprendre. Cela ne vaudrait pas les cours d’un vrai moniteur, mais je me débrouillais suffisamment bien pour pouvoir enseigner ce que je savais. Qui plus est, avec Spirit, elle ne risquerait rien. Même si cela signifierait pour lui d’apprendre à dépasser son appréhension des autres. Si cela pouvait aider Juliette à reprendre goût à la vie, c’était un bien maigre sacrifice, que, je n’en doutais pas, il était prêt à faire.




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